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Prestataire 2001-2002


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Préavis
 

(2/2)
« NTIC »
Nouvelles Trouvailles Incitant à la Consommation ?


    Si vous avez lu le premier témoignage de ce jeune ingénieur, vous savez qu'il a choisi de quitter sa SSII. Celle-ci travaille dans les NTIC. Et visiblement, ces quatre lettres ne lui laissent pas que des bons souvenirs.
    Il faut préciser que les NTIC regroupent beaucoup de "nouvelles technologies", et pourtant il y en a une qui a vraiment dégusté la crise de
l'après pic boursier d'avril 2000 : c'est le secteur des télécommunications.
    Et quelle était le domaine professionnel privilégié par son ex-SSII ?...
    Mmmm oui, bravo, vous avez deviné : les télécommunications.
    Voici donc ses impressions sur les NTIC, suivi de quelques questions sur une tendance inquiétante du marché actuel (début 2002) des prestations informatiques : la délocalisation !

Mes questions sont en
rouge.
Mes commentaires sont en
[italique rouge entre crochet].

NTIC, enfin un retour à la raison ?

    Il me semble que les Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications, ou, pour les informaticiens passionnés, les NTIC, n’ont plus la côte auprès de certains jeunes ingénieurs avides de s‘éclater dans un monde d’informatique virtuelle et d’avatars qui n’ont plus besoin de paramètres formels pour prendre les bonnes décisions.
    Le secteur des Télécoms, très touché par la crise, licencie à tour de bras et des ingénieurs se retrouvent sur le carreau.

    Je voudrais vous donner ma définition, toute personnelle, mais sûrement partagée par d’autres, de ce que sont les NTIC afin de persuader, peut être, certains jeunes ingénieurs qu’un retour à la raison s’impose.

    Les NTIC, qui ont connu un boum ces dernières années avec le téléphone portable (mais pas seulement) est un système purement économique.
    Si vous avez travaillé chez un grand constructeur Télécoms, vous avez peut être eu cette sensation que le but du jeu n’était, non pas de finir avec passion votre développement informatique pour fournir des services fiables et utiles, mais de vous « grouiller le cul » parce que si le produit ne sort pas avant la fin du mois, on est cuit. Que ça tombe en panne au bout de 3 mois d’utilisation, on s’en fout. Le principal, c’est que ça  marche pendant la recette client.


    J’ai 27 ans (et toutes mes dents). Bientôt marié, bientôt papa (j’espère). J’ai Internet, ma « femme » et moi avons chacun son portable, le câble, une banque, et j’ai un super commercial avec qui je m’entends très bien. [celui de sa futur ex-SSII de son
précédent  témoignage]

    Internet, 15 euros par mois, les portables, 61 euros par mois, le câble (très utiles pour s’informer sur les NTIC outre atlantique), 25 euros par mois, les services en ligne (chouette pour la consultation en temps réel de votre compte bancaire, pour télécharger le dernier tube de Vivendi, etc. …), environ 5 euros par mois.


     Je vous laisse faire le calcul sur un an de ce que vous coûte, et à plein d’autres, les NTIC. En ce qui me concerne, cela fait 1300 euros (8500 F). Et là, je ne compte pas mon voyage professionnel en Indonésie pendant 3 mois où j’ai payé à Opérateur Téléphonique [appelons-le "OT"] un paquet de pognon, mais c’était remboursé… ouf !


    Les grandes entreprises publiques n’ont jamais reçu autant de curriculum-vitae qu’en cette période sombre pour les SSII (cf. Le Monde Économique – novembre 2001 [plus précisément celui du 16/11/2001]).
    Savez – vous, candidats, que la grande majorité des développements informatiques dans ces grandes sociétés doivent être fiables et éprouvés. Attendez-vous à avoir à coder du Modula2, du Fortran, du C sous DOS. On est souvent loin des nouvelles technologies telles que certains peuvent en avoir envies à la sortie de l’école.
[ahhh.... le poids du legacy, de l'existant. Souvenez-vous de cet
ingénieur de 30 ans qui en parlait déjà en 2000. Cela peut jouer sur vos carrières en SSII.]

    Les NTIC servent uniquement (encore une fois, c’est un sentiment personnel) à faire  vivre des ingénieurs, des techniciens, des câbleurs, des opératrices qui sont toujours très gentilles quand vous voulez résilier votre forfait, des
start-up qui tentent de vous fournir des services qui servent, en fin de compte, à rien. Mais c’est aussi des SSII avec leurs commerciaux, ingénieurs prestataires, comptables, secrétaires, etc.…, etc.…
[marrant, cela rejoint la conclusion de notre
ingénieur de 30 ans].
     Pensez-vous honnêtement, qu’avoir le GPS dans sa voiture (les services sont payants Messieurs Dames) est une révolution technologique ou un moyen de continuer à payer nos salaires ? Ne trouvez-vous pas normal que cette crise est quelque part logique et qu’il faut en assumer les conséquences ?
    [mmm.... personnellement, mon analyse vient du fait que le cycle d'équipement est très court : il est plus facile à une population "importante" de s'équiper "rapidement" - sur 2-3 ans - de téléphone portable à 152,45 € (1000 F) ou
304,9 € (2000 F), que de s'équiper - sur la même période - d'ordinateur (nettement plus cher). Il faut dire qu'un abonnement est plus attractif qu'une "grosse dépense". 
     Et une fois équipé, il est rare que le renouvellement du matériel soit rapide. D'où des ventes en baisse.
     L'ordinateur connaît également la crise, mais un peu moins marquée du fait que :
- tout le monde n'est pas encore équipé... même si la démocratisation des prix de ce type de matériel accélère le mouvement ;
- les jeux 3D sans cesse plus impressionnants ou encore les applications vidéo toujours plus accessibles aident à conserver une motivation forte pour mettre à jour / renouveler son matériel, d'où un cycle de renouvellement de matériel plus court que celui des télécoms.
    Malgré cela, les grands constructeurs historiques ont bien compris que la seule construction de matériel est insuffisante, et ils se tournent, pour "arrondir les fins de mois", vers la prestation de service de haut niveau : le
conseil et ses consultants.]

    Comme dirait le gentil monsieur, avec des chaussures toutes neuves, dans la rue :

            Gentil monsieur
 : « Il faudrait être fout pour dépenser plus ».

     C’est pour toutes ces raisons que le retour à la raison (c’est le cas de le dire) s’opère actuellement.

     Même si les NTIC ont sauvé des vies humaines – j’ai entendu dire que des skieurs (hors pistes) avaient été sauvés grâce à leur portable – n’oubliez pas que nous vivons dans un monde ou les nouvelles technologies sont réservées à quelques pour cent de la population terrestre.
    Vive la France, vive les NTIC et vive le secteur public.

signé :
Un utilisateur d'Opérateur Téléphonique qui ne regarde, en fait, jamais les chaînes câblées (y’a, presque, que des conneries…mais si vous ne voulez que le « presque », on ne vous fait pas de tarif réduit).

[fin de son témoignage écrit, et suite et fin de l'interview, avec ma réaction : ]

Bigre...enfin, au moins, tout cela sert à payer nos salaires!

   
En êtes-vous sûr ? Alors que je suis sur le départ, je constate dans les grands comptes industriels où j'avais l'habitude de faire des prestations informatiques une inquiétante tendance : la délocalisation ou l'externalisation (sujet abordé dans le dossier sur les Délits en SSII, plus précisément ici : Délits Multiples en SSII : la Loi).
    Il faut dire que chez eux, tout est dirigé par le service achat, qui voit un projet en fonction de son coût, et de sa date de sortie.
[L'externalisation est présentée dans le slide n° 14 de la présentation "Prestataire en SSII", la délocalisation est dans le slide n° 15]

Haaargh ! Et nos emplois, alors ?
    Halte à la blague!
    Les chefs de projets expérimentés avec lesquels je travaillais me l'ont bien dit : ce n'est pas la première fois que l'on délocalise (ou externalise). En fait, à chaque crise, on délocalise et l'on constate les dégâts. A savoir, une maîtrise du métier en chute libre et une qualité du produit fini... pour le moins incertaine.
    J'ai vu revenir du code sous-traité en Inde! C'est tout juste s'il n'a pas fallu tout réécrire. Cela signifie-t-il qu'ils sont nuls ? Certainement pas.
    Allons, un peu de bon sens : tout ingénieur sait qu'il est déjà compliqué de mener correctement un gros projet réparti en plusieurs équipe dans plusieurs bureaux. Même la communication au sein d'une équipe n'est pas évidente. Alors la communication entre des équipes séparées par des milliers de kilomètres et une culture différente... bonjour les dégâts!
    Le problème, c'est l'état des chefs de projets évoqués ci-dessus : ils sont complément désemparés. Leurs prestataires partent de jour au lendemain (plus de budget), sans laisser un code toujours bien documenté (ils allaient le faire... mais ils ont dû partir!) et sans passage de connaissance possible! Bref, ils n'ont plus qu'à attendre la fin de la crise pour récupérer des équipes décentes. [Attention, l'externalisation est une réalité qui se retrouve souvent au niveau de l'Architecture Métier, avec différentes alternatives à une délocalisation aussi radicale.]

Et bien encore merci pour ce Nouveau Témoignage Instructif et Constructif (un NTIC comme je les aime!)


               
 
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