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Illustrations
 


Le coup du "co-lead"

"co-lead piégé"...


    Si d'aventure on vous propose de diriger un équipe, un projet,... avec quelqu'un, cela s'appelle un "co-lead" (lead, en anglais, signifie diriger. Le franglais "prendre le lead" implique donc de prendre les rennes d'un projet).
    Diriger à 2 est rarement une bonne chose.
    Certes, l'aigle bicéphale peut être associée à la vivacité, la perception, l'évaluation et le discernement, donc la protection. Elle peut aussi représenter deux trônes (oui, "elle", car en héraldique, l'aigle est du genre féminin : donc une aigle), ou le pouvoir temporel et l'autorité spirituelle .
    Seulement voilà, les 2 pouvoirs en présence (les 2 chefs d'un projet informatique) sont furieusement "temporels" et très peu spirituels. Leur devise est rarement « non mihi, non tibi, sed nobis » (non pas pour moi, ni pour toi, mais pour nous). Elle est bien trop souvent : « un pour tous et tous pour moi ! ».

    Cet ingénieur informatique d'une dizaine d'année de métier en a fait l'amère expérience courant 2001 et nous livre au passage le bon réflexe à avoir lorsque l'on vous propose un pareil poste, dans ce témoignage en date de mi-2002.

[Cf. également le slide
n° 29 de la présentation "Prestataire en SSII"]

    Mes "questions" sont en
italique rouge.
    Les "citations remarquables" de mon interlocuteur sont mises en exergues en gras italique bleu.
    Certains concepts importants de cet entretien sont gras italique.

    « en France, contrairement à d'autres pays, l'expertise technique ne paie pas et n'apporte que très peu de reconnaissance » [cf.  Informaticien et Français ? - Verticalement - Dur!]

Dans quelle circonstance le coup du co-lead se présente ?

    Un responsable (ou plutôt disons un manager, parce que côté responsabilité...) est au courant qu'une personne qu'il aimerait bien récupérer et qui n'est pas chez lui cherche à bouger.
    Cela tombe bien : le mec est plutôt bon, de bonne composition, pas trop chieur donc suffisamment malléable. 
    En plus, le mec, lui, c'est un junior qui a bien poussé. Il est compétent. Plus tout à fait un junior mais pas encore un senior. Il n'a pas eu de responsabilités (ne pas comprendre "encadrer" mais plutôt "diriger, commander, reporter, obéir et faire obéir") mais il aimerait bien. Parce que ça fait bien, parce que finalement, dans ce pays, il n'y a que ça de reconnu (en France, contrairement à d'autres pays, l'expertise technique ne paie pas et n'apporte que très peu de reconnaissance) et puis, bon, même s'il aimerait bien continuer la technique, il faut qu'il y pense, à son CV.

Où est le problème ?
    Problème : le manager, lui, il a déjà promis la lune à pas mal de monde, il "manage" un organigramme déjà bien touffu (en chefs, s'entend).
    Comme il a toujours les yeux plus gros que le ventre, il veut absolument se le récupérer, le mec. C'est un "top profil", comme il dit.
    Alors il lui lustre bien le poil et il lui propose un deal : viens chez moi dans une de mes équipes, tu seras "co-lead" (comprendre : tu assureras le management de l'équipe avec le mec actuellement en place).
    Le mec y réfléchit une fois, pas deux : une occasion d'avoir un peu de promotion, ou plutôt d'apprendre en douceur ce nouveau métier mystérieux que l'on appelle le "management". Plutôt sympa, non ? il n'y voit pas l'once d'une manigance. Et puis, comme il n'est pas "rompu" aux intrigues tordues d'un certain nombre de managers, il ne se douterait même pas qu'il y a matière à problème. En plus, il connaît de loin l'autre co-lead déjà en place, il s'est toujours bien entendu avec et lui accorde a priori sa confiance.

Et à quoi n'a-t-il pas pensé ?
    Il est même tellement naïf qu'il ne penserait même pas à appeler son futur co-lead pour vérifier ce qu'on lui a vendu.
    Alors il y va.
    Ah, j'oubliais, juste un truc : bien évidemment, le chef d'équipe déjà en place, lui, on lui dit que ce nouveau "potentiel" rejoint son équipe. Il n'y voit donc pas matière à redire.

[On trouvera dans la page des illustrations les 2 formes de pouvoirs qui, dans ce témoignage, mènent à un organigramme complexe et biaisé, illustrant ainsi que cette structure pyramidale (l'organigramme) est loin de constituer la représentation "unique" du pouvoir dans une entreprise...]

Mais c'est débile ?! Le manager risque un clash entre 2 de ses "top profils", non ? 
    Le manager, lui, il est content : il dirige encore plus de "top-profils" et puis il ne risque pas grand'chose :

- Soit le nouveau mec va se rendre compte peu à peu qu'il s'est fait berner mais il va se coucher devant l'autorité en place (cf. expérience de Milgram, I comme Icare, soumission à l'autorité,...) : statistiquement, 2/3 des individus.

[On trouvera dans la page des illustrations quelques liens explicitant les travaux de ce professeur et illustrant ces étonnantes conclusions.
Cela permet également de revoir les concepts 
- d'obéissance à l'autorité, 
- de conformité à une organisation en place.
Enfin cette soumission peut être liée aux 2 formes de pouvoir mises en évidence dans l'illustration précédente.]
De toute façon, comme il n'a pas encore la "trempe" d'un manager et qu'il manque de confiance en lui, c'est très probablement ce qu'il fera, par confort. Il en gardera quand même une amertume, pour ne pas dire une "aigritude", mais çà, qui s'en soucie aujourd'hui dans le monde de l'entreprise ?
[On trouvera dans la page des illustrations une origine possible de cette "aigritude", origine fortement liée aux composantes internes de notre personnalité. 
Cela permet également d'illustrer les motivations qui nous animent!]

- Soit les deux arrivent à s'entendre et à "co-leader" l'équipe (personnellement, j'ai jamais vu...)

- Soit le nouveau arrive à pousser l'ancien dehors. Cas que l'on rencontre si le nouveau a les dents particulièrement longues ou si l'ancien a suffisamment "morflé" pour ne plus se battre. Faut dire qu'avec un tel manager...
[On trouvera dans la page des illustrations quelques facteurs qui expliquent la difficulté du partage du pouvoir dans une organisation de type entreprise.
Mais aussi les enjeux stratégiques du pouvoir - qui peuvent expliquer pourquoi on accepte un tel cadeau empoisonné! -]

- Soit le nouveau se rend compte qu'il s'est fait berner et déclenche son propre siège éjectable, parce qu'il ne supporte pas l'hypocrisie ambiante. Ce fut mon cas.

Résultat ?
    Et voilà comment les deux co-leads, plutôt sympas, de bonne composition, et qui se retrouvaient de temps en temps au squash center du coin pour une petite partie se retrouvent à ne plus se dire bonjour grâce à un véritable et authentique gestionnaire de ressources humaines (ressource : comprendre "papier pour l'imprimante, toner, stylo-bille, PQ,...".)

Épilogue ? Comment la situation a-t-elle évolué ? 
    Deux ans après, le manager est toujours en place, avec du galon en prime.
    L'ancien chef d'équipe s'est fait balader plusieurs fois, tour à tour débouté puis "réutilisé" puis à nouveau débouté. 
    Le nouveau est toujours bien capé (comprendre : borné dans sa progression), et grenouille sur des petits projets de merde où il n'a la responsabilité de personne et surtout aucun soutien. On le sort des fois de son placard lorsqu'un bout de ces compétences peuvent servir. Mais en prenant bien soin de ne pas lui donner de pouvoir et de ne pas le mettre en contact avec les vrais décideurs, des fois qu'ils se rendent compte qu'il est vraiment bon... 

Bigre... pour vous, un "manager", c'est... ?
    C'est un terme dont se parent beaucoup d'ex caporal-chefs (ou d'aspirants) pour représenter leur capacité (innée) à se placer au dessus de leurs égaux.
[On trouvera dans la page des illustrations quelques éléments qui détaillent les fondements du pouvoir qu'exerce ce manager - visiblement avec succès au vu de sa carrière - sur le 'mec'.
Des fondements basés sur :
- sa zone de contrôle;
- son comportement pour le moins "tordu"...]

Ah, okok... Bon, merci pour ce premier témoignage d'une longue série sur "les bons réflexes à avoir" pour éviter de l'avoir dans le "fondement".
Comme disent les jeunes, « ce témoignage, ça l'effectue » (ou : « ça l'fait », je n'sais plus très bien...)

               
 
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