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Management :
Informaticien et Cadre...
(entre le statut et la réalité)

Qu'est-ce qu'un cadre ?
(1/2 : qu'est-ce que n'est plus un cadre)
[Management],
[PBaudry], [CFalcoz], [DARES]


    Cette question
, je l'avais posée en début mars 2001, il y a donc 2 ans. 
    À l'époque déjà, je sentais bien qu'il y avait un "malaise" autours de cette notion qui a du mal à s'appliquer aux ingénieurs en informatique. La plupart d'entre vous découvrent bien vite en début de carrière qu'ils n'ont de cadre que la mention apposée sur leur
fiche de paie!
    Alors comment expliquer que ce statut soit si vivace en France, quand ce concept est :
- peu usité dans d'autres pays ?
- peu applicable à votre réalité professionnelle (je parle de celle d'un jeune ingénieur informaticien qui reste,
rappelons-le, le thème de ce site) et pourtant attribué à vous dès votre début de carrière ???
    Ce premier volet décrit pourquoi le "cadre" est une notion qui se vide de son sens, avant qu'un deuxième article ne vienne expliquer les différents profils qui se cachent derrière.


 



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Informaticien & Cadre qu'est encore 
un cadre ?



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Introduction : Adieu les cadres, bonjour les managers
    Le livre de Christophe Falcoz ([CFalcoz]) - dont le titre sert d'en-tête à ce paragraphe - semble sonner définitivement le glas d'un statut qui a vécu. Ce constat est d'autant plus flagrant qu'il oppose à la réalité d'aujourd'hui, où les cadres se banalisent et deviennent de simple salariés, la vision du cadre "avant" (c'est-à-dire début du 20ème siècle, et jusque dans certains milieux industriels encore aujourd'hui).
    Ce cadre-là, qui n'existe pas vraiment pour les informaticiens - surtout en début de carrière - a pour caractéristique d'encadrer, tout en se faisant l'écho de la volonté de sa direction, avec un poste stable et une évolution interne à fort potentiel. Ce cadre-ci - proche de la direction - a suggéré à Philippe Bouvard la définition suivante : "On appelle cadre une personne dont la peau se tend après chaque repas" :) 

Cadre et précarité
    Le mythe du cadre à vie dans son entreprise est bien sûr malmené depuis longtemps (dès 1954, où l'APEC est créée, même si elle ne portait pas encore ce nom, puis dans les années 1970, où la crise de l'emploie s'intensifie.
Mais c'est vraiment en 1991 que les informaticiens se rendent compte brutalement qu'ils sont aussi exposés que tout autre salarié, et que leur statut de cadre ne les protège en rien.
Pire, avec les SSII, son statut est vraiment passé à celui d'intérimaire, ce qui ne va pas sans poser au passage certains problèmes légaux (délit de marchandage, prêt de main-d'œuvre illicite, ...).
    "Avant", un cadre pouvait être le metteur en scène des changements d'organisation au sein de son entreprise... mais depuis les années 1980, des phénomènes qui le dépassent largement sont venus relativiser fortement son influence : restructuration, flexibilité organisationnelle, internationalisation des firmes, (suivie de) recentrage, autant de parcours qui brouillent une stratégie d'entreprise de plus en plus au services des actionnaires...
    Rajoutez l'externalisation de certaines fonctions "support et développement", et vous obtenez un terrain propice à une certaine précarité.
    Le cadre patiemment formé au sein de l'entreprise et de sa culture ne se trouve pas parmi les ingénieurs informaticiens. Son outils de travail premier est son savoir, dont il a quasiment seul la responsabilité de la mise à jour, et qui est hautement transférable de société en société. En plus, les années 2000-2001 ont favorisé une mobilité tout azimut (et notamment vers les alléchantes "jeunes pousses", phénomène qui n'a pas contribué à inculquer une fidélité durable de l'ingénieur informatique envers son employeur!
    L'évaluation prend une place prépondérante dans la carrière du cadre. Cela est mis en exergue chez les sociétés de conseil avec un "mécanisme in or out" prononcé, qui classe les cadres et virent systématiquement ceux en queue de peloton (enfin... disons plutôt qu'elles incitent au départ). Pour les SSII, c'est plus simple : ce qui ne se facture pas facilement dégage, avec des procédés parfois douteux... 

Cadre et individualisme
    Là encore, le mythe du cadre solidaire avec sa direction et son entreprise n'existe pas ou peu pour les ingénieurs informaticiens et ce pour plusieurs raisons.
    Son salaire est souvent traité sur un plan individuel, ce qui le mène à des comportements opportunistes du type de ceux constatés en  2000 : les candidats n'hésitent pas à changer d'entreprise, voire à aller au plus offrant. Du coup, les salariés  ne sont guères incités à investir dans le collectif, puisqu'ils n'ont pas l'intention de rester durablement chez leur employeur. Dès que le salaire dépasse un certain niveau, il n'est pas rare de voir introduit une part de salaire variable, fixés individuellement lors des entretiens - individuels! - annuels.
    Il en résulte une gestion de carrière très individualisée, soit en fonction de performances réelles, soit en fonction de la capacité de chacun à revendiquer son "dû" (donc à "gueuler"!). Du coup, l'intérêt de passer par un syndicat pour exprimer une revendication est faible, très faible. Tout au plus s'est-elle timidement manifestée - pour des cadres informaticiens - lors du passage aux 35 Heures. On en entend plus guère parler aujourd'hui (avril 2003)...
    Cette gestion individualisée a commencé dès son cursus scolaire, assez compétitif pour accéder à l'école d'ingénieurs souhaitée.
Mais elle se trouve renforcée par l'absence d'appartenance à un corps professionnel.
En effet, une profession se caractérise par :
- un savoir expert dans une discipline scientifique reconnue et bien balisée (peu évident vue l'évolution rapide des connaissances et des pratiques du métier d'informaticien!) ;
- des professionnels comme interprète de ce savoir et un code qui en régit les conditions d'usage (là encore, les pratiques et les domaines d'application de l'informatique sont bien trop divers pour parler de "code") ;
- l'existence de barrières institutionnalisées, notamment par des diplômes à l'entrée (or, les savoirs sont éclatés et ne font pas l'objet d'une formation unique formalisée). 
    Enfin, son mode de fonctionnement reste avant tout le projet, ce qui tend à le renfermer sur un univers beaucoup plus restreint que "l'entreprise" ou la "profession" : le paragraphe suivant en donne un exemple.

Cadre et compétences métiers
    Comme le signale [CFalcoz], le cadre "ancienne formule" tirait sa légitimité d'abord de ses compétences-métier. Un cadre devait, en début de carrière, éprouver ses compétences techniques dans des tâches de "production" plus ou moins collectives, avant d'être nommé "chef de service". Ce chef-là connaît ce que l'on fait.
    Or, pour le cadre informaticien - que vous êtes dès la sortie de l'école - la situation est paradoxale à double titre :
    1/ Il est rare que vous connaissiez le métier du client chez qui vous intervenez. Vous connaissez certes l'informatique, et certes vous aurez l'occasion "d'éprouver vos compétences"... mais le client est très souvent client de l'informatique : cette techno n'est pas son métier, comme le rappelle cet ingénieur de 30 ans. En plus, comme on l'a vu plus haut, il vous est difficile de mettre en avant des compétences identifiables liés à votre "profession", celle-ci n'offrant pas un corps professionnel bien identifié. 
Cela n'est pas une généralité : j'ai rencontré des X-ENSAE qui connaissaient très bien les aspects "finance métier" de leur employeur... mais ils n'étaient pas forcément des informaticiens hors-pairs (quoiqu'ils apprenaient très vite!).
Pour la plupart d'entre vous, vous êtes un "cadre" qui connaît donc mal ce que fait le client, même si vos capacités d'adaptation doivent vous permettre de rattraper votre retard...
    2/ Vous êtes encadré par des chefs qui maîtrisent mal ce que vous faites et qui, sur le seul plan de la technologie informatique, en connaissent souvent beaucoup moins que vous. Là encore, le mythe du "chef qui sait ce que l'on fait" a vécu. Cela ne dévalorise en rien leur rôle, qui s'éloigne de celui de cadre pour mettre en avant d'autres valeurs, comme celle du management. L'exemple qui suit, et qui peut vous concerner dès les premières années de votre carrière, illustre cette position paradoxale du chef qui encadre sans être vraiment un cadre au sens classique - et révolu - du terme.
    
Chef de projet, seul vrai cadre informatique en début de carrière ?
   S'il est un poste d'encadrement accessible dès les premières années, c'est bien celui de chef de projet. Pourtant, la caractéristique de ce poste de travail se dissous dans un ensemble de missions faisant appel à divers niveaux de responsabilités et de compétences. Il faut s'appuyer sur un réseau interne informel de relations afin de mobiliser d'autres cadres et experts prêts à entrer dans son équipe.
(cf. les témoignages de ce chef de projet et de celui-ci)
    En fait, comme de futurs articles l'illustreront, ce rôle s'apparente plus à celui de management, que simplement d'encadrement. C'est le cas du deuxième article de cette série : Informaticien et Cadre ? - Qu'est encore un cadre ?.
    Ce cadre se situe dans l'entreprise hors de toute logique hiérarchique, et se trouve sous pression du début à la fin du projet, ce qui oblige de remettre en question sans cesse les priorités et même les habitudes de travail, afin d'anticiper les changement et de répondre aux objectifs de diminution des coûts et d'amélioration de la qualité. On est loin du cadre "stable" qui applique toujours la même méthode pendant une période donnée...

Conclusion : Cadre "fiscal" 
   Cet article est là pour relativiser l'image du cadre que l'on peut avoir en débutant en tant qu'ingénieur en informatique. Il ne prétend pas que "les cadres ont disparus" et le deuxième article illustrera en quoi, dans notre profession, on est malgré tout "cadre".
    Mais en attendant, si cette distinction de "cadre" reste bien française et bien tenace, on ne peut s'empêcher de songer à une raison toute simple, déjà évoquée dans le premier article sur les cadres. Je cite : « pour éviter que les employeurs et/ou les salariés restent dans un statut non cadre évitant de cotiser au régime de retraite des cadres AGIRC, les partenaires sociaux ont prévu qu'un non-cadre dont le salaire mensuel moyen dépasse de 10% le plafond Sécu doit cotiser au régime des cadres comme "assimilé"... » 
    En clair, Mme et M. les ingénieurs, vu votre salaire (même à l'embauche), vous n'avez pas de "soucis" à vous faire : vous devez être cadre!
Mais comme le montre le deuxième article - Qu'est encore un cadre ? -, être cadre informaticien, cela va bien au-delà d'un simple statut fiscal!... 



               
 
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