Tendance
générale
L'expatrié français a longtemps
été considéré comme l'un des plus chers du
monde : la mobilité ne faisant pas partie de la
mentalité des Français, il a fallu recourir par
le passé à de "sérieux arguments"
financiers pour le faire bouger.
La tendance est aujourd'hui
à l'économie d'autant que les
informaticiens, échaudés par la récente crise
91-96 (comme celle
décrite pour les SSII) sont plus favorables
à bouger (essentiellement Luxembourg,
Angleterre, Etats-Unis).
Si le salaire n'est pas
touché, les primes et autres avantages en nature
sont revus à la baisse, surtout pour les
pays de l'Union Européenne.
Certaines sociétés, plutôt que de détacher
leurs salariés, les emploient sous contrat local
(donc sous le statut d'expatrié), ce qui leur
coûtent moins cher. Cette "solution"
n'est toutefois réservée généralement qu'aux
débutants ou aux missions dans les pays de
l'Union Européenne.
Ce qui suit décrit les éléments de la
rémunération.
Salaire de base (ou de référence)
Il s'agit pour un expatrié
(embauché sous contrat local) de la source de
revenu principal. Il peut négocier d'autres
avantages, mais ses revenus s'appuient d'abord
sur ce salaire.
Pour un "détaché",
l'entreprise française a le choix entre
plusieurs méthode :
- Salaire de référence "pays
d'origine" :
le salaire correspond au montant que vous auriez
touché si vous étiez resté en France, ou
au salaire brut que vous perceviez avant d'être
envoyé à l'étranger.
Utile au moment du retour,
car vous restez "positionné" sur le
marché de l'emploi français.
- Salaire de référence "pays
d'accueil" :
le salaire correspond à celui que touche un
ressortissant local pour un poste équivalent.
- Salaire de référence "pays
tiers" :
le salaire correspond celui touché dans un pays
choisi par l'entreprise (le plus souvent, dans le
pays où se situe la maison-mère du Groupe).
- Salaire de référence
"international" :
le salaire correspond au montant fixé par
l'entreprise pour chaque fonction.
Remarque : vous
bénéficiez des mêmes augmentations générales
et autres avantages (prime d'ancienneté, 13ème
mois, etc.) accordés par votre entreprise
française à vos collègues restés en France.
Les incitations
Ces "avantages" ne
concernent bien sûr que le "détaché"
et non le véritable expatrié qui se fait
embaucher sous contrat local par une entreprise
étrangère (et qui aura donc négocié ses
propres avantages).
La première d'entre ces
incitations s'appelle la prime
de mobilité. Elle consiste en un
pourcentage sur le salaire de référence (brut
ou net selon les entreprises).
Le pays d'expatriation influence énormément ce
pourcentage : de 80 à 100% pour le Nigeria, il
diminue entre 20 et 40% pour le Japon, 10 à 15%
pour les Etats-Unis et 5% voir moins pour
certains pays de l'Union Européenne. (ces
chiffres sont purement indicatifs).
Les avantages en
nature sont également très
appréciés mais réservés aux pays
"lointains" ou "difficiles" :
En voici une liste non-exhaustive des domaines
qui sont concernés et que vous devrez négocier
lors de la rédaction de l'avenant
d'expatriation.
Logement : plafond de loyer autorisé,
meublé ou non, remboursement des loyers ou
indemnité de logement, mise à disposition
gratuite, prise en charge ou non des frais de
téléphone, de gaz et d'électricité...
Véhicule : location ou indemnité
d'utilisation ou d'achat, prise en charge ou non
des dépenses d'entretien, d'assurance, de
carburant...
Impôts : l'employeur peut prendre en
charge tout ou partie des impôts que vous
paierez à l'étranger. L'avenant précisera le
calcul du montant et les modalités de
remboursement.
Compensation des prestations familiales :
lorsque l'expatriation vous fait perdre tout
droit aux prestations familiales du régime
français, l'employeur peut verser une indemnité
compensatrice dont les modalités et conditions
de versement seront précisées par l'avenant.
Frais de scolarité des enfants : nature
des frais (droits de scolarité, livres,
fournitures...), internat, demi-pension ou
externat, dépenses exposées pour une scolarité
en France ou à l'étranger, âge limite des
enfants pour la prise en charge...
Voyages : périodicité et nombre des
voyages pris en charge par l'employeur, classe,
bénéficiaires, trajets admis... (en général,
un voyage aller-retour par an est offert).
Déménagement : limite des volumes admise
pour le mobilier, choix libre ou non du
déménageur, prise en charge des frais exposés
pendant la période d'installation, remboursement
du garde-meuble pour le mobilier non déménagé,
dépenses de double résidence.... |
Les
compensation de surcoût
Il s'agit, là encore pour les
"détachés", de prendre en compte les
différences de niveau de vie entre la France et
le pays d'affectation.
Les principaux éléments retenus par la
majorité des employeurs français sont :
Le différentiel de
coût de vie :
Il s'agit d'un pourcentage appliqué au
"salaire" (dont la définition varie
selon la méthode employée : salaire de base,
impôts déduits ou non, etc.).
Ce pourcentage est le plus souvent positif. Il
peut parfois être négatif, mais, dans ce cas,
il est rarement appliqué.
L'égalisation
fiscale :
L'usage veut que l'entreprise prenne à sa charge
une partie de l'impôt sur le revenu payé à
l'étranger afin de garantir que vous ne supportiez pas une charge
fiscale supérieure à celle qui aurait été la
votre si vous étiez resté en France.
Il n'existe aucune obligation fiscale en la
matière!
Le déménagement
et le logement :
Ces frais, que vous n'auriez pas fait si vous
étiez resté en France, sont le plus souvent
pris en charge par la société.
La situation de
famille :
=> le conjoint : s'il vous accompagne, il
quitte son travail. Ce manque à gagner n'est
presque jamais reconnu à l'identique mais
certaines entreprises apportent des aides (comme
l'appel à des cabinets d'out-placement,
pour les pays où le conjoint à droit de
travailler).
=> les enfants : leur scolarisation dans une
école française de l'étranger ou dans un
internat en France est toujours payante. Ces
frais sont souvent pris en charge par
l'entreprise.
Divers :
Assurance rapatriement, partie des cotisations au
régime français d'assurance sociale des
expatriés, ...
Comptes bancaires et épargne
A faire :
- Ouverture, en France, d'un compte de non résident
en francs ou en devise,
- mise en place d'un système de virements ou de
prélèvements adaptés,
- informations sur les conditions et coûts des
transferts de fonds,
- ouverture du compte bancaire à l'étranger.
Donc : choisissez bien la banque qui va s'occuper
de vos finances pendant le séjour à
l'étranger. Elle devra :
- fournir en France services et explications
relatives à votre situation d'expatrié,
- suivre ses clients à l'étranger,
- offrir des services de gestion patrimoniale
adaptés,
- mettre à votre disposition un équipement
complet en moyens de communication (fax,
téléphone, télex, internet).
Compte en France
:
Il vous sera utile pour encaisser votre "part France" (cas des
"détachés"), régler diverses
échéances françaises, payer vos impôts
français, ...
La carte Visa International est fortement
recommandée.
Compte dans le pays
:
Il est quasi-obligatoire et très variable selon
les pays.
Prenez en compte la
réglementation des changes qui peut limiter les
possibilités de transfert ou les assujettir à
de lourdes formalités allongeant les
délais. Cela peut changer
vos modalités de rémunération : si le
rapatriement d'argent vers la France est
"difficile", mieux vaut vous arranger
pour ne vous faire verser que le strict
nécessaire en local...
vous pourrez conserver ce compte même après
votre retour en France, à condition de le
déclarer au service français des impôts.
Epargne et
patrimoine :
Les "détachés" (expatriés par une
entreprise française) sont de gros épargnants
en puissance. Vous serez confronté à la gestion
de ce patrimoine et une offre pléthorique. Bref,
mieux vaut s'adresser à un spécialiste.
Conclusion
Pour les
"détachés-expatriés", lorsque
l'on vous propose un salaire
"expatrié", votre
premier réflexe doit être de savoir ce que ce
salaire comprend.
S'il ne comprend pas tout, il vous faut définir
avec précision les primes et autres avantages
qui viendront s'y rajouter afin de déterminer
réellement si l'offre est intéressante.
A ce sujet, la politique d'embauche d'une
entreprise qui cherche un employé à expatrier
est "fine" : au cours des entretiens,
elle ne mentionnera jamais le salaire mais vous
demandera vos prétentions(!). A vous de vous
renseigner pour citer un salaire
"cohérent" et pour savoir le
"détailler" (c.à.d. préciser ce que
ce salaire inclut comme frais pris en charge par
la société).
Pour les vrais expatriés,
à vous de négocier un
salaire "local" qui saura compenser
tous les frais qu'entraîne une expatriation. |