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Liste Noire -
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"Liste Noire" en SSII ?!?
sans doute une "légende urbaine"
(enfin, j'espère...)
[forums], [XHugonet], [Alaincaduc], [JargonFrançais]
|
Mais une légende qui peut faire
mal, comme en témoigne ce jeune ingénieur en
informatique.
En résumé, il s'agirait d'une
liste que se partagent les SSII et sur laquelle se trouve
l'ensemble des prestataires "à ne surtout pas
embaucher". S'y retrouver inscrit équivaut à perdre
tout espoir de trouver du boulot dans ce secteur.
De deux choses l'une :
- ou cette liste existe, et il faut en dénoncer
vigoureusement son existence ;
- ou cette liste n'existe pas, et il faut en dénoncer
vigoureusement son utilisation en tant qu'argument de
dissuasion lors de certains licenciement houleux (cf.
témoignage au début de cet article). Ce serait du FUD pur et simple.
Évidemment, en tant que simple
informaticien, je n'ai pas les moyens (cf. avertissement)
de me prononcer avec certitude en faveur de l'une ou de
l'autre hypothèse. Je pose simplement la question de la
nature de cette "liste" et je livre quelques
réactions déjà collectées sur ce sujet.
Mes remarques sont en [italique
rouge entre crochet].
Les réponses sont mises en exergues en italique
bleu. |
Témoignage à l'origine des
réactions
Tout commence début 2001 pour cet ingénieur
informaticien qui cherche à se faire embaucher dans une SSII
"A". Au cours de son entretien d'embauche, son
interlocuteur lui a fait part du cas d'un ingénieur informaticien bien
sous tout rapport, avec un excellent CV, qu'elle avait envisagé de recruter
et dont elle s'était aperçu, après avoir vérifié par soucis de rigueur, si son nom ne figurait pas sur la " liste noire des ingénieurs informaticiens à ne surtout pas recruter "
( liste commune existant entre les différentes SSII de la place parisienne) que son nom y figurait en fait , ceci après qu'il eu échoué à 4 missions de prestations chez des clients .
Cet interlocuteur lui aurait alors précisé avoir
aussitôt revu sa décision, et décidé de ne pas le recruter!
Il se trouve que cet ingénieur n'a pas été embauché par cette société, car
il avait entre temps signé ailleurs dans une autre SSII ("B").
Or début 2002 commencent les ennuis avec cette
société "B" : licenciement abusif suite à un
inter-contrat, documents officiels antidatés, congés non-payés, ...
et surtout, menaces de le mettre sur la fameuse "liste
noire", accompagné de promesse de tout mettre en oeuvre pour le casser et
pour qu'il ne retrouve pas du travail par la suite...
[Avant toute chose, quelques remarques
s'imposent :
1/ C'est illégal (me fait remarquer [XHugonet], DRH en SSII)
:
Le risque est énorme. "Aucune information concernant personnellement un salarié ne peut être collectée par un
dispositif qui n’a pas été préalablement porté à sa connaissance". (Art
121-8 du Code du travail).
Le risque ?
Analyse d'un non-recrutement en licenciement abusif, et une contravention de 5ème classe
par nom transmis sur une telle liste.
Évidemment, comme pour tout, comme pour le délit de marchandage ou les sociétés de portage, on peut se dire que la
justice ne condamne jamais ou presque jamais. Mais ça peut changer.
2/ C'est peu connu et peu ou pas utilisé
Dans un marché aussi diffus et existant depuis plus de
10 ans, cette liste aurait déjà fini dans les pages de Libération ou du Canard
Enchaîné. Le turn-over dans les SSII est énorme, au niveau technique
comme administratif, et les rancœurs sont nombreuses.
De plus, à ma connaissance, une telle liste n'existe pas au niveau
de l'ensemble des agences d'intérim, qui est pourtant un secteur ou la concentration est
100 fois, voire mille fois, celle des SSII avec seulement 3 ou 4 grands
acteurs. Il existe peut-être une liste noire nationale de telle ou
telle très grande société d'intérim, et
encore, mais elles ne se les partagent pas. La perspective que
"l'ensemble des SSII" se partage une telle liste est donc
faible.]
Réaction d'un commercial
Je n'ai pas entendu parler de ceci, par contre je
peux te parler d'un autre type de liste noire dont j'ai eu vent un jour d'un
acheteur de [Grande Banque]......
Les acheteurs des principales banques se connaissent et se réunissent de temps
à autre pour faire des petits commentaires concernant leurs relations avec les
différentes SSII. Ils ont alors établit une liste dite "noire" pour reprendre justement les termes de ce responsable achat. Sont alors répertoriées
toutes les SSII ayant fait des coups "fumeux" ou avec lesquels il ne semble ne pas faire bon travailler...
[Confirmé par [XHugonet] : Par contre, je pense qu'il existe bien des listes de SSII et
indépendants à éviter qui peuvent circuler entre entreprises d'un même
secteur. De plus, dans ce sens là, ça n'a rien d'illégal.]
Voilà.
En revanche, concernant les SSII et l'existence d'un fichier commun, cela me
semble très peu probable, sauf éventuellement pour quelques grosses
sociétés.
Déjà regrouper toutes les SSII me semble difficile, d'une part, et d'autre part la
concurrence est telle que chaque SSII est avide d'info sur sa concurrente, je
les vois mal, dans la psychologie SSIIenne réussir à s'entendre pour un tel
point alors qu'elles se tirent toutes dans les pattes.
[En clair, une SSII serait trop contente
qu'un concurrent engage un prestataire connu pour être un "vrai
boulet"... cela lui permettra de mieux se positionner sur ce
compte une fois que son concurrent s'y sera grillé!]
Par contre, que les Banques ou Telecoms le fassent, cela est très probable voir
plus que probable, étant donné le fait qu'ils ont su travailler ensemble pour
classer les SSII, pourquoi n'auraient ils pas fait le même process pour les
prestataires.
[[XHugonet] tient à tempérer ce
propos en faisant remarquer que : on peut voir cela dans certains secteurs de la banque, mais c'est tout simplement parce que
certains métiers de la banque concernent un nombre très très réduit de
personnes qui se connaissent toutes (actuaires, gestion actif-passif...).]
Je vois cela d'autant plus probable pour les
indépendants
qu'ils cherchent à connaître et qui sont parfois plus "filous" que les prestataires
"communs"...
Réaction de [XHugonet], DRH en SSII
[Sur le principe même
d'une liste noire partagée par toutes les SSII, il affirme
clairement y croire très peu :]
Centralisée par qui ? Vendue ? Offerte ? Si gratuite, pour quelle raison
et dans quel but ?
La liste noire des SSII est un vieux mythe, une légende urbaine. Un peu comme le "livret de travail" qui suivrait les
salariés d'employeur en employeur (et qui n'a existé que durant environ
70 ans fin 18ème, début 19ème siècle), ou comme la vieille menace "tu ne
devrais pas nous envoyer aux prud'hommes, tu sais. Le monde est petit".
[Pour info, d'après
[JargonFrançais], une légende urbaine est un « Mythe ou rumeur se propageant
sans raison apparente dans la population, avec une tendance
soit superstitieuse, soit paranoïaque/conspiratrice » ;)]
[Pour info-bis, [XHugonet] me précise l'origine
du "livret de travail" ([Alaincaduc]), institué par Napoléon en 1803 afin de restreindre le 'vagabondage ouvrier'. Il a été
ensuite détourné de son but par les employeurs - notamment avec
l'interdiction des coalition d'ouvrier pour cesser le travail! - pour devenir l'instrument
décrit dans la légende urbaine aujourd'hui avant de disparaître
définitivement en 1890.
Certains sont toujours persuadés qu'un "dossier" les suit
d'employeur en employeur tout comme le "livret étudiant" les suivait de collège en lycée. La liste noire
pourrait bien n'être qu'une extension de ces légendes...!]
Le marché des SSII est très diffus et concurrentiel.
- Comme il est diffus, il serait déjà très difficile de réunir des SSII, même les plus
grosses, sur des sujets communs.
- Comme il est très concurrentiel, certaines SSII seraient bien contentes de voir une autre SSII
concurrente chez un grand compte embaucher une personne qu'elles savent
mauvaise, la placer, et récupérer ses contrats.
Même si un acteur sur 10 pense cela, ça suffit pour rendre la liste peu viable, comme le suggère
d'ailleurs l'auteur du mail initial qui pense qu'il aurait été placé à
tort sur une telle liste.
[Dans la page des réactions
sur la Liste Noire, Xavier évoque un
moyen original pour "contrer" cette pratique!]
[D'où ma question :
"je voudrais savoir comment tu fais, au niveau DRH, pour éviter de recruter un candidat de très bon niveau, qui semble bien présenter...
mais qui n'a pu s'entendre avec le client lors de ses dernières missions pour sa
précédente SSII ? Bref, quelqu'un de peu "vendable" sur le terrain, même
s'il semble bien "en apparence" (donc lors des entretiens d'embauche)..."]
[Cf. aussi la réaction de
Christophe Thiry dans la page de réactions
sur la Liste Noire]
La réponse à la question est assez simple, en fait : je n'arrive pas à
l'éviter. On peut dire qu'il existe une fraction irréductible d'erreurs
de recrutement de 15 à 20% (et, moi aussi, il m'arrive d'aller faire un
tour aux prud'hommes). Ce qui est intéressant, ce sont les raisons.
Que nous reste t-il pour éviter les 15-20% d'erreurs de
recrutement, à part notre propre instinct et outils d'entretien ? (On part bien sur du principe que le candidat ne va
pas afficher qu'il ne s'est pas entendu avec le client final de sa dernière SSII, car il ne veut pas qu'on pense qu'il refuserait toute
régie) :
1/ Le contrôle de références : Ca ne sert qu'en cas de déménagement ou de
licenciement économique. En effet en cas de démission, de velléité de
changement de poste, de licenciement pour faute, il existe des rancœurs
des deux cotés, et le contrôle de référence pourra être négatif sans
raison valable, ou positif dans le but de placer un mauvais à la concurrence. Et, dans tous les cas, on se retrouve à ne devoir se fier
qu'à son instinct.
2/ Les tests de personnalité : Il a été démontré par de nombreuses études
statistiques qu'ils avaient autant de signifiance que les méthodes de
recrutement par l'astrologie ou la graphologie.
D'autres analyses ont montré que le hasard avait une meilleure efficacité que certains tests.
[Cf. aussi
tests de recrutement]
3/ Les tests en situation "Assessment Center" : C'est bien mais c'est
lourd à mettre en place, et c'est coûteux. Seul les grosses sociétés et
grands cabinets de recrutement peuvent réellement y recourir.
4/ Il ne nous reste donc que la
période d'essai [cf. dossier Période d'Essai]
qui, après tout, a bien été inventée pour cela. Bien sûr, pour certaines SSII, que nous connaissons
tous deux, c'est délicat car la période d'essai se fait soit en intercontrat (et alors, sa rupture serait abusive), soit chez le client
(et le contrat peut être coulé en 1 mois).
« Liste Noire, noir c'est
Noir ? Il n'y a plus d'espoir ?
Simples Menaces en l'air ? Ou vraie mise à l'index ???
Il faut y voir plus clair, ne plus être perplexe
Face à l'obscur pouvoir de cette Liste Noire. »
(cf. aussi : les poèmes sur le monde du Travail)
Questions restantes
Certes, ces réactions sont dans
l'ensemble rassurantes. Mais peut-on pour autant balayer cette menace
d'un haussement d'épaule dédaigneux ?...
En effet, il reste toujours 2 perspectives :
- la possibilité qu'une telle liste existe entre filiales d'un même
groupe :
Il est par contre toujours possible que plusieurs sociétés d'un même
groupe tiennent une telle liste (il existe de nombreux groupes comprenant
comme filiales SSII, Agences de travail temporaire, Web Agencies, sociétés de communication et de marketing, et sociétés
d'investissement financier ou immobilier). Il existe aussi des sociétés qui s'acoquinent
à trois ou quatre pour pratiquer, en fait, de la concurrence déloyale
(en se partageant des contrats par propositions/contre-propositions commerciales).
- la possibilité d'un mini-réseau entre ce
commercial menaçant et d'autres de ses amis dans d'autres SSII...
mais la portée d'une telle menace (qui rejoint celle du "monde
est petit") reste limitée, et ne doit pas vous empêcher de
poursuivre votre carrière.
Évidemment, si vous, lecteur concerné par ce
monde des ingénieurs en informatique, avez quelques éléments de
réponse sur ce sujet, vous êtes le bienvenu pour témoigner,
de façon anonyme ou non.
D'ailleurs, 3 mois plus tard, début mars 2003, voici quelques réactions et
commentaires.
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