Tout sauf
le cauchemar des années (19)80
Comme rappelé dans l'article 1985-1996
: Grandeurs & Décadences, le domaine professionnel
informatique a connu en France une véritable
inflation des salaires... qui a contribué
à la perte de nombre d'entreprises lors de la
crise 1991-1996, après la guerre du Golf.
Toutes les différentes formes de rémunérations
décrites dans l'article "Structuration
d'une rémunération" sont autant de moyens pour éviter ou
contenir cette inflation salariale. Les
stock-options sont un de ces moyens qui
permettraient de maîtriser les
"travers" de ces années 80 :
- assurer une meilleure
compétitivité (en diminuant l'inflation
des salaires et les charges patronales qui y sont
associées),
- fidéliser les cadres et
les dirigeants à leur entreprise (mois de
"turn-over"),
- favoriser le
développement d'une communauté d'intérêts
et contribuer à bâtir en profondeur une culture
d'entreprise...
Principe
Il s'agit de lier
rémunération et valeur de l'entreprise cotée
en bourse, ce qui suppose cependant que 2
conditions soient remplies :
- La première est que le marché soit bien
informé et sache traduire sous une forme
monétaire les décisions prises par le directeur
; cela repose donc sur la croyance en
l'efficacité des marchés financiers,
- La seconde est que la variation de l'action se
répercute suffisamment dans la rémunération du
bénéficiaire pour qu'il soit sensible aux
conséquences de ses décisions.
Ce qui séduit les bénéficiaires
dans les stock options ? L'absence
de mise de fonds initiales, le délai de
réflexion, la fiscalité.
Ce qui leur déplaît ? La valeur des options dépend des
résultats de toute l'entreprise, elles
constituent une rémunération potentielle car
différée dans le temps, elles sont
individualisées et offrent un gain trop
aléatoire.
Capital-risque
Les stock-options constituent la pièce maîtresse du
capital-risque. Un des secrets de la
réussite des jeunes entreprises innovantes tient
à la généralisation du système dès leur
phase de démarrage. La démarche est en fait
typiquement anglo-saxonne. Elle consiste à attirer des talents en leur
offrant la possibilité d'acquérir
progressivement des parts du capital de jeunes
sociétés. Par définition, une PME qui
se lance n'a pas les moyens de financer de gros
salaires. Or pour pouvoir percer, elle a
d'emblée besoin d'un personnel de talent en
management, mise en place de process,
marketing... Ces talents sont soit disponibles
sur le marché mais très sollicités, soit en
poste dans des grands groupes et donc très bien
payés, avec de nombreux avantages en nature.
Pourquoi choisiraient-ils de venir
dans une start-up qui peut disparaître du jour
au lendemain ? Les stock-options constituent
précisément la réponse à cette contradiction
: en leur donnant la perspective d'entrer au
capital - et pour des sommes modiques - on attire
ces talents et on les fidélise. L'objectif des
stock-options est donc avant tout de capter des compétences,
car, en plus d'être des grosses pointures dans
leur domaine, ces managers sont des gages de
crédibilité et permettent d'attirer les
investisseurs. |
Stock-Option,
entre prime et salaire
Les dérives dénoncées par les
pouvoirs publics concernent l'utilisation
des stock-options comme simples compléments de
rémunération, c'est à dire sans
cotisation sociale et avec un régime fiscal
allégé.
Les stocks options se transforment
ainsi en un système de
substitution à l'augmentation de la
rémunération de base. C'est peut-être
là que se loge le caractère le plus motivant du
système ; le vice est inhérent à la formule et
il en fait peut être son charme.
C'est particulièrement frappant
aux Etats-Unis, où la fiscalité concernant ce
produit a été considérablement allégée en
1997 (20% à partir de 18 mois de conservation,
18% au delà de 5 ans), cf. Stock-Options
: et ailleurs ?
De plus, si les cadres
et
dirigeants ont fortement envie de se sentir plus
concernés par la marche de l'entreprise et sont
prêts à en payer le prix sous forme d'un risque
financier, en revanche une question se pose au
niveau de la déontologie : Où
se situe la frontière avec le délit d'initié ?
Les ventes "opportunes" de
stock-options juste avant un revers boursier ne
sont pas rares...
Enfin, le dernier problème lié à
ce "salaire" concerne celui de l'opacité des critères
d'attribution... Comme pour les primes,
les stock-options sont attribuées selon des
règles arbitraires qui peuvent faire naître
quelques... tensions entre salariés!
Stock-Option, entre fidélité et
infidélité
Le phénomène est récent est
trouve son illustration, comme souvent, dans la
Silicon Valley. Les «
menottes en or » ne sont plus
suffisantes et les employés n'hésitent pas à
changer de société s'ils sentent que le
potentiel de réussite de leur employeur actuel
ne tient pas ses promesses.
Ainsi, pour les start-up, si la perspective
d'entrée en bourse ne se précise pas assez
vite... ciao.
Aujourd'hui, on
constate un effet pervers, Les gens considèrent
les stock-options comme un dû.
Ils ne sont plus disposés à les prendre contre
une diminution de salaire. Les salariés exigent
désormais une part de la valeur qu'ils
contribuent à créer. Ils considèrent que le
salaire n'est qu'une rémunération de base.
Pire, pour une
société déjà en bourse, l'incitation devient
quasi-nulle, le prix d'exercice des
stock-options étant négocié selon le cour du
jour de la négociation du contrat (et qui peut
fluctuer avant la signature...)
Questions en suspens
Ce sont surtout les dirigeants des
entreprises qui sont les bénéficiaires du
dispositif sans qu'on puisse être certain de
tenir là un instrument de motivation...
D'où les questions :
- Le cours de la bourse
est-il lié au travail des dirigeants ?
- Maximiser cet élément
est-il le seul objectif qu'un dirigeant doit
viser ?
- Les disparités de
rémunération ne sont-elles pas fâcheusement
augmentées par ce système ?
A vous de bien étudier le POA qui vous sera
proposé, et de ne pas hésiter à poser *toutes*
les questions qui vous permettront de bien juger
de la "transparence" d'un tel plan, et
de son utilité réelle (ce
plan est-il, à long terme, utile à tous les
salariés ou bien permet-il simplement à
certains cadres dirigeants de prendre une
retraite anticipée... à court terme ?) |