Premiers
signes
Tout a commencé mi-2001. Je discutais avec 2 commerciaux de 2 sociétés
différentes. Ils parlaient de la politique de recrutement de
leurs confrères SSII. Plus précisément, ils commentaient
les grands placards de publicités que l'on trouvait dans les
revues informatiques, affichant des intentions d'embauche de
plusieurs centaines d'ingénieurs avant la fin de l'année.
Leur commentaire était sans appel : « Tu vois, pour attirer
le chaland, mieux vaut afficher un chiffre d'embauche
important, mais je te le dis, si cette boite a vraiment ses
500 ingénieurs avant la fin de l'année... elle sera bien
emmerdée avec ! ».
Ce n'est un secret pour personne, des
"signes de ralentissement de l'économie" se
multiplient...
Un marché concernant les demandes de prestations
de services en informatique qui se tend... des conditions
économiques incertaines... une guerre... On est vite amené
à se poser la question.
C'est reparti comme en 1991 ?
La guerre du Golf avait marqué le début
d'une crise
qui allait durer 5 ans (1991-1996). Pourtant, plusieurs indices nuancent cette nouvelle "crise annoncée"
version 2001.
Le premier signe est surprenant. Il possède une
importance bien plus grande - en informatique - qu'il y a 10
ans : c'est la bourse. Sur le nouveau marché boursier
parisien, on constate même depuis l'attentat du 11 septembre
une reprise spectaculaire (un
"ricochet", comme y disent) [dixit [01net]
en ce 23 novembre 2001]. Or on connaît, après la bulle spéculative sur
les "start-up",
le rôle croissant des actionnaires dans les sociétés des
nouvelles technologies : un temps surévaluées, la plupart de
ces sociétés (petites et même plus importante comme France
Telecom) se sont retrouvées largement sous-évaluées.
Le deuxième est lié au contexte
technologique. Il a radicalement changé.
Certes, d'aucun vous affirme, à juste titre, que
"l'activité informatique" n'a
pas changé en 30 ans. En très simplifié, c'est
toujours du client-serveur, même si les architectures
se déclinent aujourd'hui en multi-tiers
(les services logiciels se distribuent sur plusieurs machines
ou serveurs d'application) et en couches
(les services techniques, comme une base de données, se
répartissent sur plusieurs machines).
En clair ? il y a des machines partout, parce que leur coût,
avec l'avènement de la micro-informatique, a chuté
considérablement.
Et pour maintenir tout ce parc informatique, en développer ou
simplement mettre à jour les besoins fonctionnels et
applicatifs engendrés, il faut du monde, encore plus
aujourd'hui qu'hier.
Enfin... à condition que ce personnel sache suivre une
évolution des normes technologiques au cycle
considérablement raccourci!
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Et
pourtant... c'est tendu, non ?
Oui, le marché de l'emploi dans le domaine
des prestations informatiques est tendu.
Il
est amusant de relever au sein d'interview quelques
expressions toutes similaires et qui traduisent bien le même
sentiment de la part des employeur, à savoir : «
enfin, c'est
à notre tour! ». Exemples :
« la société S a entamé en septembre dernier un plan de réduction des coûts qui pourrait
peser dans les comptes en fin d'année. Un plan qui ne devrait pas aboutir sur des licenciements
secs. "C'est rarement le cas dans nos métiers,
c'est surtout le turnover qui sera accru. Si l'on a recours à ce moyen
ce n'est pas pour faire plaisir à la Bourse, c'est seulement parce que le marché du
travail permet désormais de recruter du personnel très qualifié et moins
cher." »
Ou encore :
«
Nous commençons
aussi à voir circuler des candidatures spontanées. Cela
signifie que, à terme, la pénurie de compétences pourrait
bien se résorber »
Cependant, ces mêmes responsables
n'affichent pas un triomphalisme exacerbé... car tous
attendent. Mars 2002.
Attendre... mais attendre quoi ?
2 facteurs inquiètent les directions de
ressources humaines de ce type de sociétés :
1/ Le marché risque bien de se
réveiller brutalement autours de la moitié du premier
semestre 2002. Et cela pour 2 raisons :
1a/ les budgets
auront été réalloués (alors que pour l'instant, et
jusqu'à la fin de l'année 2001, tout est "gelé").
1b/ le passage à
l'euro, sur le plan des systèmes informatiques, aura été
testé et validé (alors que pour l'instant la plupart
des plate-forme de mise en production de logiciel gèlent tout
nouvelle installation en attendant de basculer ses systèmes
actuel vers l'Euro, scénario classique dans le milieu des SI
des banques, par exemple).
2/ L'horizon de
travail (pour les SSII mais aussi d'autres entreprises
liées aux nouvelles technologie) est de
2 ans. Ce qui signifie que la plupart des plans
d'embauche décidé en 2000
(alors
que la croissance était encore importante) sont toujours
valables.
Alors, méfiance ou optimisme ?
Ce
trop court article ne prétend pas tout résumer. On
ne peut que constater aujourd'hui une désaffection de
certains profils, essentiellement débutants et trop tournés
vers le web (php, html, ...). A l'inverse, les
compétences Java restent recherchées et certaines
compétences très ciblées et ponctuelles sont plus que
jamais désirées (style "SAP").
Attention toutefois aux 3 pièges de 1991
(effectifs trop importants,
salaires élevés et activités uniques, à l'époque : le forfait). Aujourd'hui, l'offre de prestation dépasse depuis
Mars2001 la demande (dixit le baromètre de novembre 2001 de [01net]),
les salaires ont connus une progression importante, à
peine freiné par les 35
heures, et les contrats de régie
sont légions,
mais rapportent peu. Les forfaits sont rares, comme le
confirme cet ingénieur mi-2002.
Prochaine étape ?
à l'image d'IBM, le conseil et ses consultants
: il faut que cela paie plus.
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