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Des CDD délicats


Un CDD au lieu d'un CDI ? Pour un informaticien ou un producticien ? Comme c'est étrange... Cela peut être une bonne occasion pour, au bout de cette "longue période d'essai", prouver votre valeur et décrocher un CDI.
Mais attention, cela ne se passe pas toujours comme prévu, et dans ces cas-là, mieux vaut avoir bien en tête toutes les "règles du jeu" concernant un CDD... ainsi que deux ingénieurs me l'ont prouvé (août 98).
Mes questions sont en
italique rouge ainsi que [mes commentaires]
Les renseignements essentiels de ces deux entretiens sont soulignés
Ces témoignages sont au nombre de 2 :
« Je veux rester (en CDI) »
« Je veux partir (de mon CDD) »

« Je veux rester (en CDI) »
« Je veux partir (de mon CDD) »
    Le premier exemple concerne un ingénieur qui accepte un CDD alors qu'il postulait pour un CDI. Sa position lui laisse de l'espoir, mais...

    Pourquoi un CDD ?
    J'étais en pleine recherche d'emploi "urgente" alors que cette société m'a proposé ce CDD. J'avais demandé un CDI, mais, par précaution, j'ai accepté ce qu'ils me proposaient : CDD de 6 mois avec l'espoir de faire mes preuves... et d'enchaîner!

    Mais avaient-ils vraiment l'intention de vous garder ?
    Je devais intervenir sur un logiciel commercial stratégique pour l'entreprise. Même si certains des responsables pensaient que ce projet serait rapidement terminé, il s'est vite avéré qu'il n'en serait rien. Au bout d'un an (durée de mes 2 CDD), j'avais acquis une bonne compétence technique et aussi une bonne connaissance du projet. Ce dernier était manifestement un projet à long terme et je pensais sérieusement rester.

    Qu'est-ce qui vous à mis la puce à l'oreille ?
    La prime de précarité. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite, mais cette prime m'était versée chaque mois... J'ai d'abord trouvé cela fort sympathique, mais j'ai vite déchanté après m'être renseigné : Si je voulais un CDI, il me faudrait rembourser cette prime touchée chaque mois. Cette dernière n'a pas en effet à être versée si le CDD se poursuit par un CDI. Pour moi, cela ne signifiait qu'une seule chose : mon départ était prévu... dès le départ (justement!).

    Qu'avez-vous fait ?
    Je n'ai pas vraiment fait grand chose pour "m'accrocher" au poste et je ne me suis pas privé de leur faire comprendre. Qui n'a pas entendu, pendant son CDD : « Pourrais-tu faire tel ou tel effort supplémentaire ? Ca m'aiderait en ce qui concerne ma réflexion sur ton éventuel CDI à la fin de ton contrat... » ? Lorsque l'on me demandait de venir bosser le soir ou les week-end, je leur ai clairement signifié mon désaccord... et j'ai cherché du boulot ailleurs!


« Je veux rester (en CDI) »
« Je veux partir (de mon CDD) »
    Le deuxième exemple concerne un ingénieur qui se rend compte, une fois sa période d'essai déroulée, que l'ambiance de travail ne lui convient vraiment pas. Problème : peut-il quitter ce boulot ?

    Pourquoi un CDD ?
    Je cherchais une entreprise qui ne soit pas une SSII, et celle que j'ai trouvée ne me proposait qu'un CDD. Elle arguait de résultats en perte de vitesse et me promettait un CDI sur la base de rentrées financières futures (les budgets CDI et CDD étant, d'après eux, séparés).
De plus, je connaissais une proche personne de l'entourage du recruteur (ce dernier s'est avéré être le chef de projet) et j'avais, du coup, une relative confiance en ce recruteur.

    Au bout de combien de temps vous êtes-vous rendu compte que cela "n'irait pas" ?
    Au bout d'un mois et demi, soit 15 jours de plus que ma période d'essai. Le piège de ce CDD résidait dans sa date de début : mois d'août. Mon premier mois a été donc plus que tranquille, je n'ai vu personne et n'ai donc pas pu juger de la valeur du travail proposé. Même s'il y avait eu du monde, il faut ne pas oublier que les premiers jours d'une mission se déroulent souvent le nez plongé dans de la documentation. Mieux vaut donc penser à ne pas passer toute sa période d'essai dans la doc.
En fait, le "recruteur-chef de projet" s'est révélé notoirement incompétent et le projet était géré en dépit du bon sens, sans spécifications formelles ni conceptions finalisées. De plus, l'ambiance de travail n'était pas extraordinaire, dans la mesure où l'on me demandait régulièrement des "efforts supplémentaires" (soirée ou week-end), mais aussi parce que les relations entre collègues étaient plus ou moins "pourries".

    Qu'avez-vous fait ?
    J'ai voulu d'abord casser le contrat et j'ai cherché des renseignements (notamment sur ce site, mais il ne traitait pas, à l'époque, des CDD!... [Oooups! désolé])
Un collègue me certifiait que je pouvais casser le contrat si je trouvais ailleurs un CDI, et que, de toutes façons, « ils n'étaient pas comme ça ». [heu... cela correspond plutôt à une rupture de contrat d'un commun d'accord. Le terme "casser un contrat" évoque une décision unilatérale. Le fait de trouver ou non un CDI peut jouer dans l'accord trouvé entre les deux parties pour rompre le contrat. Il s'agit là d'une négociation et non d'un critère de Loi.
Rq : depuis le 17 janvier 2002, votre collègue a raison : cf.
Loi de modernisation sociale .
Rq2 : seulement voilà, ces témoignages ont été rédigés en septembre 1998 !!! Et à l'époque, votre collègue avait tort.]

Mon chef de projet s'est donc montré d'accord pour rompre le contrat à condition de respecter un préavis d'un mois. [Attention : pour un CDD, la notion de préavis est non-pertinente. Simplement, dans la mesure où cette rupture se fait d'un commun d'accord, la date de fin est fixée ensemble et peut très bien intervenir "dans un mois", ce qui revient à un préavis. La durée de ce soit-disant "préavis" n'est donc pas fixée par la Loi mais est le résultat d'une négociation.
Rq : la notion de préavis est pertinente depuis peu (janvier 2002, alors que cette remarque est ajoutée en février 2002 dans ce témoignage rédigé en septembre 1998 !) si vous rompez le CDD pour un CDI. Cf.
Loi de modernisation sociale.]
Finalement, le jour de réception de ma lettre de démission, la DRH m'a fait signer la rupture du contrat le jour même, sans me laisser le temps de contacter mes nouveaux employeurs (dont le début du contrat était fixé un mois plus tard, suite à la prétendue période de préavis). Je n'ai pas compris ce revirement, d'autant que mon chef de service a dit aux autres collègues que c'est moi qui avait voulu partir aussi vite...
La DRH m'a aussitôt envoyé mon solde de tout compte par RAR, *mais sans prime de précarité* (que je ne pensais de toutes façons pas recevoir, dans la mesure où j'étais à l'initiative de cette rupture) [Certes, c'est vous qui vouliez partir, mais cette rupture c'est finalement faite d'un commun d'accord, ce qui ne vous prive absolument pas de votre prime de précarité!]. Je me suis donc fait avoir d'un peu plus de 7000F...


               
 
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