Ca
en a l'odeur, ça en a le goût, ...
Mais la situation du marché des prestataires
n'est pourtant pas exactement "en crise"... de la
même façon que la bourse ne connaît pas vraiment un krach
(en tout cas, personne ne veut employer ce terme, alors que la
bourse vient de baisser pour la deuxième année consécutive,
ce qui n'était jamais arrivé, pas même en 1929)
Or, tous les symptômes classiques d'une
crise, tels que décrits en 1991
se sont effectivement produits :
- arrêts des forfaits ;
- gels des budgets ;
- prix des régies en chute.
Qu'est-ce qui a changé par rapport à 1991, alors ?
Ben oui, si on ne parle pas
ouvertement de "crise", c'est que tout n'est pas
pareil à 1991... à commencer par l'année : 2002, 11 ans
d'informatique en plus, cela représente pour cette industrie
en constante évolution une éternité...
Premier point, la composition du marché du
travail a changé : aujourd'hui plus qu'hier, on trouve avant
tout des ingénieurs en informatiques qui ont remplacés les
talentueux autodidactes d'avant 1990. Résultat, certes les
SSII licencient ou embauchent moins, mais elles voient surtout
l'opportunité d'embaucher des profils intéressants,
diplômés et bénéficiant déjà de quelques années
d'expériences... Bref, sale temps pour certains débutants,
opportunités pour d'autres.
Rq : la nature de ce marché a changé, un de ses aspects est
abordé dans le paragraphe "Et on anticipe quoi ?",
en 2ème colonne.
Deuxième point, les SSII sont déjà
passées par une crise et en ont tiré quelques leçons...
les licenciements se font le plus discrètement possibles (cf.
licenciement en
SSII, mais aussi
[LMI]),
et elles passent le plus vite possible en mode survie :
- arrêt des périodes d'essais hasardeuses (concernant des
profils débutants, dont on est pas sûr du potentiel chez un
client),
- gel des salaires (et encore, en juin 2002,
[JournalDuNet]
indiquait clairement que certains profils spécialisés
continuaient à être augmentés)
- diminution drastique du taux d'inter-contrat (il n'y a plus
de forfait pour les occuper),
- embauche d'expérimentés uniquement, mais pas trop pour
maîtriser la masse salariales. Et on attend.
Troisième point : tout le secteur n'est
pas touché pareillement, surtout que en 11 ans, ce secteur
(prestations informatiques) a eu le temps de se
diversifier.
Cela permet d'attendre, de préférence dans sa niche, comme
l'infogérence (qui marche très bien en 2002) ou une
spécialisation technique bien précise.
D'une manière générale, les profils web subissent de plein
fouet cette crise, après les profils télécoms en 2001. La
raison est simple: dans ce secteur aussi, on attend : on
attend que le marché électronique tienne ses promesses, ce
qu'il est en passe de faire avec, entre autres facteurs la
généralisation lente mais réelle du haut débit.
Donc, on attend.
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Et on attend quoi ?
Évidemment, c'est la question
:
[JournalDuNet]
l'affirme à plusieurs reprises : "Pas de reprise dans les services informatiques avant 2003".
On attend d'y voir plus clair, et ce
d'autant plus que la plupart des grands (et moins grands)
acteurs de ce marché ont lié leur destin à celui de la
bourse.
Or le milieu boursier s'est caractérisé
par 2 grandes zones d'incertitudes :
- certaines grandes entreprises ont menti sur leurs comptes ;
- certains grands cabinets d'analyses ont raconté (et
raconteraient encore) n'importe quoi...
Bref, la visibilité offerte par une introduction en bourse a
pris un sérieux coup de flou...
On attend aussi de voir de vrais signes de
crises bien profondes, en se tournant, comme c'est souvent le
cas, vers les États-Unis... Or on a beau attendre, même
après le 11
septembre, ce n'est pas vraiment la crise. Le seul vrai
problème vient encore de la bourse... française, qui a force
d'anticiper la baisse de la bourse américaine, a finit par
baisser beaucoup plus que nécessaire! Du coup, à force
d'attendre ces signes de crises... on risque bien, en tout cas
dans le milieu technologique, de voir une sérieuse reprise,
ou à tout le moins un vrai réajustement.
Cet attentisme, et cette anticipation à
tout va (dans le mauvais sens, on l'a vu, pour la bourse),
n'est que le premier signe d'une anticipation plus générale.
Et on anticipe quoi ?
Répondre simplement "la reprise"
serait aller un peu vite en besogne. Il faut préciser
"la continuation des besoins informatique actuels".
Car, et c'est aussi une différence majeure par rapport aux
années 1990, les besoins informatiques n'ont pas disparus
après les chantiers de l'an 2000 et de l'euros. Ils se sont
même amplifiés et tournent autours (en très gros) des
Systèmes d'Informations (SI).
Il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur un
SI actuel (cf. article Pourquoi l'Architecture ?)
pour constater à quel point "l'existant" (le
"legacy") s'est complexifié. Or les entreprises ont
à faire face à 2 besoins majeurs :
- la distribution de leur architecture (notamment avec les
intranets et internet, et cela dépasse largement la simple
création de site web);
- l'évolutivité de leur architecture, afin de ne pas tout
refaire à chaque nouvelle intégration de produit et/ou de
fonctionnalité. Cela explique notamment l'engouement pour les
web services.
D'autres anticipations sont plus
lointaines, mais tout aussi réelles :
- le spectre du papy boom effraie et l'on craint une nouvelle
crise du personnel (qui a laissé déjà de très mauvais
souvenir aux employeur en 2000);
- la reprise dans des domaines techniques complexes fait se
développer des activités plus lucratives : tout le monde
veut se positionner sur le conseil (d'où le recrutement
actuel de gens expérimentés... pour les missions de conseil
de demain)... or une SSII
n'est pas une société de Conseil !
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