Tous
"chef"!!! :
Commençons
par le cas le plus simple : le "Cadre
dirigeant". Il n'est tout simplement pas concerné
par les 35 heures.
D'où la
"légitime" ambition, pour une
entreprise, de faire passer
un maximum de ses cadres dans cette catégorie.
Las, les premières jurisprudences
en cassation sont très claires : un chef de
service n'est pas un cadre dirigeant...
A moins d'avoir une position
réellement "élevée" dans la
hiérarchie de son entreprise, vous n'êtes donc
pas concerné.
Cadres
"intégrés" :
Dans la mesure où
le cadre est intégré à une équipe ou un
service, il suit tout
simplement les règles en vigueur dans son
service. L'accord "35 heures"
qui sera signé par son entreprise s'appliquera
tout naturellement à lui.
Attention : cf. Loi
Fillon de janvier 2003 !
Cadres "en
mission" :
Évidemment, c'est
eux qui posent problème! Et pour tout arranger,
ils représentent une proportion non-négligeable
(entre 70% et 80%!) des cadres de ce secteur. Ils
sont experts techniques, consultants, simples
ingénieurs d'études en régie chez un client...
bref, ils sont en mission.
Attention : cf. Loi
Fillon de janvier 2003 !
Rappelons qu'une bonne
partie d'entre eux n'est pas habituée à compter
précisément ses heures, et ce pour
plusieurs raisons :
- raisons de culture
d'entreprise pour les plus anciens (mais
cela évolue considérablement en ce moment),
- raisons comptable
: un consultant est normalement facturé à la
société cliente "à la journée"
(voir au mois),
- raisons d'intérêt
personnel pour les plus jeunes
"mordus d'informatique",
- raisons de conscience
professionnelle (pour finir à tout prix
dans les temps)
- raisons personnelles
pour tous : il est bien pratique d'arriver à 9
ou 10 h. le matin (après, par exemple, avoir
amené son enfant à l'école), quitte à ne
repartir qu'à 20 h. A l'inverse, certain
arriveront dès 7h30(!), mais partiront dès 18
h. (ce qui fait tout de même des journées de
9h., malgré un décompte de 1h30 de pause
déjeuner...). Rq : cela
n'a pas toujours été comme ça!
Rappelons également que les
informaticiens se retrouvent parfois dans des
projets négociés par un service commercial qui,
dans un milieu très concurrentiel, se voit
souvent obligé de diminuer les délais de
réalisation ainsi que le budget afin de voir sa
"propale" (proposition commerciale)
acceptée... D'où plus de
travail en moins de temps et avec moins de
personnel! (Ce que d'aucun pourrait
appeler un « challenge motivant et impliquant
»...)
Et alors ? Qu'est ce qui les gène
dans ce projet de Loi des 35 heures ???
Le(s) jour(s) le plus long...
Dispositions relatives aux
cadres - Article 5
- Art. L. 212-15-3 - III : Lorsque
la convention ou laccord prévoit la
conclusion de conventions de forfait en jours,
laccord collectif doit fixer le nombre de jours
travaillés. Ce
nombre
ne peut dépasser deux cent dix-sept jours. |
Le(s) jour(s) le plus long...
(suite)
En ne bornant pas, en terme
d'heures ces journées, cette Loi laisse la porte
ouverte à :
- d'éventuels abus, en
"demandant" à un cadre de rester, sur
une longue période, très tard. Cela se
pratique déjà, dans la mesure où bien des
cadres voient de nos jours une bonne partie de
leur rémunération allouée sous forme de
primes. Or ces primes n'ont pas toujours des
critères très précis, avec tous les dangers
que cela implique, comme rappelé dans l'article
sur la structuration
de la rémunération.
-
l'absence d'un contrôle efficace du temps de
travail journalier. En
effet, les fameux CRA
(Compte-Rendu d'Activité) que remplissent la
plupart des ingénieurs en mission sont exprimés en jour!
Reste les systèmes à base
de badge (mis en place par les grosses
sociétés déjà épinglées par l'inspection du
travail, ou bien par les sociétés qui ont
besoin d'une sécurité d'accès sur leur site).
C'est loin d'être un
système efficace, plusieurs pouvant
entrer et sortir en profitant du badge d'une
seule personne qui "tient la porte aux
autres"...
On finit par envisager la pointeuse,
outil en vogue dans les année 70 mais décriée
dans les années 80-90, entre autre à cause des
abus constatés (certains salariés venaient bien
dès 8h., mais commençaient à ne travailler
"réellement" qu'à partir de 10-11h.
pour finir systématiquement avec "deux
heures d'heures sup'" par jour!!!) Personne n'est forcément très pressé de la revoir.
Affaire à suivre...
cf. également l'article sur les forfaits)
A quand les vacances ?...
Et là, ça se complique
carrément...
Tous les accords "35
heures" se trouvent confrontés, surtout
pour les cadres, à cette lancinante question :
« Combien leur accorder de
jours de congés supplémentaires ? »
Prenez
365 jours par an. Retirez 104 jours de week-end,
25 jours de congés payés, 8.5 jours fériés
(moyenne établie par l'INSEE)...
Résultat ? 227.5 jours.
La Loi des 35 heures revenant à une diminution
de 10% du temps de travail, les
salariés ne devraient donc travailler que 205
jours par an...
Alors pourquoi 217
jours (comme évoqué dans le paragraphe
précédent) ??? Sans doute s'agit-il là d'un
premier aveu quant à la capacité des cadres à
"lever le pied" et diminuer leurs
horaires... Et cela ne manquera pas de
"mécontenter" les premières
entreprises, pionnières dans le domaine de la
réduction du temps de travail, qui avaient
déjà accordées à leurs cadres entre 15 et 23
jours...
Reste enfin le problème de la base de calcul... Faut-il
intégrer à la RTT les jours supplémentaires,
les jours d'ancienneté (source importante de
conflit en ce moment - fin novembre 1999), les
ponts, l'éventuelle sixième semaine ???
En effet, si l'on ôte aux 227.5 jours initiaux
ces différentes périodes, on a parfois vite
fait d'arriver aux fameux 217 jours... sans accorder un seul jour
supplémentaire à ceux déjà donnés!
Certaines sociétés font même déjà le constat
qu'en comptabilisant ces avantages évoqués
ci-dessus, certains de leurs cadres arrivent (en
théorie) à 37 heures. |