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Management :
Informaticien et Cadre...
(du statut aux réalités)

Qu'est-ce qu'un cadre ?
(2/2 : qu'est encore un cadre)
[Management],
[PDrucker95], [PDrucker66], [CFalcoz], [DARES]


    Le
premier article a relativisé le statut de cadre, au point de le vider - en apparence de son sens -. Pourtant, la catégorie des cadres est celle qui a progressé le plus ces 50 dernières années, et le nombre de cadre informaticien ne semble pas vouloir diminuer.
    Si le statut du "cadre encadrant", stable et solidaire avec sa direction a vécu, il ne reste pas moins attaché aux ingénieurs informaticiens. Pourquoi ? En quoi êtes-vous cadre ?

    Pour cela, il faut changer de perspective et cesser de considérer l'ingénieur informaticien que vous êtes sur le plan individuel, et le replacer au sein de la société dans laquelle il évolue.
   
Ce deuxième volet va donc détailler les différentes composantes toujours actuelles de ce "cadre", et va en décliner les différents profils que l'on retrouve sur le terrain. 


 



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Informaticien & Cadre Que n'est plus
un cadre ?



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Cadre informaticien : composantes
    Travailleur du savoir
    Première composante majeure : un cadre informaticien est toujours un travailleur du savoir, tel que décrit par [PDrucker95]. Il s'agit de quelqu'un qui développe une habitude nouvelle, celle d'apprendre en permanence. Il possède ainsi son outils principal de production : son savoir.
Cette caractéristique explique en partie pourquoi le nombre de cadre (dont les informaticiens) augmente : il s'agit de la 4ème et dernière catégorie sociale, fruit d'une évolution de la société où le centre de pouvoir est passé du fournisseur - producteur - au distributeur, puis au consommateur.
    Les catégories fondatrices des sociétés ces derniers siècles ont été les paysans et les domestiques. L'importance croissante de la production a fait émerger la société industrielle du 19ème siècle, et l'apparition de la 3ème catégorie : les ouvriers. Il s'agissait là d'une chance d'améliorer son statut sans immigrer.
    Mais la consommation de savoir n'a cessé d'évoluer, parallèlement au gains de productivité de la société industrielle, et ces 50 dernières années ont vu l'apparition d'une société (de consommation) du savoir, dans laquelle les travailleurs du savoir remplacent peu à peu les ouvriers, comme les ouvriers avaient peu à peu remplacé les paysans (ceux-ci étant aujourd'hui fort peu nombreux).
    Si beaucoup de techniciens informatiques peuvent se considérer à juste titre des travailleurs du savoir, il faut bien réaliser que le cadre que vous êtes est tenu responsable de sa contribution. Il s'agit donc de rendre son produit, autrement dit son savoir, exploitable.
    Employé
    Cette composante ne nie pas l'existence des informaticiens indépendants, mais vient rappeler qu'un cadre est une catégorie qui ne dépend pas d'autres individus, mais bien d'une organisation (présentée dans l'article organisation). Autant un apprenti ou un ouvrier travaille pour un "maître" (individu clairement identifié), autant un travailleur du savoir (donc ici, un cadre informaticien) travaillera pour une organisation. L'organisation permet la collaboration efficace de ces travailleurs qui, s'ils étaient pris individuellement, apparaîtraient beaucoup plus comme des centres de coût que de performance. C'est l'organisation qui fait la tâche.
Un informaticien spécialiste de la finance apportera toute sa valeur ajouté au sein, par exemple, d'une salle de marché d'une banque. Et même là, il sera considéré (je l'ai vécu) comme une ressource "qui coûte cher" et dont on ne perçoit pas immédiatement les bénéfices. Les traders sont bien plus récompensés! Pourtant, ce même ingénieur ne saurait fournir un service aussi efficace en restant seul, ne serait-ce parce que les règles de trading sont bien plus favorables aux banques qu'aux particulier...
Cette appartenance quasi-obligatoire à une organisation entraîne un statut d'employé, ce qui ne veut pas dire nécessairement salarié (on peut être consultant, prestataire de service, ou encore partie intégrante du personnel). Dans tous les cas, le travailleur du savoir est employé (par son organisation) : il dépend de son poste, touche un salaire ou un traitement, est recruté ou licencié.
Appliqué aux cadres informaticiens, cette caractéristique explique également leur profusion. La société actuelle n'est plus composé que d'organisation. Il existe des myriades de structures (service public, hôpital, université, entreprise, ...) susceptibles de recourir à leurs fonctions.
    Patron
    On l'a vu, un cadre informaticien se doit d'apprendre en continue, donc de gérer son "capital savoir", se gérer soi-même. C'est en soi une petite révolution, puisque cela amène ce travailleur à penser et se comporter comme un patron. Il ne s'agit plus de juste faire ce qu'"on" nous dit de faire. Cette composante-là, cette capacité d'adaptation et de force de proposition, est fondamentale pour un ingénieur informaticien, qui se doit d'apporter des solutions (et non juste d'exécuter des tâches prédéfinies) dans tous les types de mission qu'il aura à effectuer (réalisation technique, conseil, audit, assistance, ...). Cela le différencie d'autres informaticiens, également travailleurs du savoir (BTS, DUT, etc..), mais qui n'auront pas à mettre en œuvre (du moins dès leur début de carrière) cette aspect de ce qui fait un cadre.
    Cette gestion du savoir entraîne également 2 conséquences majeures :
- dans une société aux organisation en constante fluctuation (déjà relevé dans le premier article, dans le paragraphe précarité), il vivra et travaillera plus longtemps que l'organisation qui l'emploie ;
- il bénéficie d'un atout qu'aucune autre catégorie sociale ne disposait facilement avant lui : la mobilité.
Une illustration concrète de cet aspect "patron" concernant les ingénieurs informaticien se retrouve dans les années 2000-2001 où de nouvelles organisations (les start-up) ont entraîné une forte mobilité de ces cadres - même débutants - propriétaires de leur savoir, et prêt à l'appliquer dans des domaines innovants (internet, architecture distribuée), où une dose d'initiative est nécessaire.

Qu'est-ce qu'un cadre ?
    Avant d'examiner les différents profils de cadre que vous serez amenés à endosser, il est enfin temps de répondre à la question qui motive ce dossier. Et c'est [PDrucker66] qui apporte une réponse simple :
    « Tout travailleur du savoir est un "cadre" lorsque, du fait de sa position ou de ses connaissances, il porte la responsabilité d'une contribution affectant matériellement la performance de cette organisation et ces résultats.
    Ce cadre ne se contente pas d'exécuter des ordres, il doit prendre des décisions, se savoir responsable de sa contribution, et il est supposé, en raison de son savoir, être le mieux équipé que quiconque pour prendre la bonne décision.
    Il peut être désavoué, rétrogradé ou licencié, mais tant qu'il occupe son poste, les objectifs, les normes et la contribution restent sous son autorité.
»
    Si l'aspect encadrement n'est pas mis en avant dans cette définition, c'est bien parce qu'elle reconnaît que l'autorité conférée par le savoir est aussi légitime que l'autorité hiérarchique, les décisions étant de même nature. Un décisionnaire, qu'il soit manager ou spécialiste (comme l'ingénieur informaticien en début de carrière), devra toujours planifier, organiser, intégrer, motiver, évaluer.

Cadre Informaticien : profils
    C'est en examinant la nature de la société post capitaliste et de ses "travailleurs du savoir - employé et patron -" que l'on peut discerner les grands types de cadre aujourd'hui en vigueur.
En effet, cette société est à la fois basée sur le savoir et sur les organisations, dans une dépendance mutuelle. Elle fonctionne sur 2 cultures :
- l'intellectuel, centrée sur le langage et les idées ;
- le manager, centré sur les hommes et leur travail.
   L'intellectuel a besoin de l'organisation comme d'un outils : elle lui permet d'exercer son technê, son savoir spécialisé (ici, l'informatique et toute sa technique).
   Le manager considère le savoir comme un moyen d'améliorer l'efficacité de l'organisation.
   Ces 2 grands types de cadre se complètent avant tout : l'intellectuel, s'il n'est pas complété par le manager, crée un monde où chacun fait ce qu'il veut, mais où personne ne fait rien (comme le rappelle avec humour cette blague). Le monde du manager, s'il n'est pas complété par l'intellectuel, devient une bureaucratie.
   Intellectuel (ou spécialiste)
   Il s'agit du profil de base, dans laquelle le jeune cadre informaticien que vous êtes commencez votre carrière. Vous êtes cadre (possédant les caractéristiques mentionnées précédemment), mais un cadre spécialisé, technique. 
Alors certes, vous n'encadrez pas grand monde, comme le fait remarquer le premier article, mais on attend de vous, comme de tout cadre, une performance dont vous devrez rendre compte.
   Cette performance est basée sur votre savoir : on attend qu'il soit exploitable, avec une valeur ajoutée dont, en tant que cadre, cous aurez à répondre directement.
Pour rendre votre production (l'application de votre savoir, largement technique en début de carrière, puis plus orientée fonctionnelle et métier ensuite) applicable, vous devrez mettre en oeuvre des qualité de cadre qui dépassent les seules compétences techniques.
    Cela passera par une relation efficace avec les autres travailleurs du savoir avec lesquels vous serez amené à travailler. Donc, par la mise en oeuvre d'une bonne communication, d'un travail en équipe, d'un progrès personnel et d'un progrès d'autrui.
On l'oublie souvent, mais un cadre qui fait bien son travaille progresse (par exemple sur le plan technique ou fonctionnel), mais fait également progresser les autres (en proposant, par exemple, des frameworks suffisamment bien pensé pour permettre aux autres ingénieurs informaticiens de mieux se concentrer sur les aspects métiers de leur système informatique).
   Cela impliquera également de comprendre ce que l'on attend de vous, et pourquoi. Il faut aussi comprendre ce que font les gens qui utilise cette production du savoir. S'intéresser aux objectifs de performance de son organisation, c'est obtenir d'un cadre performance et résultat.
    Concrètement, tout technicien de l'informatique peut développer un système d'information J2EE. Un cadre devra organiser ce développement en prenant en compte toutes les finalités métiers (afin de bien maîtriser les processus métier à implémenter, d'où parfois une mission d'audit) et contraintes de performance de ce-dit système (par exemple, contraintes temps réel pour un système front-office, ou des contraintes de volume de traitement pour du back-office), faire des PoC (Proof of Concept, ou encore des prototypes, qui débouche sur du conseil de solution), et en déduire les meilleures solutions tant applicatives (découpage en applications bien découplées) que technique (pas d'EJB Entity, par exemple)... le tout dans un cadre d'accompagnement à la mise en oeuvre technique ou d'assistance (en tant que régie, ou en tant que consultant).
    Poussé suffisamment loin, ce type de profil débouche sur l'expert, un travailleur du savoir intellectuel qui a poussé sa spécialisation suffisamment loin. C'est aussi une personne difficilement interchangeable en interne, et dont le remplacement est long et coûteux.
   Manager
   Ce profil est facilement accessible au travers du seul exemple de cadre informaticien cité dans le premier article : celui de chef de projet.
    [CFalcoz] décrit un manager dont les caractéristiques principales sont leadership et adaptabilité, bien sûr capable d'apprendre de nouvelle technique (comme par le passé), mais aussi de nouveaux comportements face au client (ce qui, si l'on reprend l'exemple du chef de projet, peut mener à des pièges du type 'flip'). Cette adaptabilité englobe les registres :
- cognitifs (savoir) ;
- lié à l'expérience (savoir-faire, aptitude professionnelle) ;
- lié aux attitudes (savoir-être).
   Cette compétence et cette adaptabilité sont avant tout au services des autres travailleurs du savoir, pour coordonner leurs travaux, les rendre les plus efficaces possibles et ainsi améliorer les services rendus par l'organisation. Cela implique une déconnexion entre maîtrise du métier et encadrement de professionnel. Cette dernière caractéristique - l'encadrement de professionnels - est présentée par [CFalcoz] comme une capacité d'animation, où le manager évolue dans un esprit d'entrepreneur, en assurant une perception (des besoins du client, des attente de l'organisation, ...), en fixant des objectifs et une vision stratégique, puis en organisation un travaille collaboratif au sein duquel il saura communiquer ses attentes, et déléguer ses missions.
    Bien sûr, [CFalcoz] insiste sur d'autres qualités attendues d'un manager : conviction, courage de dire, mais aussi "bien décrypter le système", "s'engager à fond" et enfin "accepter de jouer le jeu (au moins officiellement)"... Il faut bien réaliser qu'il s'agit de qualités de survie indispensables à un manager français, car il évolue dans une culture de l'implicite (comme le rappelle l'article Informaticien et Français ? - Implicitement - Dur!). C'est pourquoi - dans un milieu français, [CFalcoz] ajoute : "Plus de doute : nager dans le flou ou assumer ses missions sans grande visibilité devient une nécessité pour le manager qui doit en outre dégager de la valeur ajoutée et motiver son équipe!". Dans une culture plus explicite, les objectifs sont plus clairement fixés, les responsabilités aussi... or, la culture française est d'abord celle de la non-responsabilité (comme l'illustre avec humour ce dessin). 
    Enfin, [CFalcoz] nous rappelle qu'en France, la technique est peu reconnue et que les ingénieurs ayant actuellement un avenir sont ceux qui abandonnent rapidement la technique pour le management! Il s'agit encore d'une caractéristique culturelle, la France ayant du mal à reconnaître les responsabilités et promouvoir l'excellence technique, elle se rabat sur un schéma plus familier : celui du "chef" (issu d'une culture féodale multi-centenaire).
   Haut potentiel
   Ce troisième profil reste dans la culture du manager, mais possède des critères qui sont apparus plus récemment que ceux du manager.
   [CFalcoz] parle de "cadre à haut potentiel", qu'il résume par l'équation suivante :
capacité à manager + 
capacité pressentie à évoluer + 
pari sur la capacité à devenir dirigeant = potentiel
.
   Ce cadre à haut potentiel se doit d'être un généraliste possédant une très bonne théorique et pratique des principes de gestion, des métiers de son entreprise, de ses stratégie et de sa culture. On peut mesurer alors la distance qui sépare le jeune cadre informaticien de ce profil, distance non en nombre d'année, mais en investissement et apprentissage complémentaire, tant sur le plan de la gestion que sur le plan fonctionnel (maîtrise du métier et de ses process).
   Les possibilités "transverses" déjà présentes pour les managers sont ici poussées à l'extrême, en terme de mobilité, de responsabilité, d'évolutions de poste, ... Il s'agit alors pour les chefs d'entreprise de fidéliser ces "cadres à haut potentiels" afin de les faire évoluer vers des postes clés. Ce type de cadre ne connaît pas de pratique de flexibilité via la réduction du temps de travail. C'est lui qui poste la flexibilité, parce que polyvalent, généraliste, capable d'apprendre tout au long de sa vie professionnelle, et possédant un vrai pouvoir de décision : décision et mise en oeuvre de la flexibilité des structures : il décentralise, délègue, modifie l'organisation de travail.
   En informatique, on rencontre plus fréquemment ce type de parcours dans les sociétés de conseil, de culture anglo-saxonne, où ce type de hiérarchie est clairement mise en place (par exemple, "analyste - consultant - manager -partner". En France, ce cadre est victime des traits culturels français, où l'on est très axé sur les relations (importance du carnet d'adresse) et moins sur la tâche, d'où un carriérisme poussé et un passage trop rapide dans certain poste ce qui entraîne un manque de continuité dans le management... 

Conclusion
   Cet article doit vous aider à mieux comprendre en quoi vous possédez le statut cadre, tout ingénieur informaticien que vous êtes. Ce statut n'est plus celui du premier article, issu du monde industriel où le cadre "chef d'équipe" encadrait son équipe d'ouvrier.
    Ce statut est remodelé par une société du savoir, où son travailleur est à la fois employé par une organisation, mais aussi patron - de sa production, sa capacité d'innovation et de proposition, responsable de sa valeur ajoutée.
    Il est important de réaliser que pendant toute votre carrière, vous évoluerez constamment entre 2 cultures : cadre intellectuel et cadre manager. À tout moment, le jeune informaticien peut passer chef de projet, débuter ainsi dans le management et évoluer vers la direction (et le troisième profil de cadre).
   Après avoir mesuré l'importance l'organisation, vous ne pourrez progresser dans votre appréhension de votre rôle de "cadre-ingénieur informaticien" qu'en connaissant et maîtrisant ces 2 cultures.



               
 
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