Prérequis
- Vous avez une bonne idée des salaires actuels
(en demandant à vos collègues, en allant à des
salons, etc.).
- Votre salaire est réellement inférieur aux
prix du marché.
- Ce que vous
demandez correspond réellement aux prix
du marché (dans le cas d'un entretien
d'embauche) ou un peu en dessous (dans le cas
d'une demande d'augmentation).
- Vous avez, dans le pire des cas,
de réelles opportunités
"d'aller voir ailleurs" (courant
pour les débutants ou ingénieurs juniors dans
les professions concernées par ce site).
Demander à son employeur
Scénario classique, pour lequel le
terme "négocier" employé
dans le titre de cet article prend toute son
importance. Il faut savoir que si vous
téléphonez à votre responsable et que vous lui
annoncez souhaiter «discuter de votre salaire»,
celui-ci, même en dehors des "entretiens de
fin d'année", comprendra tout de suite
qu'il "y a un problème" et vous
donnera instantanément un rendez-vous. C'est
normal : vous n'êtes pas encore "cher"
sur le marché du travail et vos compétences
récentes sont très recherchées.
Cette demande peut donc
intervenir à tout moment. Si elle se
déclenche juste après un salon de recherche,
l'effet peut en être encore plus rapide.
Salaire d'embauche
Vous pouvez profiter d'un
changement d'emploi pour négocier votre salaire.
C'est d'ailleurs la méthode la plus efficace
pour lui faire subir un "bond"...
significatif!
Vos arguments clés : votre "connaissance du
marché" (ce qui est normal vu votre
recherche d'emploi) alliée à votre expérience.
Les "règles" :
- Ne jamais hésiter à
mentionner clairement votre prétention salariale,
- Ne jamais hésiter à en
discuter le plus tôt possible afin de ne
pas se retrouver "au pied du mur, devant le
fait accomplit face à un contrat qui vous
intéresse particulièrement.
Politique salariale
Contexte général
:
1/ Attention, qui dit "relance
économique" ne dit pas
flambée des salaires, même dans le
secteur "lucratif" des services
informatiques (comme cela se pratiquait dans les
années 80 [cf. article
sur les prestataires de service]).
2/ En tant que jeune diplômé, pas cher *et*
muni d'une petite expérience, vous êtes en
position de force. Pour reprendre la
terminologie employée dans [Négocier91],
il vous faut choisir une stratégie
de négociation compétitive ou coopérative
(cela dépend des relations à moyens et long
terme que vous souhaitez entretenir avec votre
employeur actuel) :
- Stratégie de "passage en
force" où vous faites passer à tout
prix vos revendications. Vous n'envisagez pas
nécessairement une coopération à long terme
dans un climat de confiance. Votre argument fort
sera la menace de changement de société (soit
parce que le client chez qui vous êtes en régie
veut vous embaucher, soit parce que votre
discrète recherche d'emploi vous a ouvert des
pistes)
- Stratégie
"gain-gain", où vous êtes prêt
à négocier d'autres aspects que le seul salaire
dans le but que chacun s'y retrouve, dans le
cadre d'une collaboration de plus longue durée
et d'une confiance réciproque.
Contexte particulier
:
1/ La
demande de prestations informatiques augmente
(que ce soit dans le cadre de l'Euro, du passage
à l'an 2000, mais aussi pour pleins d'autres
raisons, liées en particulier au renouvellement
de parcs informatiques obsolètes, au
renouvellement d'applications dépassées qui
bénéficieraient grandement de technologies
"objet", à la puissance de traitement
de la micro-informatique dont le coût reste
faible). Cette demande forte met pour l'instant
ce marché un peu "à l'écart" des
grands soubresauts économiques (comme la crise
asiatique).
Les salaires pour les
jeunes ingénieurs (un peu) expérimentés
(encore trop rares) ont donc augmentés.
2/ Parallèlement à cela, vous,
pour votre première expérience, vous êtes vendu pour un salaire
d'embauche qui est resté "faible"
et évolue peu (en gros 27,44 K€ (180KF)).
Un taux d'augmentation
classique ne peut ramener ce salaire à ceux du
marché.
La négociation de l'augmentation
(Arguments contre et pour)
Soyons clair : quelque soit la
situation dans laquelle vous vous trouvez, on vous opposera nécessairement
des raisons pour ne pas vous augmenter.
Les voici... avec leur contre-arguments :
«
Faites-nous confiance »
(!!!) : si vous savez pertinemment que votre
salaire est bas, répondez qu'après le temps
passé chez eux et les preuves de compétences
fournies, vous avez du mal à leur faire
confiance maintenant...
«
Vous aurez une prime »
: les primes exceptionnelles sont à éviter car
elles sont exceptionnelles (non renouvelable
d'année en année) et sont un "moindre
mal" pour la boite (car non-imposables!). Un
bon contre-argument, efficace dans les grandes
villes et pour des salaires de débutants
consiste à prétendre que l'on cherche un
appartement et que les agences exigent que l'on
ait 3 (voire 4 fois à Paris) le loyer en salaire
net. Or le salaire net ne comprend pas les
primes! |
La
négociation de l'augmentation
(Arguments contre et pour, suite
et fin)
«
Ce que vous demandez ne correspond pas à votre
formation (= vous ne sortez pas d'une grande
école) » : dès un an
d'expérience (et plus), vous pouvez balayer cet
argument en demandant, au vu de votre fonction
très pointue et technique, ce qui compte le plus
: votre formation ou la satisfaction que
manifeste le client vis-à-vis de votre
prestation (dans le cas d'une SSII où vous êtes
employé en régie) ou encore l'atteinte de vos
résultats (dans les autres cas).
«
Ce que vous demandez ne correspond pas à votre
expérience » :
reportez-vous aux arguments précédents, en
faisant valoir votre maîtrise technique, et
commencez à parler du "marché du
travail" (qui vous concerne) dont les prix
ont augmenté...
«
Vous n'avez pas un statut suffisamment élevé
pour ce salaire (ex: vous n'êtes pas encore
concepteur) » : cf.
contre-argument précédent. Profitez-en pour
rajouter que vous êtes d'accord pour atteindre
le statut en question, et négociez des
formations!
«
Cette augmentation n'est pas possible pour des
raisons d'homogénéité dans le groupe »
(en clair, quelqu'un de même nombre d'année
d'expérience que vous pourrait
"découvrir" votre salaire et le
comparer amèrement au sien. Ou encore, le coup
de la grille de salaire) :
ne vous laisser pas influencer par la situation
des "autres" (essayez déjà de régler
la votre). Là encore, brandissez les salaires
constatés sur le marché actuel, sachant que le
votre est, bien entendu, très inférieur.
Attention, il est inutile de brandir les salaires
que vous auriez pu entendre dans d'autres
filiales d'un même groupe : les politiques
salariales des filiales sont en générale
relativement indépendantes les unes des autres.
«
Il n'est pas dans la politique de la boite
d'augmenter deux fois par an »
: c'est vrai et cela rentre dans la volonté des
entreprises de maîtriser l'inflation des
salaires. Cependant, si vous faites quand même
cette demande, c'est que votre salaire est
vraiment inférieur à ceux du marché. Dites-le!
«
MERCENAIRE !» (ce
mot résume tous les arguments visant à dire que
vous ne demandez cela que pour avoir plus de
fric...) : si vous travaillez en régie chez
une SSII et que votre salaire est faible, ce
genre d'argument est vraiment risible : rien ne
vous attache véritable à cette société
plutôt qu'à une autre, "l'esprit
d'entreprise" étant très faible. Un
premier contre-argument "conciliant"
consiste à dire que si votre démarche était
uniquement motivée par l'argent, vous seriez
déjà parti chez une autre société! Si votre
interlocuteur persiste, précisez bien que des
"opportunités" s'offrent ailleurs!
«
Vous ne demandez cela que pour améliorer vos
loisirs! » : il s'agit
d'une variante de la précédente à laquelle
vous pouvez répliquer, indigné, que le coût de
votre vie est une question très personnelle, et
que votre interlocuteur ne sait rien de votre
"budget", compte tenu de votre
situation familiale (marié... avec un ou des
enfants...).
cf. aussi Nature
et objet d'une organisation.
Et rien que
pour vous... la cuvée 2000
:
«
Marchand de tapis ! »:
en clair, vous demandez beaucoup en espérant
obtenir un peu moins. Indiquez de suite que ce
n'est pas votre intention et que le salaire
évoqué constitue un minimum basé sur le
marché du travail. Vous pouvez même en rajouter
une couche en précisant que vous ne demandez pas
"plus" (à savoir comme certaines
offres alléchantes du marché), car vous savez
que votre société ne peut pas suivre et que
vous tenez réellement à rester chez eux! En
résumé, ce que vous demander est un minima.
« Le client doit
accepter de surfacturer votre prestation ! »:
certes... si vous demandez plus, vous coûtez
plus et la marge est diminuée. Indiquez que vous
êtes disposé à changer de mission si cela peut
aider... à trouver un client plus généreux....
ou bien... cf. fin de mission en SSII.
«
A votre niveau de qualification, ce n'est pas
possible ! »: demandez
à monter d'un niveau (ex. de ingénieur
d'études à ingénieur concepteur). Attention,
au delà de 45,73 K€ (300KF), le niveau "chef de
projet" reste le seul disponible.
«
Vous demandez trop d'un coup! »:
Si votre (grosse) demande est justifiée par une
remise à niveau de votre salaire par raport à
ceux du marché du travail, précisez bien que
votre marge rentrera dans la moyenne. Du coup, en
quoi est-ce un problème??? La marge avant
augmentation était donc plus qu'intéressante.
«
Votre % d'augmentation est trop important! »:
les patrons aiment vous faire demander votre
augmentation en % : cela vous culpabilise de
demander de 10 à 20% d'augmentation (situation
courante vu le retard en terme de salaire, retard
contracté au cours des années de crise 1991-1996).
Demandez
toujours votre augmentation en KF et non en %.
Et balayer l'argument précédent en précisant
que vous êtes diposé à ne bénéficier que de
2% d'augmentation... basé sur le salaire de
votre interlocuteur (si vous pensez qu'il est
bien plus élevé que le votre, bien sûr)! A
dire toutefois "diplomatiquement" :).
Conclusion
Ces
différents arguments sont à pondérer
selon que vous teniez ou non à rester dans la
société qui vous emploie. De plus, n'oubliez
pas que cet article
s'adresse aux ingénieurs juniors
(environs 1 à 4 ans d'expériences
professionnelles, avec des postes à
responsabilité limitée, allant jusqu'à
"chef de projet junior"). Au-delà, il
faut tout revoir! D'autres facteurs interviennent
avec, par exemple, le désir d'une plus grande...
stabilité! |