La
Loi, c'est la Loi
Une
chose est certaine, le 1er janvier 2000, toutes les
entreprises de plus de 20 salariés devront
respecter les 35 heures, ce
qui impliquera, d'une manière ou d'une autre, de
travailler moins.
Cela entraîne donc
forcément des coûts salariaux qui augmentent
et, pour les financer, les sociétés comptent
(entre autres) sur une aide de l'Etat.
Or, cette aide, encore relativement
substantielle avant le 31 décembre,
diminuera considérablement après le 1er
janvier 2000...
(cf. 2ème colonne - "Financer le
passage")
La nature de cet accord est :
- soit une convention collective nationale ou un
accord collectif de branche étendu,
- soit un accord d'entreprise.
Las, les deux principales
conventions nous concernant (celle de la Syntec
et celle de la Métallurgie)
n'ont pas réussi, dans leur premier jet, à
produire des accords acceptables par les
syndicats... Dans le cas de la Syntec, son accord
doit même être revu par le Tribunal de Grande
Instance de Paris le 14 décembre 1999,
c'est-à-dire vraisemblablement trop tard...
Il faut bien
réaliser que si la majorité des cadres
informatiques n'ont pas (trop) entendu parler des
35 heures, c'est bien parce que leurs sociétés
comptaient appliquer les règles fixées par
leurs conventions collectives respectives.
Celle de la Syntec n'ayant été présentée
devant la sous-commission des Conventions et
Accords de la Commission Nationale de la
Négociation Collective que le jeudi 30 septembre
1999 (et ayant donc fait l'objet d'un report)...
ce n'est qu'à partir de cette date que la
nécessite d'un accord d'entreprise s'est fait
urgeamment sentir!
Pour résumer, l’intérêt d’un accord
signé en 1999 est double. Jusqu’au 31/12/99, les
entreprises peuvent bénéficier d’aides
financières, dégressives à partir de
juin 99 et une durée de 5 ans. Le gouvernement
doit préciser les modalités de l’aide
structurelle qui interviendra après cette
périodes.
D’autre part, après
cette date butoir, la mise en place de la loi
sera obligatoire ; mieux vaut négocier
avant.
Organisation
du Temps de Travail (OTT)
Après
l'enjeux purement financier, en voici un plus
"noble" : « En augmentant le
coût de la main d’œuvre, la loi oblige
les entreprises à réfléchir sur
l’Organisation du Temps de Travail : comment compenser la réduction
du temps de travail par une amélioration de la
productivité ? »...
La loi
définit 4 organisation possibles :
journalière, hebdomadaire, annuelle,
pluriannuelle.
En théorie, on peut réussir à
distinguer 14 formules différentes
(liste non-exhaustive)...
OTT
journalière - (1)
Journée fixe
OTT
hebdomadaire - (2)
Demi-journée fixe par semaine -(3) Demi-journée
variable par semaine - (4) Semaine de 4 jours
fixes -
(5) Semaine de 4 jours variables - (6) 1 journée
par quinzaine - (7) Equipe de week-end
OTT
annuelle -(8)
Modulations -
(9) Annualisation - (10). Cycles - (11) Equipes
successives - (12) Jours de repos
supplémentaires
OTT
pluriannuelle - (13)
Compte Epargne Temps (CET) et Plan Epargne Temps
(PET) - (14) Aide Retraite Pour l’Emploi. |
Gérer la flexibilité
Le mot est lâché : « flexibilité » du travail,
politique que les cadres pratiquent déjà
officieusement au travers de leurs horaires
"élastiques".
C'est sans doute pour cela que l'option journalière est la
moins envisagée pour les cadres : passer
à 7 heures par jour n'est simplement pas
réaliste.
Pour la
solution hebdomadaire, comme la semaine de
4.5 jours, la fameuse
"demi-journée" peut soulever des
questions : est-elle fixe ou variable ?
comment décompter les tickets repas ? Une
absence de congés payés doit elle être
comptée pour un jour ou une demi-journée ?
Bref, c'est
encore la solution annuelle qui semble la plus
adaptée, mais aussi la plus
"délicate" à négocier, comme
le démontre l'article sur les Cadres
et les 35 Heures.
Financer le
passage aux 35 heures
Et qui dit finances dit (entre
autres) "incitations de l'Etat". Donner
des jours de congés payés en plus,
cela a un coût.
Les aides sont fixées en terme d'abattements sur les charges
sociales par salarié, répartis sur 5
ans.
Les accords
signés durant le deuxième semestre 1999
bénéficieront de 28KF de remise
(7000-6000-5000-5000-5000).
Mais après le 1er janvier
2000, cette même aide tombe à 4KF (pour
les salaires "importants" par rapport
au SMIC... soit tout ceux des cadres concernés
par ce site!).
Du coup, cela laisse songeur...
En effet, comment se fait-il que la
grande majorité des entreprises informatiques
ait attendu aussi longtemps avant d'engager des
négociations ? Facile : elle comptait sur sa
Convention Collective Nationale pour avoir un
"accord minimum" tout fait.
Las, la Syntec ne verra sa proposition validée
pas avant la mi-décembre ou plus, ce qui laisse
place à deux perspectives pour le moins...
étranges :
- soit les
sociétés ne signent pas d'accord tout de suite
et, dans ce cas, non seulement elles allègent de fait le
financement des 35 heures (puisque les
aides sont bien moins importantes), mais en plus
(article 2 du chapitre I de la 2ème
Loi) 10% de la rémunération des heures
entre 36 et 39 sont versées à un fond de
financement de la sécurité sociale, allégeant
encore plus le coût du passage aux 35 heures
pour l'Etat!
- soit les
sociétés signent un accord d'entreprise
"dans la précipitation" (encore
un mois!), pouvant ainsi
faire passer plus facilement certains points
qui auraient été beaucoup plus négociés dans
le cadre d'une démarche de plus longue
haleine...
Au fait, et
l'emploi, dans tout cela ?
Finissons donc par une touche
"comique" : un article du 12/03/1999 du
Monde Informatique fait état d'une intention d'embauche pour
cette seule année de 30000
informaticiens... demande que les 13000
jeunes diplômés ne suffiront jamais à
satisfaire. La progression
d'embauche est, au grand minimum, de 10%,
avec une moyenne à 25%!
Si les 35 heures peuvent se révéler
bénéfiques sur le plan de l'emploi pour
d'autres secteurs du travail et d'autres
catégories de professionnels, son efficacité,
concernant les cadres informaticiens et
producticiens reste... plus que douteuse. En
revanche, cette Loi a le grand mérite de
relancer un vrai dialogue social. |