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Où est l'enjeu ?
Il suffit de se reporter à l'article
"prestataire
2002-2003" pour bien réaliser que les temps sont
durs et que beaucoup de sociétés viennent de passer une
phase de mode "survie" (arrêt des périodes
d'essai, licenciements simple en dessous de 10 salariés,
licenciements pour faute grave au dessus, ...) ([LMI]
8 novembre 2002).
Une telle période a mise en évidence un phénomène connu de
longue date :
le forfait est, en temps de crise, trop risqué et trop rare.
Elle (la période) a aussi remise sur le devant de la scène
un problème tout aussi connu :
la régie ne suffit plus, surtout que en temps de crise, ses
tarifs sont tirés vers le bas.
Une seule solution :
Faire du chiffre... et tout commercial qui
lorgne vers les facturations des plus inexpérimentés des
consultants d'une boite de conseil ne peut que s'évanouir de
bonheur : 600 € minimum... là où un de ses collaborateurs
expérimentés (5 ans d'expérience) n'arrive pas toujours à
600 euros en ce
moment!
C'est décidé : pas assez cher, mon fils : tu seras
consultant !
Où est le problème ?
Le problème est double, selon la définition
du "conseil" qui est envisagée.
- définition simplissime [idce]
: "conseil
: délibération, projet. Signifie également ce qui tend à
diriger, à inspirer la conduite, les actions. En deux,
conseil est la personne auprès de laquelle on prend avis"
Et là, toute SSII qui se respecte (pas) vous dit :
« En tant qu'ingénieur, tu te dois d'intégrer une
dimension de conseil dans le cadre de ton intervention ».
Et la SSII vous nomme dans la foulé "consultant", même
si vous êtes débutant.
Et hop.
Sans rien ajouter de plus. Pas d'intranet, pas de référentiel,
pas de méthodologie maison. Rien, juste une mission chez un
client.
Cela s'appelle un "viandeur cynique" et il y
a de grosses SSII qui pratiquent cette politique.
- définition plus complète [idce]
: sans donner
une définition complète, on peut au moins caractériser le
domaine de compétences du consultant. Il comprend trois
axes :
- l'expertise dans un domaine du
management;
- la maîtrise de l'intervention,
- la capacité méthodologique.
On peut alors concevoir qu'un prestataire expérimenté
possède un tel référentiel et puisse assurer une mission de
conseil. Mais la suite de l'article montrera que sa société
(SSII), elle, reste à des années lumières d'une vraie société
de conseil.
Prestation
La nature de la prestation entre celle
fournie par une SSII et une société de Conseil est
fondamentalement différente :
SSII : il s'agit d'une prestation de service à la
mentalité typiquement française, verticale, c'est-à-dire de
type patron-subordonné, client-fournisseur ou, pour parler
encore plus franco-français, de type "Maître d'Ouvrage
- Maître d'Oeuvre" (et l'article sur MOA
- MOE rappelle à quel point ces termes se traduisent difficilement
en anglais!!!).
Le prestataire, tout consultant qu'il soit, est aux ordres du
client. Il exécute, même s'il peut être amené à rédiger
des rapports, des études et autres travaux de conseils. Mais
il est rare qu'il dirige ou co-dirige un projet, ou alors il
le fera en tant que MOE,
chapeauté par le client - MOA
.
Société de Conseil : la démarche est clairement
issue de la culture anglo-saxonne, plus
"horizontale", basé sur le partenariat
("partnership"). Le consultant intervient dans le
cadre d'un projet qui dépasse largement la seule prestation
technique, mais qui peut englober aussi d'autres aspects
(comptable, gestion du changement pour mieux étudier l'impact
que votre nouveau SI aura sur les différents département,
comités de pilotage - une sorte de MOA,
mais en collaboration avec le client -, ...). Cf. aussi son
rôle dans le scénario évoqué par Organisations
(informatiques) & Cycles (économiques).
Référentiel
Si l'on comprend la nature *différente* de
la prestation, on se doute que le référentiel (avec lequel
est vendu le consultant) est très différent.
SSII : pour les plus cyniques d'entre elles, elles se
contentent de vendre des prestas "expérimentés".
Certes, ceux-ci pourront, dans leur domaine d'expertise bien
spécifique, fournir une prestation de conseil de qualité...
mais dont le champ d'application restera limité... surtout si
la SSII ne possède même pas d'intranet ou de forums internes
!
Société de Conseil : normalement, une société de
Conseil tire sa force (et son tarif plus qu'élevé) d'une
composante importante de son métier (qui échappe encore trop
aux SSII) : la capitalisation de connaissance. Donc,
tout consultant, même seul et non spécialisé dans tous les
aspects de sa prestation (un bon technicien peu habitué à établir
un budget prévisionnel, par exemple) pourra se reporter au référentiel
de sa société, dans lequel il puisera process, méthodes et
exemples.
Consultant
Le terme est perçu différemment selon les
sociétés
SSII : là encore, pour les plus cyniques d'entre
elles, tout prestataire est un consultant en puissance (sans
bien sûr lui en donner les moyens, donc sans référentiel!).
Certaines SSII attendent quand même quelques années d'expérience
avant de donner ce titre au prestataire, en même temps qu'un
portable (ordinateur et téléphone). Le raisonnement est
simple : puisque ce presta est vendu plus cher, ses missions
seront plus courtes, il faut qu'il soit d'autant plus mobile
et joignable à tout instant pour le vendre plus rapidement et
limiter son taux d'inter-contrat. Ne cherchez pas le fameux référentiel,
gage de capitalisation de connaissance, sur son ordinateur
portable : il n'y en a pas.
Société de Conseil : la plupart des sociétés de
conseil ne voit dans ce terme qu'un simple grade au sein d'une
hiérarchie bien fixée (ex: analyste - consultant - manager -
partner - ...), ce qui ne remet pas en cause la nature de
"conseil" de la mission du plus débutant de leur
personnel : même ce débutant est vendu avec un référentiel
et un savoir-faire capitalisé, dont il saura avec plus ou
moins de bonheur tirer parti. Cela explique son tarif qui
commence à 550 € (3607,76 F) voir 600 € (3935,74 F)...
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Gestion de Carrière
Là aussi, le chemin est plus tortueux
selon les milieux :
SSII : il n'y a pas vraiment de hiérarchie bien
identifiée qui permette de baliser une vraie évolution de
carrière : celle-ci se mesure avant tout à la facturation à
laquelle il peut se vendre. Les tâches d'encadrement peuvent
prendre une importance croissante, mais rarement formalisée.
De plus, un jeune motivé peut très bien assuré des
fonctions d'encadrement et de suivi technique de
collaborateur.
Société de Conseil : un des attraits de ce type de
société est sa grille de position et de salaire
bénéficiant d'une grande visibilité et clarté.
On passe d'analyste à consultant en au plus x année, avec
pour chaque grade une politique d'augmentation uniforme, et
avec des évaluations annuelles "claires" (enfin...
les entretiens sont bien assurés, le processus interne
d'évaluation est déjà plus opaque)
... Évidemment, il y a des inconvénients : l'aspect
"hiérarchie militaire" est infiniment plus présent
dans ce type de société que d'autres : cela est dû entre
autre au management (cf. paragraphe suivant). De plus, chaque
année, l'évaluation du personnel *doit*
aboutir à une courbe de Gauss... donc chaque année, des gens
se trouvent classé - à tort ou à raison - en queue de
peloton et clairement poussé vers la sortie.
Management
Un monde sépare la conception du
management entre ces sociétés. Il s'agit là d'un point
très facile à vérifier en entretien d'embauche:
SSII : Dans beaucoup trop de SSII, il n'y a pas de
véritable DRH. Souvent, la DRH se résume à faire passer les
entretiens d'embauches, et éventuellement des entretiens
annuels sans grandes significations : les seuls à avoir un
véritable pouvoir, tant en matière salariale (ils ont les
budgets) qu'en matière d'évolution de carrière sont les
commerciaux : ce sont eux qui sont chargés de vous vendre...
donc qui savent quel "grade" vous attribuer!
Société de Conseil : le management est fait par votre
supérieur hiérarchique direct (à partir d'un certain grade,
type "manager") qui sera chargé de transmettre son
évaluation à sa DRH. L'énorme différence, c'est que ce
manager est le plus souvent sur le même projet, dans la même
équipe que vous. Il n'est pas complètement pris par les
aspects purement commerciaux (les manager junior sont souvent
tout aussi technicien que vous) et il est sur le terrain, sur
votre projet... Résultat, l'évaluation est incroyablement
plus fine et plus pertinente, même si ce qu'en fait la DRH
est plus opaque. Cela est possible via la façon particulière
de gérer les affaires (paragraphe suivant).
Affaires
L'aspect régie est le plus gros point
commun chez les 2 types de sociétés : elles sont toutes deux
amenées à aller chez le client donner une prestation... mais
pas dans les mêmes conditions.
SSII : Il est rare qu'une SSII réussisse à caser une
équipe de collaborateur sur un projet, tout simplement de
part leur uniformité fonctionnelle : elle vend un ou
plusieurs techniciens (ingénieurs juniors) ou un ou plusieurs
consultant. Bref, en régie, on se retrouve le plus souvent
seul, avec ses connaissances et, lorsque l'on a de la chance,
un intranet ou une mailing-list un peu réactive...
L'affaire est donc traitée avant tout sur le plan technique
(où il est déjà compliqué d'avoir des référentiels de
connaissances complets), et rarement sur le plan fonctionnel :
le prestataire connaît rarement le métier de son client.
Société de Conseil : à l'inverse,
le mode le plus recherché est la "régie
forfaitisée" où, dans le cadre d'un partenariat, la
société de conseil place une équipe composée de manager et
de gens plus techniques ou plus fonctionnels (ou les 2 en
même temps).
C'est la grande force de ce type de société que de savoir
traiter une affaire tant sur l'aspect management, que fonctionnel
et que technique. Cet aspect management en particulier
est difficile à retrouver en SSII, où les gens sont avant
tout des techniques... or la la Loi n° 5 des projets informatiques
est formelle : un technicien est rarement un bon manager.
Dans le cadre de cette régie forfaitisée, la société de
conseil occupe donc en partenariat plusieurs postes clés du
projet, tant du côté MOA
que MOE. Cette situation a aussi une influence sur les
entretiens que le collaborateur d'une société doit passer
chez le client pour arriver sur un projet. Cf. paragraphe
suivant.
Entretien chez le client
Cet exercice peut prendre une nature très
différente selon le type de société :
SSII : l'entretien se déroule au côté de son
commercial, face au client final (enfin... en principe, sauf
pour les cas de sous-traitance
en cascade). Il est rare que l'on soit interrogé
directement sur le métier du client. Les bons réflexes à
avoir dans ce type de situation sont longuement détaillé
dans l'article :
l'entretien chez un client.
Société de Conseil : il n'est pas rare de voir
arriver des consultants sur un projet chez un client... sans
avoir jamais passé d'entretien directement avec ce client !
Cela tient à la nature de "régie forfaitisée",
dans laquelle la société de conseil a une obligation de
moyen à fournir dans le cadre de son partenariat avec le
client : elle doit fournir par exemple une équipe de 10
personnes ayant de bonnes connaissances fonctionnelles dans le
problème du PnL (Profit and Loss, terme cher aux trader des
banques). Le manager de cette équipe fera passer en interne
des entretiens à ses collaborateurs, avant de les recruter
sur son projet. Le client n'est pas consulté sur le choix
final de tel ou tel collaborateur.
Conclusion
Ces différents points soulèvent plusieurs
vraies différences entre SSII et société de conseil. Si la
première peut effectivement offrir des prestations de conseil
de qualités, elles seront d'un domaine plus limité, plus
techniques et avec des compétences de management moins
grandes (un chef de projet ne couvre pas tous les aspects de
management requis par une vraie prestation de conseil).
Oui, une SSII peut "faire du
conseil".
Non, une SSII n'est pas une "société
de conseil". Clair ? |
FAQ
:
Je suis devant un recruteur qui m'affirme que sa société
est une société de conseil ?!!! Quelles questions puis-je
lui poser pour y voir plus clair ?
Voici donc quelques questions (en plus de celles
posées à une SSII qui ne cache pas son métier)
:
Avez-vous un référentiel de
connaissance ?
S'il vous parle de simple mailing-list ou de forum... c'est
insuffisant.
S'il vous parle d'un vrai département dédié au recueil et
à la capitalisation de connaissance, c'est déjà mieux.
S'il vous affirme que tout ordinateur portable, donné même
au débutant, comporte ce référentiel... cela ressemble
beaucoup à une vraie société de conseil.
Que comprend une mission de conseil ?
Il doit vous citer au minimum :
- l'aspect management (interrogez-le là dessus : un manager
n'est pas qu'un chef de projet!) ;
- l'aspect fonctionnel (demandez-lui si la société possède
des collaborateurs non-informaticiens, ce qui est le cas des
SCI - cf. ci-dessous -, qui ne sont pourtant pas des
sociétés de conseil.)
- l'aspect technique
Il doit vous citer également des plus-values spécifiques à
ce type de mission, comme la prise en charge des aspects
conduite du changement, budget, négociation avec les
fournisseurs, ...
Quelles sont les compétences que vous
proposez au client ?
S'il ne vous répond que par des termes techniques (Java, VB,
Archi distribuée, etc...), il loupe les autres vraies
plus-value des missions de conseil évoquée lors de la
question précédente.
S'il essaie de vous embrouiller en parlant non de SSII mais de
SCI (Société de Conseil en Ingénierie), c'est
du pipeau en barre: cela veut dire simplement qu'il ne vend
pas que des techniciens en informatique (comme toute SSII)
mais aussi des techniciens dans d'autres métiers (hydrolique,
accousticien, etc..). Dans l'esprit, le modèle économique de
cette "SCI" est la même que toute SSII. Cela n'a
rien à voir avec du conseil. En revanche, cela vous garantit
un carnet d'adresse client plus important et des missions plus
variées et diversifiées que certaines SSII
hyper-spécialisées techniquement.
Quels sont les plans de carrières que
vous proposez ?
S'il vous ressort les termes habituels de ingénieur
d'études, consultant, chef de projet,... (exposés dans
l'article Perspectives
de carrière en SSII : la totale),
c'est une SSII.
S'il vous parle d'une hiérarchie bien fixe, avec un nombre
d'année mini et maxi dans chaque grade, et une grille de
salaire associée... cela se rapproche déjà beaucoup plus
d'une société de conseil. Attention, une telle gestion a
pour effet de bord d'exclure régulièrement les mois
"performant" à chaque niveau : la compétition est
réelle.
Combien vendez-vous un débutant ?
(question délicate!)
S'il vous répond en dessous de 550 € (3607,76 F)...
c'est une SSII. De part son référentiel de connaissance,
n'importe quelle société de conseil vend ses débutants plus
chers, et souvent dans le cadre d'une équipe composée de
gens plus expérimentés. |
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