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[Que chacun s'efforce dans le milieu où il se trouve de témoigner à d'autres une véritable humanité. C'est de cela que dépend l'avenir du monde. Extrait de A l'orée de la forêt vierge Albert Schweitzer - Théologien protestant, philosophe, médecin et musicologue français (1875-1965) - Prix Nobel de la paix en 1952] Milieu 1 : Société (les bons copains ne font pas les bons dirigeants) Milieu 2 : Commercial Milieu 3 : Client Au milieu : Prestataire [Rq : on retrouve ces "milieux" dans le slide n° 2 de la présentation "Prestataire en SSII"; la régie se trouve résumée dans le slide n° 11] Dans quelle type de société évoluiez-vous avant d'en démissionner ? Il s'agissait d'une boite de consulting dans le domaine de la gestion des ressources d'entreprise. Il s'agissait de mettre en oeuvre de gros logiciels informatiques qui pilotaient ces ressources. Pourquoi cette société ? Cette société est issue d'un grand groupe étranger de consulting, plus précisément de sa filiale représentant l’Europe, et sa filiale française se montait en France début 1998. Il y avait tout à faire, tout à construire, mettre en place (y compris certains meubles et fauteuils !). L'aventure était tentante, promettant d’être enrichissante, et afin de limiter les risques pris en démissionnant, j'ai négocié l’absence de période d'essai dans mon contrat. Qui dirige cette filiale ? Mmm... c'est un problème ! C'est l'ami d'un des dirigeants de la direction européenne. Il est venu en "parachuté" sur la filiale française, très jeune, sans véritable savoir-faire managérial et commercial, ni carnet d'adresse,... mais au début de cette aventure, on a sympathisé et c'est devenu un ami... ce qui, avec du recul, n'est pas à recommander ! Milieu 1 : Société Milieu 2 : Commercial (ici... les " viandeurs " ou " vendeurs de viande ") Milieu 3 : Client Au milieu : Prestataire Un exemple de pratique douteuse dans le milieu commercial ? La cascade de sous-traitance se pratique beaucoup dans un cadre défiscalisé ou peu fiscalisé. Il y a beaucoup d'"agences" de " commerciaux " en Angleterre, appelées broker. Ces gentils " marchands de viande " vont chasser les missions auprès de contacts locaux (SSII, sociétés, chefs de projets...) qui ont des besoins. Ils sollicitent également les sociétés françaises qui emploient des consultants pour accumuler les CV dans leur base de données. Une fois les missions répertoriées, il ne suffit plus que de chercher dans le vivier de CV ou de passer une annonce sur leur site Internet. Une fois le candidat sélectionné par le client, un contrat est établi avec le client final et un autre avec la Sté employeuse du consultant. Une situation courante est celle où l'on est présenté au client final Y comme étant employé de la société X qui réalise le projet dans les locaux du client Y. Cet intermédiaire (Ste X) est en réalité, par contrat, le client de votre société Z. Aucun contrat ne lie le client final à la Ste Z Une autre situation est que le client qui engage un grand cabinet de consulting pour une mission de type assistance à maîtrise d'ouvrage. - soit cela se passe bien (le cabinet fait en sorte que le contrat soit bien entre le client final et le prestataire) ; - soit cela se passe mal, et vous travaillez en régie pour quelqu'un qui travaille en régie pour un client! Cette sous-traitance en cascade est interdite : c'est du délit de marchandage (activité d'intérim) pour l'intermédiaire, mais si en plus vous vous retrouvez sous la responsabilité directe du client (qui vous dit quoi faire), cela devient du prêt de main-d'œuvre à titre onéreux pour la société, même si elle n'est pas dûment mentionnée au client final qui est responsable de ne pas avoir vérifié le paiement des cotisations sociales de ses fournisseurs ! Comment, même les grands cabinets de consulting ont recours aux brokers ? Pour ne pas montrer au client qu'ils manquent de consultants internes (les clients sécurisent leurs contrats en terme de ressources), le prestataire que vous êtes peut se retrouver intégré à l'équipe de consulting via un CV passablement martyrisé par le broker. Pour présenter votre CV selon leur modèle de présentation, ils se contentent parfois de simple "copier coller" d'un CV à l'autre, ce qui occasionne une belle panique pendant l'entretien avec le client quand vous retrouvez dans votre CV des éléments erronés (age, situation familiale, nom clients, dates...) remplacés par-ci par la et mélangés à des éléments du CV d'origine ! En quoi le milieu commercial est-il touché par cette pratique ? Passer par des brokers n'a rien à voir avec le démarchage commercial classique. Étant donné la pénurie de ressources, tout se fait par "connaissance", par d'ancien commerciaux débauchés de grandes boites, de chefs de projets, responsables prestataires externes, partenaires... que l'on invite pour des "virées" très coûteuses et qui feront en sorte que votre société, non référencée chez le grand client final, pourra quand même décrocher la mission (contre cadeaux non déclarés !). Cela sort donc nécessairement des procédures habituelles de gestion des missions externes (donc des prestataires) et plus généralement de la mise en concurrence nécessaire à une bonne gestion des achats et occasionne, vous l'aurez compris un surcoût pour le client final. Quel est le danger de passer par un intermédiaire ? Il est quintuple : 1- votre société n'a pas la maîtrise de la vente de la prestation. En clair, on peut se retrouver sur une mission signée pour 15 jours, que vous estimez à 30 jours une fois sur place... et constater que le client, voulant écraser les coûts, vous fait travailler double temps (non déclaré !) pour réaliser la mission. 2- Un suivi commercial dégradé Vous pouvez alors remonter les problèmes vers votre société d'origine, mais puisqu'il y a un intermédiaire entre vous et votre boite, si cet intermédiaire n'est pas disponible (pour une raison ou une autre...) pour régler le problème, c'est la cata. 3- Des délais et des durées d'intervention difficiles à tenir A noter que les délais de préparation entre l'opportunité de mission et le début de votre prestation peuvent être courts... très courts! Du jour au lendemain. 4- Assumer les risques clients et projet Vous ne connaissez pas toujours les motivations de l'intermédiaire qui fait appel à un externe : moi en l'occurrence. Cet intermédiaire peut très bien avoir facilité l'entrée chez un client d'un premier prestataire et constaté un certain nombre de problème (le client est en difficulté financière, ne paie plus,...). Pour éviter de rendre des comptes " commerciaux " à son employeur, cet intermédiaire fait appel à des prestataires plus "conciliants" mais aussi moins au courant de la situation (toujours moi, en l'occurrence!), avec lequel il pourra "marchander" ! 5- Perdre votre indépendance et donc votre rôle de conseil au client Si je trouvais des problèmes graves de conception, je devais les passer sous silence, car cet intermédiaire avait participé à la phase "qualité" du premier lot et ne voulait pas voir son travail remis officiellement en cause ! Vous n'avez donc plus votre rôle de conseil au client final puisque c'est l'omerta ! Milieu 1 : Société Milieu 2 : Commercial Milieu 3 : Client (les faits, rien que les faits) Au milieu : Prestataire Car il y avait des problèmes chez les clients ? Mais sur ce type de mission ou personne ne maîtrise bien le projet, vous ne pouvez que découvrir des problèmes. Il peut s'agir de méthodologies non-formalisées, dont seule une personne assuraient l'application. Quand cette personne quitte le projet et que vous arrivez après leur départ, l'ambiance est tendue et l'on attend de vous de saisir un projet d'un an et demi en un jour pour continuer la suite ! L'autre signe avant-coureur de gros problèmes, c'est lorsque vous vous rendez compte que vous remplacez un autre prestataire qui a refusé de poursuivre la mission! J'ai vite compris pourquoi : les clients passaient beaucoup de temps à participer à des "séminaires " non productifs, aucune implication de la direction et encore moins de décisions prises pour le projet ! Face à une mission problématique, quel est le bon réflexe ? En dehors de la gestion de la mission, il faut à tout prix établir un compte-rendu factuel de mission, en y détaillant le travail prévu, effectué, les difficultés et les problèmes en mentionnant les documents livrés ou remis (en garder une copie !). Dans le cas de régie en cascade, il faut mentionner tous les acteurs. Il faut donc bien indiquer : - ce que l'on a fait (et avec qui); - pour quoi on l'a fait ; - éventuellement ce qu'il aurait fallu faire - proposer une solution. Milieu 1 : Société Milieu 2 : Commercial Milieu 3 : Client Au milieu... le prestataire ! (saison de la chasse au canard ? ouverte) Mais vous pouvez quand même signaler tout cela à votre boite, non ? Je l'ai fait, bien sûr! Lors de ma dernière mission avant démission, le client final m'avait mis dans une situation impossible : Concevoir et présenter un modèle de gestion à mettre au point en 24 heures alors que cela demandait au moins une semaine et que j'étais déjà débordé. J'ai su après qu'il cherchait l'incident afin d'avoir une bonne raison de ne pas payer (ce qui, vu sa situation financière, l'arrangeait bien). J'avais remonté cela directement au directeur de ma boite, le fameux "copain - copain" évoqué plus haut, mais celui-ci, constatant la veille que ce n'était pas possible, me contacte le lendemain en me demandant de m'exécuter afin de ne pas faire montre d'un "manque évident de professionnalisme" donnant au client l'occasion de ne pas payer les factures déjà en souffrance!!! Vous subissez donc des pressions... Des pressions multiples, du client, mais surtout de votre boite. Elle ne manque pas d'arguments, comme celui de vous culpabiliser, de bien vous faire comprendre que, par votre faute, d'autres de vos collègues en place chez le client peuvent voir leur mission remise en cause, que les factures des missions ne seront pas payées. Comment cela s'est-il terminé ? Le directeur (et commercial) de ma boite (le copain inexpérimenté) a finalement démissionné. Il s'était fait trop d'ennemis parmi les consultants ! En plus la situation commerciale de la boite se limitait à chasser les missions des brokers anglais sur Internet pour occuper les consultants en inter contrat ! Le portefeuille client est vide depuis 4 ans ! Aucun projet direct avec un client ! Une nouvelle équipe de direction est arrivée, j'ai été envoyé 1 semaine en RTT... puis licencié à mon retour pour insuffisance professionnelle (motifs : difficultés relationnelles et mauvaise gestion de la tension). Drôle de façon d'être " remercié " ... Il faut préciser que ma dernière mission, dans des conditions épouvantables, avait fini par me consommer : gastro, angines, mal au dos... j'avais perdu 10 kilos en trois semaines ! Dire que je ne me suis pas mis en arrêt maladie et que je n'ai pas respecté les arrêts maladies de mon médecin pendant 4 ans pour assumer mes missions !... Il faut préciser que le salaire est maintenu pour tout salarié de plus d'un an d'ancienneté (ce qui est le cas dans la convention collective Syntec)! Mais lorsque l'on aime son métier, on se dépasse, on s'investit, on y croit ! J'ai compris aujourd'hui que l'important est de bien structurer sa vie sociale hors temps de travail et de ne pas s'investir autant dans son travail avec la mentalité ambiante des dirigeants. Suite à une analyse factuelle de la situation de consultant, il faut mettre en balance la préservation de sa vie privée et de sa santé : biens qui ne valent pas d'être sacrifiés sur l'autel de l'illégalité que pratiquent allégrement certains " pourris ". Face à un licenciement, comment réagir ? J'ai eu la chance de tomber sur un avocat à l'écoute, qui m'a guidé dans les premières étapes. Lors de la réception de la lettre fixant l'entretien préalable à licenciement dans une semaine : la nouvelle direction me demandait oralement de rester chez moi. L'avocat m'a alors conseillé de demander une confirmation écrite (sinon abandon de poste et faute lourde !), ce qui m'a évidemment été refusé par la direction. Il m'a conseillé de me rendre sur mon lieu de travail le lendemain pour éviter toute entourloupe et récupérer les preuves et éléments pour la défense de mon dossier. Ce que j'ai fait, malgré le harcèlement toute la journée. J'ai été mis en arrêt de travail par mon médecin le soir même pour dépression : le moral à zéro, j'étais couvert de plaques rouges sur le corps (réaction nerveuse) ! Après le licenciement, cela a du être difficile à encaisser, non ? Exact, car dans ce type de situation, on ne sait pas qui a dit quoi sur soi. Les anciens clients ont-ils témoignés en ma défaveur même s'ils étaient satisfaits ? L'ancien directeur commercial a-t-il trempé dans ce coup fourré ? Bref... dans un premier temps, j'ai fait une grosse déprime de 3 semaines. Une de ces déprimes dont on peut très bien ne jamais se relever. Mais un collègue, inquiet de ne plus avoir de mes nouvelles, m'a passé un coup de fil un matin et m'a encouragé à téléphoner à mes anciens clients. Et alors ? J'ai contacté systématiquement mes anciens clients, leur demandant ce qu'ils avaient pu dire sur moi. J'ai découvert que 3 mois avant mon licenciement, le nouveau directeur avait tenté d'obtenir des témoignages contre moi en prétextant vouloir faire un entretien annuel (sur des missions datant de 3 ans !). J'ai eu l'agréable surprise de constater qu'aucun client n'est tombé dans le panneau et que certains avaient même compris la manœuvre ! Choqués par mon licenciement et ses motifs, les témoignages écrits de 28 clients ont commencé à constituer mon dossier et j'ai remonté la pente moralement. J'ai complété mon dossier avec tous les comptes-rendus de mission que j'avais effectués, plus toutes la correspondance avec ma boite. Et avec ce dossier, qu'avez-vous fait ? Au début, pas de volonté de négocier, puis voyant ma détermination, la réaction de la société a été d'engager un avocat " marchand de tapis " qui a tenté de négocier 6 mois, puis 12 mois dans le cadre d'une transaction. Après conseil de mon avocat, concernant la transaction et donc l'abandon de toutes poursuites ultérieures, nous avons gardé la possibilité de dénoncer les délits de marchandage dont j'ai été victime! La transaction n'a pas que des avantages : jours de carences ASSEDIC, impôts partiels, cotisations sociales, motifs de licenciement déshonorants, abandon de toute actions en justice ! [Petite précision - issue de [TERN] - sur la transaction : en 2000, le régime fiscal des indemnités versées à l'occasion de la rupture du contrat de travail a changé (CGI - Code Général des Impôts -, article 80 duodecies-I). Lorsque vous recevez une indemnité transactionnelle, il faut distinguer :
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