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Clause de non-concurr. : contrepartie
financ. |

Clause de non-concurr. : ex. de jurisprudence |

Non-Concurrence : sommaire |
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Rappel
du cas pratique
Rémunération
:
La rémunération de M. "Ingénieur",
d'un montant global de FRF. 250 000 (par
exemple), se compose de 2
éléments :
- une base fixe,
- une indemnité compensatrice pour
la clause de non-concurrence
qui supporteront les retenues habituelles
représentant les cotisations à la Sécu, à
l'ASSEDIC, etc...
a/ Base fixe :
Monsieur "Ingénieur" percevra un
salaire annuel de FRF. 220 000 payable en 13
mensualités.
La première année, le 13ème mois sera réglé
au prorata temporis de la date d'engagement.
b/ Indemnité compensatrice pour la clause de
non-concurrence :
De convention expresse, Monsieur
"Ingénieur" s'interdira, sauf accord
expresse entre les deux parties pendant
1 an à compter de l'expiration de
son contrat de travail d'exercer, pour le compte
d'une autre société ayant les mêmes activités
que "SociétéActuelle" ou que l'un de
ses membres tout travail de développement ou de
mise en place de configuration logicielle ou
matérielle relatives aux activités sus-nommées
(dans un vrai contrat, ces activités seraient
mentionnées beaucoup plus précisément).
En contrepartie, Monsieur "Ingénieur"
percevra une indemnité compensatrice de FRF. 30
000 payable en 12 fractions égales le dernier
jour de chaque mois.
Rappel du problème
et première recherche
Voila un ingénieur qui demande un
certain salaire et qui se retrouve avec une somme
inférieure plus un "complément"
susceptible, en cas de départ
"mouvementé" de revenir à
l'employeur. Et si celui-ci veut faire respecter
la clause, il n'aurait rien à payer à son
ex-employé, puisqu'avec cette clause... il a
déjà payé, un peu tous les mois !
Je me suis donc précipité sur le
[CodeTravailDal2000],
jurisprudence 110bis, qui dit : « En présence d'une
convention collective prévoyant le versement
d'une contrepartie financière mensuellement et
en fin de contrat, les parties peuvent convenir
du versement, pendant l'exécution du contrat,
d'une somme à titre d'avance ».
Soc. 19 juin 1991: Bull. civ. V, no 312; D.
1992. Somm. 52, obs. Serra.
Victoire, me suis-je dit ! La
Syntec ne prévoit rien concernant les
contreparties financières. Donc l'employeur n'a
pas le droit de verser quoique ce soit "en
avance" concernant cette clause de
non-concurrence!
Pas du tout, me dit [Florent Faessel] :
si l'on regarde attentivement cette jurisprudence
(ce
qui est fait à ce lien), on s'apercevra
(pour résumer une longue analyse) que, dans la mesure où les deux
parties (l'employeur et l'employé) sont d'accord
pour signer une telle clause, rien ne les y
empêche... que la convention collective
ait prévu quelque chose concernant une
contrepartie financière ne change rien au fait
que les deux parties sont d'accord pour mettre en
place un paiement anticipé... Cela s'appelle la
« liberté
contractuelle ».
Dans le cas qui nous occupe (à
savoir la clause en rouge au
début de cet article), les deux parties sont
donc autorisées, si elles le souhaitent ainsi,
à rédiger une clause de cette nature. La
juridiction évoquée ci-dessus ne vient pas les
contredire mais confirme au contraire leur « liberté
contractuelle ».
Rq : même au regard de la jurisprudences
10 juillet 2002, cette clause semble valable, car
correctement limitée en temps et en espace (? enfin je
crois...) et en responsabilités. De plus elle comporte bien
une "contrepartie financière"... même si la
validité de celle-ci va nous occuper dans le reste de cette
étude.
Mais que faire,
alors ?
Hmmm... mais alors qu'est-ce qui
cloche ? Ce qui me choquait au début de cette
histoire, c'est de réclamer un salaire et de
"toucher moins", dans la mesure où une
partie de ce salaire peut être remboursable en
cas de désaccord sur le nouvel employeur.
Certes, on peut toujours placer
cette "partie de salaire" sur un compte
et le faire fructifier... Moui... Enfin,
30000F/12 mois, cela ne fait jamais que 2500 FF
(ou 381 Euros, pour faire bien!)... on n'a pas
accès aux "meilleurs" placements avec
de telles mises initiales!
On peut aussi refuser de signer le contrat, se
lever et partir voir ailleurs si on y est. En ce
moment (2000), ce n'est pas le boulot qui
manque... Certes (bis)... mais si l'on tient
vraiment à être engagé tout en tenant aussi
fortement à ne pas signer cette clause, ne
peut-on pas avancer un argument convaincant qui
permettrait d'annuler la clause et de la
supprimer du contrat ???
La FAQ!
(première tentative)
Une première lecture (trop) rapide
de la FAQ
de [Florent Faessel] m'a
d'abord fait croire que la clause était nulle
par ce que la clause de non-concurrence affectée
d'une faculté de rachat par le salarié est
nulle (cf. FAQ).
Hélas, je confondais tout : il n'y a pas ici de faculté de
rachat. C'est un pré-paiement fait par
l'entreprise. La faculté de rachat, c'est
quand on permet au salarié de payer pour se
libérer de la clause de non-concurrence.
L'existence d'une faculté de rachat suffit pour
nullifier cette clause, car si le salarié peut
s'en défaire en payant, c'est donc qu'elle n'est
pas indispensable à la sauvegarde des intérêts
de l'entreprise.
La FAQ!
(deuxième tentative) : contrepartie financière
insignifiante
La solution est en fait beaucoup
plus simple. La Syntec ne fait aucune allusion à
une éventuelle contrepartie financière en cas
de concurrence lors d'un changement d'employeur.
Ce contrat en fait une, très
explicite. Que dit-il ? Il dit : « Nous vous
interdisons pendant un an partout dans le monde
(hé oui, il n'y a pas de limitation
géographique), d'exercer telle et telle
fonction, et, en contrepartie, nous vous
accordons 30000FF (4573 Euros). Démerdez-vous
pour vivre avec ça pendant un an. »
Voilà, voilà...
Le fait que la clause ne soit pas
limitée géographiquement n'est pas en soi
condamnable. Comme le rappelle la FAQ,
une telle clause doit être limitée dans le
temps et/ou le lieu et/ou les fonctions
exercées. Ici, deux des trois limitations sont
présentes.
Oui, mais.
30000 balles... 2500 F par mois...
alors que le RMI (Revenu Minimum d'Insertion)
s'élève pour une personne isolée sans enfant
à 2552.35F (389.1 euros) au 1/1/1999 , nous dit
le gouvernement
ou encore france
pratique (et cela ne semble pas avoir bougé
d'un centime au 1/1/2000).
C'est maigre, non ?
Donc, pour résumer, ce qui compte dans cette clause,
c'est que les 30000 FF ne constituent
pas une avance d'une partie de la contrepartie
financière mais bien un
pré-paiement de la totalité
de la-dite contrepartie.
Et dans la mesure où cette
contrepartie est insignifiante... la clause qui
la définie est nulle.
Alors, on fait quoi
?
Franchement, la plupart de mes
collègues qui ont signé une telle clause ne
sont pas vraiment affolés : ils connaissent le
monde de l'informatique et savent qu'il est
toujours possible de "s'arranger", que
la clause est rarement utilisé et qu'il suffit
de partir en bon terme et suffisamment
discrètement pour ne pas en entendre parler.
Au pire, me disent-ils, la clause
est nulle, alors... Ben oui, alors quoi ?
Attaquer devant les Prud'hommes ? 18 mois en
moyennes de procédures... En justice ? Regardez
donc la juridiction
qui accompagne cette étude : 7 ans de
procédures ! Et c'est pas fini...
Bref, le plus simple (parfois plus
facile à dire qu'à faire), consiste à ne pas
signer un contrat comportant une clause aussi
"étrange"...
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