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Écrivez
à AILES ! |

Votre
commercial |

régie |
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Entretien chez le client :
« Nous sommes tous des commerciaux »
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Lorsqu'une société de service
vous amène, dans le cadre d'une
régie,
à un entretien chez le client, beaucoup de commerciaux m'ont
confié que vous n'êtes pas suffisamment conscient de
l'enjeu.
Et en cette période (2002)
où un jeune a plutôt intérêt à avoir une mission (s'il ne
veut pas se retrouver lourdé dans des conditions plus
ou moins expéditives)... mieux vaut bien saisir
l'importance d'un entretien chez un client.
[Rq : ce type d'entretien
différencie une SSII d'une société de conseil, comme
l'indique le slide
n° 16 de la présentation
"Prestataire en SSII".
Retrouvez dans la même présentation l'aspect
"entretien" résumé dans le slide
n° 23.] |
Pourquoi moi ?
Peu d'ingénieurs le réalisent, mais le seul fait que
votre commercial vous décroche un entretien, surtout en des périodes
difficiles,
est un exploit aux multiples enjeux :
- le client accepte de voir ce qu'il considère comme "le profil
le plus intéressant venant de cette SSII";
- votre commercial va avoir l'occasion de (re)présenter la-dite
SSII...
- et juste après, c'est vous qui vous présentez (et illustrez du
même coup l'image de votre société).
Donc, quelque soit vos a priori sur l'intérêt de
la mission, votre conduite doit être irréprochable.
Les bases du B-A BA
Voici quelques évidences qui devraient aller
sans le dire, mais qui vont encore mieux en le disant.
Tenue vestimentaire soignée : cela n'implique pas obligatoirement
le costume 3 pièce cravate (pour vous messieurs) ou le stricte
tailleur (pour vous mesdames). Bien plus simplement, cela veut dire
une tenue dans laquelle vous êtes à l'aise et qui vous
mette en valeur, de façon à ce que vos interlocuteurs vous remarquent vous
(et non votre tenue).
Maintenant, il est hélas exact que chez certains "grands
comptes" (clients bancaires, par exemple), la tenue
"classique" sera fortement recommandée.
Attitude confiante : vous êtes assis normalement (pas affalé, un
coude sur la table, la tête sur la main, comme cela s'est déjà vu).
Vous regardez votre (ou vos) interlocuteur(s), vous n'ignorez personne du
regard (des commerciaux ont déjà vu certains de leurs candidats se
désintéresser ouvertement du discourt du client et... regarder
ailleurs ! Le cauchemar!)
Inutile d'en rajouter : il faut simplement être calme, posé, éviter
de trop croiser les mains et les pieds, garder une posture simple,
ouverte mais également décontractée.
Écoute
attentive : tout ce que vous direz aura été
conditionné par le discours du client. Vous devez, dans
chacune de vos paroles, vous servir des quelques éléments qu'aura lâché
le client (sur sa société, sur sa mission, sur ses attentes). Il
faut tout écouter.
Ton posé : le débit doit être audible et surtout
continu : le moins d'hésitation possible. Dans un entretien,
ou vous savez répondre, ou vous ne savez pas. Vous pouvez masquer un
doute par une périphrase (tout en réfléchissant fiévreusement à
une réponse valable), mais au bout de votre "phrase
d'attente", il faut conclure.
Tout ces points se gèrent par une attitude
"zen", pas d'énervement ou de stress inutile, surtout dans
le cadre d'un entretien où c'est votre boite qui a le boulot de vous
décrocher des entretiens!
Les plus du jeune Jedi
Connaître son CV : c'est tout bête, mais cela devient vite
compliqué :
- au bout de quelques missions
- avec des techniques étudiées mais pas toujours compatibles (ex :
un pont JMS - LDAP, c'est à dire un middleware par message one-to-one,
one-to-many ou many-to-many (JMS) couplée à un accès d'annuaire (LDAP).
C'est une étude possible que vous avez pu faire... mais cela vous
expose à la question piège : "En java, est-ce JMS que l'on
emploie pour accéder aux annuaires ?". Si vous ne répondez pas
du tac-au-tac : "Non, c'est JNDI", vous êtes
"mort".
Évidemment, se souvenir de ce détail 2 ou 3 ans après la-dite
étude devient un peu plus coton.
- avec un CV "remanié" (mais votre commercial doit vous
avoir briefé au préalable sur ces changements, et travaillé avec
vous avant l'entretien. Il faut connaître le contexte qui justifie
que votre CV soit parfois... profondément
remanié).
Exploiter son CV
: cela rejoint "l'écoute attentive"
du paragraphe précédent (B-A BA). Il faut savoir mettre en avant les
éléments de vote CV qui peuvent apporter une réponse aux
attentes du client. Avec peu d'expérience, cela peut être une
aptitude à travailler en groupe, une motivation, une façon de
travailler, de se débrouiller de manière suffisamment autonome, ...
etc. Avec plus d'expérience, vous y rajouterez les connaissances
techniques et fonctionnelles qui intéresseront le plus le client et passerez
rapidement sur celles qui ennuieraient le client (surtout ne
pas se lancer de des descriptions interminables de l'avantage d'une
socket native en C alors que le client cherche quelqu'un capable
de spécifier des besoins en UML).
le book : dans
la même veine que "savoir exploiter son CV", le book est
une pratique encore trop rare mais pourtant très efficace. Il s'agit
d'avoir dans un classeur un ou deux documents (pas plus)
représentatifs de chaque mission. Cela vous permet d'illustrer très
concrètement les quelques lignes laconiques de votre CV. Cela est en
général très apprécié par le client qui a enfin l'impression de voir
"ce qui se cache réellement" derrière un CV dont il sait
trop bien que l'on peut lui faire dire n'importe quoi. Évidemment,
vos illustrations peuvent elles aussi être "orientées"
pour ne montrer que ce sur quoi vous voulez insister. A vous de bien
connaître vos documents, car ils sont à double tranchant.
Illustratifs et instructifs d'un côté, ils sont aussi sources de
questions concrètes et très pointues de la part du client. Il faut
savoir répondre!
Savoir dire "je ne sais pas" (ou reconnaître une
pirouette) : ne vous faites pas d'illusion, vous tomberez toujours des
clients qui vous poseront des questions tordues, pire, des questions
tordues sur vos missions. Relisez le paragraphe "ton
posé", et évitez :
- les "hheeeeuuuuuuu" interminables ;
- les explications foireuses. Le client n'est
jamais imbécile, même s'il n'a pas votre niveau technique. En plus,
il est généralement accompagné par une personne technique.
Vous pouvez donc marquer une courte pose silencieuse, en prenant le
temps de réfléchir, avant de répondre "je ne sais pas"
(sous-entendu, mais au moins j'ai pris le temps d'y réfléchir).
Avec un peu d'expérience, vous pouvez enchaîner avec une
pirouette : « Je ne sais pas l'avantage de cette technique,
mais les plus grandes sociétés l'utilisent, donc il doit y avoir une
excellente raison.» Une réponse de ce type n'est satisfaisante que si
vous rajoutez après quelque secondes de silence : « J'ai conscience
que ma réponse constitue une pirouette, mais il serait malhonnête de
ma part de chercher à vous en donner une autre. ». Vous avez laissé
le temps au client de réaliser que votre réponse était biaisée puis
vous lui en avez donné vous-même la confirmation : il appréciera.
Avec beaucoup d'expérience; votre aveu d'ignorance sera
toujours argumenté (soit pour minimiser cette ignorance, soit
pour recadrer l'entretien sur des éléments plus essentiels... et sur
lesquels, comme par hasard, vous avez des choses à dire!).
La mission est toujours intéressante
: cela rejoint l'aspect commercial de la démarche. Vous êtes là
pour vous vendre, mais aussi pour représenter votre société. Votre
attitude doit être toujours positive. En face du client, la mission
doit toujours vous sembler intéressante. Vous n'avez
pas le droit de répondre par un simple "non" à la question du client qui vous demande si
vous êtes intéressé. Cela ne vous
empêchera pas de dire à votre commercial le contraire. C'est abordé
dans le paragraphe débriefing plus bas.
Advanced level de la mort
maîtriser les questions du client
: lorsque vous avez suffisamment de bagage, vous êtes capable de
diriger un minimum l'entretien. Cela signifie que vous passez plus de
temps à analyser avec le client ses besoins, plutôt que de
simplement décrire votre CV ou répondre à ses questions. Pour
parler en langage de consultant branché, vous devenez plus "proactif"
dans l'entretien que "réactif". 5 ans
d'expériences minimum sont requises pour ce type de performance.
[Attention : le terme "proactif" fait parti
du Business Loto]
analyser une mission :
les débutants ont du mal à le réaliser, mais c'est un fait : la
mission idéale n'existe pas. Il faut savoir, lors d'un entretien,
évaluer les "autres détails" qui font que cette mission en
apparence peu intéressante (par exemple, du C sous AIX et vi!) peut se transformer en opportunité. Ce mot
"opportunité" est très important car c'est comme cela que
toute mission doit s'envisager :
- opportunité d'apprendre sur la mission (se remettre à jour sur le
C et sur vi ?!);
- opportunité d'apprendre à côté de la mission (et
c'est là vos chances les plus importantes) : vous pouvez atterrir par
exemple dans une DI (Direction Informatique) et participer, en
plus de vos tâches initiales, à des études de haut niveaux,
à des considération d'architecture.
Avec suffisamment de curiosité et de volonté, vous pouvez ainsi évoluer
au sein d'une mission.
- opportunité d'intégrer un client intéressant! (même si cela ne
fait pas plaisir à votre SSII);
- opportunité de rencontrer des collègues
expérimentés.
- opportunité de changer de boite avec des responsabilités plus
élevés (et là, attention à la clause de non-concurrence).
- etc...
analyser la situation
commerciale : la dimension commerciale vous échappe
facilement... et c'est normal : vous n'êtes pas commercial! Or il
faut toujours avoir présent à l'esprit dans quel condition vous
êtes présenté devant un client :
- en tête de pont (le premier à potentiellement intégrer ce compte)
ou pour compléter une équipe issue de votre SSII ?
- après un autre candidat de votre SSII ou non ? Si vous arrivez
"en second", il faudra jouer plus agressif car, pour un
client, le premier CV qu'il reçoit est toujours celui qu'il
considérera comme le meilleur... et si "le meilleur" ne
convient pas, il aura des doutes sur les suivants! Certes, le
commercial peut toujours rattraper la situation (« Tenez, regardez
aussi ce profil : il vient de finir sa mission et je ne savais pas
qu'il sortait aussi tôt : »)
Debriefing
debriefing client
: il faut le savoir, ça existe parfois en fin d'entretien. Le client
vous demande de sortir pour discuter avec le commercial (en général
de votre tarif, mais aussi de vos qualités et/ou défauts par rapport
à d'autres candidats qu'il (le client) aurait déjà vu, histoire de
mettre un peu la pression sur le commercial. Pour favoriser ce moment
"hautement commercial", il peut être bon de proposer spontanément
au client de s'absenter pour lui permettre de discuter avec votre
commercial. Inutile d'insister lourdement. Les 2 intéressés vous
feront savoir immédiatement si cela a lieu d'être ou non.
debriefing commercial : il *doit* être content de vous ou convaincu
que vous avez fait votre maximum et jouer son/votre jeu à fond.
Profitez-en toujours pour lui demander ce qu'il critique dans votre
façon de "vous vendre". C'est un professionnel, et ses
conseils sont donc pertinents. N'hésitez pas également à le sonder
sur "son" terrain :
- intérêt commercial de la mission ?
- potentialité de facturation ?
- potentialité en terme d'autres contrats si vous décrochez la
mission ?
Toutes ces questions peuvent vous amener des arguments pour mieux refuser
une mission qui ne vous intéresse pas... et c'est l'objet du
paragraphe suivant.
on ne refuse jamais une
mission car c'est constitutif, en certaines périodes
difficiles, de licenciement
pour faute grave sans préavis. Au pire, on "émet un avis
défavorable", et mieux vaut sévèrement l'argumenter. De
préférence, ces arguments seront d'ordre commerciaux portant sur :
- la facturation (trop faible);
- l'"évolution de
carrière"
(argument délicat à manier avec prudence, tant chaque mission est
une source d'opportunités).;
-
"peu de perspective de caser des collègues", ...etc.
Évitez les arguments techniques
Conclusion
Relisez le titre de l'article et réalisez bien que
vous vous vendez. Évidemment,
cela s'applique également à des entretiens d'embauche, mais l'advanced
level vous rappelle que vous êtes dans un contexte particulier. (avec
un commercial, en représentant l'image d'une société).
Si vous arrivez à prendre conscience de toutes les
dimensions "commerciales" d'un entretien de mission, alors
vous aborderez ce type d'exercice par le bon bout. Si vous croyez
toujours, après la lecture de cet article, que l'entretien est juste
là pour vous expliquer en quoi cette mission serait éventuellement
digne de votre intérêt et que c'est au client de vous en
convaincre... heu... changez de métier.
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