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Consultant & Prestataires de services (3/5)
« 2K22K1 » (2000-2001) : 
Recherche informaticien
désespérément.
[NetNews], [Y2KBug]


L'activité informatique suit des cycles.

Les 2 articles précédents l'ont montré : 1985-1990, l'âge d'or, 1991-1996 période sombre, 1997-2000 reprise de la demande dans le cadre des projets Euro et an 2000.

En ce début de millénaire, un point s'impose. Où en est-on en France quant à la demande de prestations informatiques ?

Ce qui suit (écrit en février 2001) en trace les grandes lignes.

[Cf. slide n° 27 de la présentation "Prestataire en SSII".]


 



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Mais c'était quoi, ce bug ?
    Vous l'avez tous constaté, le bug de l'an 2000 était largement surestimé. Et pourtant, des centaines de millions de francs, pardon, d'Euros y ont été consacrés... pourquoi ?
   
Certes, pour une petite partie des logiciels, il s'est bel et bien agit de réécrire certaines procédures qui, n'ayant pas codé les dates correctement, n'auraient pu "passer l'an 2000". Certes, mais cela n'a jamais été le seul enjeu. D'autant que tout le monde sait maintenant qu'il y aura d'autres "janvier 2000", et cela bien avant l'an 3000 (cf.
[Y2KBug]). Quant à ceux qui ont codé les dates en se prévoyant une marge "confortable", ils ont généralement pensé à ce problème il y a... quelque 25 ans
    Alors, de quoi s'agissait-il ? Ce même 
consultant expérimenté lève un coin du voile. L'an 2000 a été l'occasion de mettre en place de gigantesque plate-forme de test. Tout ce qui se passait "en prod" (c.à.d. "en production", dans le cadre normal d'exploitation des systèmes informatique) doit pouvoir être dupliqué. Tous les flux (financiers, requêtes, transactions, ...) doivent pouvoir être simulés sur une ou plusieurs plate-formes dites "d'intégration".
   
Les systèmes devenant de plus en plus complexes, leurs architectures de plus en plus hétérogènes (surtout celles impliquant de l'intranet ou de l'Internet), il s'avérait indispensable d'arrêter tous les projets en cours et de mettre en œuvre une véritable politique de tests et de qualité. Si cette phrase ne reste d'habitude qu'une déclaration d'intention dans un quelconque schéma directeur, l'arrivée de l'an 2000 a été l'occasion unique de transformer cette bonne intention en réalité.

La reprise, c'est fini ?
    1999 et début 2000 ont été euphoriques. Entre les projets Euro et an 2000, on ne savait plus où donner de la tête. En plus, la croissance était de la fête. Le tout s'est même traduit par une spectaculaire envolée de la bourse, au travers du CAC40 qui, parti en dessous des 6000 a taquiné les 7000... avant d'amorcer une non moins spectaculaire dégringolade en 3 petits mois (avril, mai, juin 2000).
    Aujourd'hui (février 2001), l'an 2000 est passé, l'Euro est déjà opérationnel (les banques ne fonctionnent plus que en Euros, en interne ou pour leurs opérations boursières)... bref, reste-t-il des grands projets à réaliser ? La demande de prestations va-t-elle continuer sur sa lancée ?
    Des grands projets, d'une envergure européenne ou mondiale, il n'y en a peut-être plus. Mais entre temps, un phénomène, mondial lui aussi, a tout balayé pour finalement rattraper la France : l'Internet chez le particulier. Encore confidentiel il y a 4 ans, les publicités vantant les mérites de ce média s'étalent aujourd'hui dans tous les journaux. Tout le monde est convaincu qu'il se doit d'avoir  "pignon sur net".
    Il faut pouvoir offrir ses services sur Internet. Que ce soit la consultation de son compte bancaire, du choix de la couleur de sa prochaine voiture (que l'on peut admirer maintenant en 3D et sous toutes les coutures), même le choix de
son prochain toutou ou encore la liste de ses courses dans un  supermarché virtuel, toutes les entreprises se doivent d'étendre leur visibilité via Internet.
    Et je dis bien "visibilité", car le chiffre d'affaire est encore timide : d'abord tous les particuliers sont loin d'avoir acheté l'équipement onéreux qui va avec une connexion Internet. Ensuite, l'achat sur le net fait encore peur, et on en donne pas son n° de carte bleue comme ça. Qu'à cela ne tienne. Les potentiels sont jugés exceptionnels et chacun veut "distribuer" ses services.
[Attention, cela cache une
crise !...]
    Pour preuve cet article de SVM février 2001, qui fait état de 30% des foyers français équipés d'un micro, mais de 17% seulement connectés au net. Le score est encore bien en deçà des autres pays européen, mais le potentiel existe... en France et surtout dans les autres pays européens.
    Conséquence de tout ce remue-ménage ? Facile : 
- d'un côté, on trouve l'informatique de l'entreprise qui souhaite exporter ses services sur le net. Si l'on prend les assurances ou les banques par exemple, 80% des systèmes informatiques sont encore basés sur le
COBOL...
- de l'autre côté, on retrouve le client final, avec son système informatique (il y en a plusieurs...) et son browser (heu, "navigateur Internet" et il y en a plusieurs aussi, chacun avec 2 ou 3 versions plus ou moins récentes en circulation). Au milieu, il s'agit de récupérer les requêtes de cet utilisateur, les transmettre à l'entreprise qui doit s'occuper des problèmes de sécurité et d'unité transactionnelles (en terme d'unité d'
œuvre, avec des COMMIT ou des ROLLBACK potentiels), ainsi que des problèmes de reprise sur erreur (n'importe quel élément de cette chaîne peut tomber à tout moment). Une fois le traitement effectué, il n'y a "plus qu'à" composer une page de réponse... sans oublier que la-dite page sera différente suivant le navigateur utilisé.
    Bref, c'est un bord... monstre, un fout..., c'est très très complexe, quoi !
    Or il y a toujours pénurie d'informaticien en France. Pire, il y a toujours pénurie en Allemagne, en Angleterre, au Canada ou aux États-Unis. Donc, les informaticiens français non seulement trouvent encore aisément du boulot ici, mais peuvent, s'ils le souhaitent,
s'expatrier sans trop de difficulté& ce qui n'arrange pas les effectifs nationaux.
    Enfin, vu la complexité de la problématique Internet, il est rare qu'une seule personne, même fraîchement diplômée et au fait des dernières technologies, puisse suffire à elle seule. En effet, toute entreprise qui s'exporte sur le Net doit composer avec son existant : d'un côté, elle utilisera des EJB (par exemple), de l'autre elle fera le lien avec ses traitements batch COBOL... langage peu connu des nouveaux diplômés.
    Conclusion : il y a toujours du taf, et il n'y a toujours pas assez de monde pour y faire face.

Start... down, SSII up ?
    Autre phénomène de cette fin de 20ème et début de 21ème siècle, l'apparition de ces jeunes pousses dynamiques a enthousiasmé la "
net-économie" ! Innovation, qualité, audace... autant de mensonges que le Scarabé dénonçait il y a plus d'un an [NetNews], ne voyant dans ces start-ups qu'une arnaque boursière : les investisseurs n'avaient d'autres moyens de se rembourser que dans la valorisation boursière de leurs protégés, dont le concept était 9 fois sur 10 pas viable économiquement. Du coup, en avril 2000, tout le monde se réveille et le cours de la bourse se remet à un niveau normal, fauchant net au passage un sacré paquet de ces jeunes pousses. (cf. aussi les vaches et la nouvelle économie).
    Certes, la bourse et les stock-options ont permis - un temps - le développement de ce type de petite société. Mais en décembre 2000, les chroniques du menteur révélait une autre raison fondamentale de l'existence même de ce type de société.
    
Imaginez un peu... vous êtes une grande entreprise qui vient de réaliser qu'elle doit maîtriser un grand nombre de nouvelles technologies comme celles évoquées dans le paragraphe précédent, dans le cadre d'Internet.
    Et que voyez-vous ? Des tas de petites sociétés, composées de quelques personnes chacune, travaillent d'arrache pieds pour les maîtriser ! Et je ne parle pas de 35 heures, je parle d'auto-formation 24 heures sur 24, avec application dans un site Internet dont le concept et l'utilité importent peu : de toutes façons, au bout d'un an ou deux, la situation de cette jeune pousse sera la même : pas assez rentable pour songer à rembourser ses investisseurs (puisque même la bourse les lâche), mais très compétente dans l'Internet.

Start... down, SSII up ?
    Et que fait la grande entreprise ? Elle rachète la petite, offrant à ces jeunes locataires frustrés des conditions salariales intéressantes, de vrais moyens matériels, le rachat de leurs dettes, et un projet Internet souvent bien différent du leur, mais qui au moins leur donne une deuxième chance de faire "mieux", c'est-à-dire rentable et fiable. Quelque soit le coût de ce rachat, il sera toujours inférieur à celui de la formation de personnels en interne. En plus, ce rachat peut se matérialiser sous la forme d'une petite filiale, un GIE (Groupe d'Intérêt Économique) dont la Convention Collective sera non celle de la grande entreprise (comme une Banque), mais bien plus simplement... la Syntec.
    N'y voyez pas pour autant en ces jeunes entreprenautes de simples victimes bernées.
Certes, le destin de leur jeune entreprise est souvent la rachat (avec une belle plue-value, en règle générale). Mais pour eux, l'aventure ne s'arrête pas, elle peut très bien tout simplement continuer.
    En effet, ils peuvent trouver dans leur nouvel employeur l'occasion de compléter leur formation sur les plans "gestion", "rentabilité", "vrai business-plan". Après quelques années, les plus entrepreneurs d'entre eux pourront retenter l'aventure de façon bien plus professionnelle.
   
En attendant, ce type de comportement (ne pas former en interne, mais racheter des compétences externes) est également un indice qui explique la bonne santé actuelle des sociétés de services. Certes, comme le
paragraphe sur la reprise le rappelle, le travail ne manque pas et il semble normal que les demandes de prestation ne ralentissent pas. Mais n'oublions pas qu'une bonne partie du travail actuel implique la mise en œuvre de technologies récentes (7 ans ou moins, puisque la vulgarisation d'Internet ou encore l'apparition de Java datent de 1995). Depuis 1995, ces mêmes techniques ont considérablement évoluées, les EJB sont apparues, CORBA s'est concrétisé, le HTML est devenu dynamique, le JavaScript s'est vu dédoublé entre certains navigateurs, le XML vient s'intercaler entre toutes les applications... bref, former du personnel en interne et lui donner les moyens de suivre toutes ces évolutions coûte tout simplement trop cher.
   
En revanche, tout déléguer à une société externe est bien plus facile.
Dans ce cas, la-dite société externe a la responsabilité de fournir des compétences à jour. Pour cela, elle peut soit former ses collaborateurs aux dernières évolutions (si elle le souhaite ainsi) ou en recruter de nouveaux, débutants tout juste diplômés et ne coûtant pas trop cher (sur le plan du salaire s'entend).
   
Ces "sociétés externes" existent et elles se nomment
SSII. J'ai beau rappeler tous les inconvénient d'un prestataire, souvent mal vu par le personnel interne d'une grande société, celle-ci est bien contente de bénéficier, via des contrats renouvelables tous les 3 mois, d'un personnel "souple", compétent, dont on peut interrompre à tout moment l'activité sans autre plan social ou licenciement compliqué.
   
Ces SSII sont donc intéressantes, car non seulement elles n'ont pas trop de mal à fournir des prestataires, mais en plus, en ce moment elles vont même jusqu'à assurer leur formation ! Elles vont parfois jusqu'à des
période d'adaptation. Et ce pour une raison très simple : elles ont du mal à embaucher... pénurie oblige. Même celles qui se consacrent exclusivement à de la régie ne peuvent plus appliquer leur stratégie classique : embaucher, louer les prestations du débutant, ignorer ses demandes de formations et/ou d'augmentation, embaucher d'autres débutants, moins cher et plus adaptés aux nouvelles technos.
    Aujourd'hui, la demande est telle que ces sociétés doivent faire avec les prestataires à leur disposition. Attention aux "grands
loueurs de viandes professionnels", ceux dont les effectifs dépasse très largement le millier de prestataires et dont l'activité principale est d'embaucher... seul ce type d'entreprise a encore les moyens d'ignorer la formation de ses personnels.
   
Pour l'instant, la
régie et même le forfait ont le vent en poupe. Et l'informaticien reste une denrée rare. [D'où la pré-embauche évoquée dans le slide n° 13 de la présentation "Prestataire en SSII". Cf. aussi le slide n° 20] Ce type de situation induit un dernier phénomène de ce début de millénaire.

Le candidat est roi ... et amnésique ?

    Tous les responsables de recrutement avec qui j'ai eu l'occasion de discuter me font part d'un même malaise. Les jeunes candidats n'ont pas de mémoire. Ils ignorent complètement la situation  du marché de l'emploi d'il y a quelques années et ont tendance à considérer ce même marché comme étant sans hystérésis (donc un marché de l'emploi dont le futur ne serait en rien influencé par le passé).
    Or ces candidats oublient un fait très simple : lorsqu'ils sont embauchés, ils ont "le passé" sous les yeux : celui qui les embauche a, en général, plusieurs années d'expérience professionnelle, a vécu le-dit passé dont les candidats ne veulent pas avoir conscience et connaît une grande Loi de ce marché du travail : si ce dernier ne se répète pas, il lui arrive de bégayer. En clair, il y a des cycles et la période faste d'aujourd'hui peut laisser place à une situation plus "tendue" demain (et ça n'a pas loupé :
2002), comme cela a déjà été le cas par le passé.
    
Et alors ? Alors en attendant cette hypothétique prise de conscience, les candidats actuels, surtout les débutants, ne se posent pas de questions, me confient les recruteurs. Ils arrivent, s'installent, mettent les pieds sur la table, rotent un coup et s'enquièrent des raisons qui pourraient leur faire envisager de commencer à considérer cette proposition d'embauche (cf. aussi
Nature et objet d'une organisation). Ils ne réalisent pas que, ce faisant, ils laissent une impression indélébile sur leur interlocuteur. Et cette impression les suivra, d'abord au sein même de leur entreprise, d'entretien d'évaluation en entretien d'évaluation. Il arrive même que cette "réputation" se retrouve colportée chez d'autres responsables de recrutement, car eux aussi changent d'entreprise ou discutent entre eux.
    
Une telle attitude peut avoir des conséquences aussi bien sur le salaire (qui
évoluera avec une mauvaise volonté évidente), sur la qualité des missions fournies, sur l'évolution des responsabilités...
    Certes, actuellement ces différents aspects de la vie professionnelle en SSII peuvent malgré tout évoluer (puisqu'on vous dit qu'on ne trouve  personne en ce moment), mais cela peut également donner un faux sentiment de confiance et de sécurité et, le jour où l'on fait carrière dans une "vraie" société (c'est-à-dire qui utilise l'informatique mais dont le métier n'est pas, à la base, de faire de l'informatique - exemple, les
banques -), on peut très vite déchanter (cf. licenciement). Le potentiel du candidat et son implication dans ses différentes activités sont aujourd'hui parfois reléguées - en apparence - au second plan en SSII, mais sont les fondements même de toute carrière.

Chronique sans fin ?

    Alors que tout le monde scrute les premiers signes d'une récession, d'un ralentissement de l'économie mondiale, l'informatique ne se pose pas de question et continue à "virtualiser" le commerce et sa net-économie.
    Dans ce secteur professionnel très particulier, ce qu'il convient de surveiller demeure plutôt la conjonction de 2 événements :
- le moment où les effectifs d'informaticiens rejoindront enfin la demande,
- le moment où les "vraies sociétés" intégreront complètement l'informatique au sein de services composés majoritairement de personnel interne et non, comme c'est le cas aujourd'hui, de prestataires.

    En attendant, cette chronique d'une reprise espérée dès
1997 (dans le domaine informatique) n'est pas prête de s'arrêter.



               
 
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