De quoi
s'agit-il ?
Il s'agit d'un statut de style artisan, sans sécurité
sociale ni protections propres au salarié.
Dans la très grande majorité des cas, le paiement se fait à la
journée, ce qui a des implications...
redoutables! Une journée
chômée est une journée non payée,
quelle qu'en soit la raison (mariage, naissance,
arrêt maladie, pont, jour férié...). Le mois
de mai, par exemple, est un mois
"difficile". Il n'y a pas "5
semaines" de congés. C'est vous qui
décidez de vos vacances, en gardant en tête
leurs conséquences financières (pas de paie)!
La procédure pour s'inscrire est très simple :
il suffit de se rendre dans
une antenne locale de l'URSSAF, muni d'une carte
d'identité. Vous remplissez alors une
"déclaration de
début d'activité" et vous obtenez
immédiatement un N° SIREN
(provisoire).
PAC!
(Piège A Con). Pour vous inscrire en tant
qu'indépendant, il faut avoir déjà commencé
à travailler. Et pour commencer à travailler en
tant qu'indépendant, il faut être inscrit (les
patrons n'ont, pour des raisons fiscales, pas le
droit de vous engager en tant qu'indépendant si
vous n'êtes pas inscrit). La seule solution
(non-officielle) consiste à déclarer, en remplissant son
imprimé de début d'activité, que l'« on a commencé à travailler la veille ». Aucun justificatif ne
vous sera demandé!
Revenus & Impôts
Les revenus semblent très élevés
(2 à 3 fois le salaire brut). Pour votre
employeur, vous ne représentez en effet qu'une
simple ligne comptable, une facture à payer tous
les jours. Votre salaire
doit refléter l'absence totale de charges
patronales.
Un débutant peut donc tabler sur 40000F/mois. Le
problème ? Les impôts sont également très
élevés.
Dès les premiers jours après
votre inscription, vous recevez un appel de cotisation de l'URSSAF.
Il s'agit d'une cotisation trimestrielle. Cette
cotisation se base sur le CA de l'année
précédente et se monte, la première année à
une somme forfaitaire de 1271F par trimestre.
Attention, selon votre CA, cette même cotisation
passera facilement aux alentours de 25000F par
trimestre l'année suivante!
Vous recevez ensuite toute une série de prospectus émanant de
mutuelles agréées, prévenues
automatiquement par l'URSSAF et qui vous offrent
une protection sociale privée très correcte.
Vous êtes obligé d'en choisir une dans les
trois mois qui suivent votre inscription.
Vous recevez enfin, un mois après l'inscription,
une demande de
renseignements de la part de votre centre des
impôts concernant la taxe professionnelle.
Il s'agit alors de décrire votre appartement, sa
surface ainsi que le % de cet appartement que
vous consacrez à votre activité
professionnelle. Si vous déclarez, par exemple,
20% de votre appartement, vous ferez ainsi passer
en "frais professionnels" 20% de votre
loyer, de votre électricité, etc.
Les déductions pour frais
professionnels constituent le premier gros
avantage de ce statut (le deuxième est décrit
dans le dernier paragraphe). De plus, si vous
adhérez de vous-même à un "Centre de Gestion Agréé"
(qui se charge de valider votre bilan de fin
d'année), le fisc vous accorde 20% d'abattement
supplémentaire de déduction de vos revenus.
Pour le fisc, il s'agit en effet d'un
"pré-contrôle fiscale" que vous
financez et effectuez volontairement. Cela leur
évite de contrôler ceux qui, a priori, ne
fraudent pas.
- Si vous déduisez, par exemple, 10000F sur les
40000F précédemment évoqués, l'expérience montre que les
30000F restant se divisent en trois. Un tiers
pour les URSSAF, un tiers pour les Impôts et un
tiers pour soi. Si l'on garde bien en
tête cette "règle non-écrite des trois
tiers", il n'y a pas de problèmes pour
réaliser des prévisions budgétaires stables...
sinon, il faut toujours "sortir" 20000F
d'impôts et de charges tous les mois, y compris
l'année suivant l'arrêt de son statut
d'indépendant (puisque les impôts d'une année
concerne les revenus de l'année précédente!)...
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Exemple
d'utilisation
Il faut savoir que
l'on peut très bien se
faire embaucher pour un poste classique de
prestataire de service SSII, mais en tant
qu'indépendant. Cela se précise
naturellement lors de l'entretien d'embauche
(dès les tous premiers contacts) et c'est assez
recherché en ce moment : un indépendant
n'entraîne aucune charge particulière. Sachez
que, en très gros, en tant
que salarié classique, vous "coûtez"
à votre employeur le double de votre salaire
annuel (la moitié de votre salaire annuel
passe aux URSSAF, comme le montre une
fiche de paie d'un salarié, le reste part en charges
d'exploitations diverses). En revanche, en tant
qu'indépendant, vous représentez une simple
facture. Vous ne rapportez que si vous
travaillez. Votre salaire (élevé par rapport à
un salarié classique) vient directement en
diminution du CA de l'entreprise, donc de ses
impôts. De plus, en cas de baisse d'activité, les indépendants représentent
une "masse" salariale très souple, que
l'on peut virer du jour au lendemain.
Le processus d'embauche reste donc identique à
celui d'un prestataire classique si ce n'est que
dès le début il vous faut négocier un contrat
d'indépendant. Ce "plan" reste
intéressant si l'activité de l'entreprise est
bonne, sinon les indépendants sont les premiers
à dégager.
Avantages & Pièges
Le seul réel avantage de ce statut
réside dans ses avantages en nature. Il s'agit
pour vous de réussir à
déduire de vos impôts un maximum de
"charges professionnelles" afin, à
terme, de vous constituer "à moindre
prix" un patrimoine.
La clé de cette "astuce" en tant
qu'indépendant réside dans la "location-bail" (ou
"leasing")
avec option de rachat. Examinons en effet
"ce qu'il ne faut pas faire" : Si vous
achetez (à titre professionnel bien entendu) un
ordinateur, vous entrez dans le régime de
l'immobilisation. Vous déclarez donc une petite
somme chaque année pour l'amortir. A la fin, cet
ordinateur ne vous appartient pas.
En revanche, en location-bail, vous pouvez
déduire de vos impôts chaque mensualité que
vous payez. A la fin du contrat de location-bail,
vous avez le droit, en tant
que personne individuelle, de racheter le produit
que vous avez loué pour (par exemple) 5% de sa
valeur originale et ce, dans un temps plus
court que l'amortissement, donc en déduisant des
sommes plus importantes de vos impôts. Si l'on
considère un ordinateur dernière génération
acheté 30000F, celui-ci vous permet de déduire
pendant 3 ans (durée du leasing) de l'argent de
vos impôts et vous le rachetez pour votre usage
personnel 1500F. Certes, en 3 ans il est
démodé, mais un ordi à ce prix (avec son
écran 21 pouces dont le prix, lui, n'a pas
vraiment baissé en 3 ans)... reste plus
qu'intéressant!
Ce raisonnement s'applique également aux
voitures, à une certaine surface de votre
appartement, à vos fournitures bureautiques,
etc. Il importe donc, dès
le début de votre nouveau statut, de déclencher
un maximum de leasing afin de cumuler les remises
sur vos impôts.
Cela peut entraîner un comportement
"pervers" : tout ce que vous achèterez
sera forcément "cher". Votre voiture
ne sera pas un "petit modèle", ou
encore votre forfait pour votre téléphone
portable ne sera pas le plus économique...
Normal : l'argent net qu'il
vous reste chaque mois ne vous sert pas à payer
votre voiture ou vos autres crédits (comme c'est
le cas pour un salarié normal) puisque *cela est
déjà fait* après paiement des impôts.
Le "bon plan" consiste donc à
abandonner son statut d'indépendant pour se
faire embaucher en tant que salarié classique au
bout de la durée de vos leasings. Vous rachetez
alors tout ce que vous avez loué. Le gros problème de cette
politique réside dans les impôts :
l'année suivante, ceux-ci restent très élevés
(puisqu'ils prennent en compte vos revenus de
votre dernière année en tant qu'indépendant).
Or vos revenus de cette "année
suivante" sont ceux d'un simple salarié...
Mieux vaut avoir économisé avant de se
retrouver face à cette douloureuse réalité!
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