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Évolution du salaire
(ou : «Ils sont obligés de m'augmenter, non ?»
[Libe],
[LiaisonsSoc]
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Aaah... nostalgie... mon tout premier CDI
en SSII... Je me revois encore posant cette
question, du style : « et... pour
l'augmentation... il y a un minimum garanti
chaque année ? »... silence gêné de mon
interlocuteur qui a du finir par me répondre une
phrase du genre : « ici, ce n'est pas la
Sécurité Sociale! ».
Bref, à tous ceux qui se demandent si leur
salaire doit évoluer "obligatoirement"
d'année en année, voici un petit point (basé
sur le Code du travail).
Cet article fait écho à celui portant sur des questions
concrètes sur les 35 heures.
[Cf. slide
n° 26 de la présentation
"Prestataire en SSII".]
Rappel : je ne suis pas juriste (cf. Avertissement
!) |
Comment cela, le salaire n'augmente pas
automatiquement ?
Voilà une question qui n'a pas toujours
été aussi naïve que maintenant.
Jusque dans les années 1970, les salaires étaient en
effet indexés sur le SMIC (je crois). Ce système a
été abrogé par le ministre des finances Barre sous
sous la présidence de Valérie Giscard-d'Estain, afin de
casser l'inflation.
Heu... et puis d'abord, si ma
convention collective ou mon accord d'entreprise me le
garantit, il augmentera quand même, mon salaire ? non ?
Cela m'étonnerait beaucoup que vous trouviez une seule
convention vous garantissant une telle chose :
L'article L141-9 du code du travail est clair :
« sont interdites, dans les
"conventions ou accords collectifs de travail",
les clauses comportant des
indexations sur le salaire minimum de croissance
ou des références à ce dernier en vue de la fixation
et de la révision des salaires prévus par ces
conventions ou accords. »
Ce que l'on appelle la clause
d'échelle mobile est donc
interdite...
Pourtant, certaines conventions peuvent comporter des
clauses qui tendent à avoir les même effets que les
clauses d'échelle mobile, comme celles prévoyant par
exemple que les représentants des employeurs et des
salariés s'engagent à discuter de la progression des
salaires à période fixe (par ex, tous les six mois) ou
à chaque fois que le coût de la vie subit une
augmentation d'un montant déterminé.
Toutefois, pour les conventions collectives qui
concernent les lecteurs de ce site (ingénieurs
informaticiens et producticiens), de tels sujets
relèvent de la science-fiction!
Hopopop... autant pour moi... la CCN des Banques
comporte une clause de renégociation de ce style...
même si cela concerne les salaires minima qui, en
principe, ne nous intéresse peu.
Et zut... pourtant, ils sont
bien obligés de me recevoir en entretien annuel...
Heu... ce n'est pas aussi simple que cela :
L'article L132-27 du code du travail concerne bien en
effet une "négociation annuelle obligatoire".
Elle concerne "les entreprises
où sont constituées une ou plusieurs sections
syndicales d'organisations représentatives".
L'employeur est alors tenu d'engager chaque année une
négociation sur les salaires effectifs, la durée
effective et l'organisation du temps de travail
(notamment la mise en place du travail à temps partiel
à la demande des salariés).
Rien n'est dit au sujet
d'entretiens individuels...
Mais.... maismais... et mon
entretien annuel, alors ?
A priori, il s'agit d'un usage,
rien de plus. D'autant que cet
entretien a bien d'autres sujets que la seule question du
salaire : formation, évolution professionnelle,
objectifs, ... le salaire est en général
"spontanément" mis sur le tapis par le
salarié lui-même!
Il serait dangereux de ne voir, dans l'entretien annuel,
qu'une simple négociation salariale. C'est un moment
privilégié avec votre entreprise au cours duquel se
finalise votre évaluation
faite chaque année. A vous de bien négocier ce moment
afin d'en retirer tous les avantages... qui ne sont pas
que financiers!
Ah... ok, mais si on me diminue
mon salaire, je peux refuser ?
En principe, oui. vous serez alors
licencié avec indemnités.
Il fait savoir que depuis un arrêt du 10
juillet 1996 (Cass. Soc. Le Berre c/Socorem, Juris.
Actua. N° 7521 du 3 août 1996), la chambre sociale de
la Cour de cassation a substitué à lancienne distinction
entre modification substantielle et modification non
substantielle du contrat de travail
celle de
modification du contrat et de changement des conditions
de travail.
Or, en aucun cas, une modification du contrat de travail
ne peut être imposée à un salarié.
En revanche, un changement des conditions de travail
relève du pouvoir de direction et dorganisation de
lemployeur. Dans ce cas, le refus du salarié
sanalyse comme un manquement à ses obligations
contractuelles : il peut être constitutif dune
faute grave et motiver un licenciement disciplinaire.
Et alors, mon salaire, s'il
devait diminuer, c'est quoi ? Une
modification du contrat ou un changement de conditions de
travail ?
En clair, la modification de la
rémunération est une
modification du contrat de travail (et non une
modification substantielle du contrat de travail,
ancienne appellation).
Sagissant plus
précisément dune réduction de salaire induite
par une réduction de la durée du travail, la Cour de cassation a jugé quil
sagissait dune « modification dun élément
essentiel du contrat de travail des intéressés » (Cass. Soc. 14 février 1996 SAGEM c/Binard,
Juris. Hebdo N° 7427 du 11 mars 1996) puis que « la réduction de la durée du
travail sans compensation salariale constituait une
modification de leur contrat que les salariés
nétaient pas tenus daccepter » (Cass. Soc. 19 novembre 1997 Manoir
industries c/Akarkoub, Juris Hebdo N° 7773 du 15
décembre 1997).
Plus récemment, dans un arrêt rendu le 28 janvier 1998
(Cass. soc. 28 janvier 1998, SA Systia informatique
c/Bernard, Juris Hebdo N° 7814 du 16 février 1998) la
Cour de cassation considère, en outre, que « le mode de rémunération
dun salarié constitue un élément du contrat de
travail qui ne peut être modifié sans son accord, peu
importe que lemployeur prétende que le nouveau
mode serait plus avantageux ».
Enfin, dans un arrêt du 3 mars 1998 (Cass. soc. 3 mars
1998, Herzberg c/Sté Bata-Héloncourt, Juris Hebdo N°
7841 du 6 avril 1998) elle a définitivement tranché en
estimant dans un
arrêt de principe que « la rémunération est un
élément essentiel du contrat de travail ».
La modification de la rémunération et, a fortiori, la
réduction du salaire entraîne donc une modification du
contrat de travail qui requiert laccord individuel
des salariés concernés.
Mais... Mais dans le cadre des 35 heures... des doutes
subsistent...
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