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Coefficient entre salaire brut et facturation ?
    Vouloir comparer son salaire brut journalier et sa facturation peut se révéler dangereux, car on aurait vite fait d'être choqué par le résultat : coeff 2.6 minimum (celui appliqué par des sociétés d'intérim en informatique),... 260% dans la poche de l'employeur. Comme il y a 260 jours ouvrés dans une année (365-52*2 jours de week-end-1er mai), votre salaire brut journalier * 260 / 2.6 = salaire annuel brut... 
Il s'agit donc d'une "règle simple" : divisez votre salaire brut annuel par 100... et vous devez obtenir votre facturation! Si vous êtes vendu plus cher, vous pouvez croire avoir droit à une augmentation!!!
La suite de l'article montrera que :
- le coefficient habituel tourne plutôt autours de 3, cf. "résultat" ci-dessous.
- il y a d'autres facteurs à considérer avant de se ruer chez son commercial!
    Reprenons nos calculs avec ce coefficient de 2,6 : pour des sociétés qui appliquent ce coeff, si vous êtes payé 45 K€ (~300KF) brut par an, vous devez être facturé 45K€/100, soit 450 € (~3000F). 
    Et là, les chiffres donnent vite le tournis : vous rapporteriez donc à votre employeur 450€*260, soit 117 K€ (~765 KF) !
    En plus, certains d'entre vous, pour ce même salaire, sont facturés plus vers les 535 € (3500 F) ou les 610 € (~4000 F) et peuvent légitimement croire prétendre à un salaire plus élevé.
    Et pourtant...

Entre salaire brut et facturation : jours non facturés, charges diverses et impôts !
    S'en tenir au coefficient évoqué ci-dessus pour le relier à son salaire serait oublier que :

- il n'y a que 215 jours vraiment travaillés (entendez "facturés" dans l'année par le client : 260 - 25 jours de congés payés - 9 jours fériés en moyenne - 11 jours RTT (dans le cadre d'un "forfait 37 heures") ;
D'où : ~97 K€ (~635 KF) de CA (Chiffre d'Affaire) pour 45 K€ (~300 KF) de salaire.

- Il y a environ 40% de charge patronale sur votre salaire brut de 3750 € (24600 F) brut mensuel (ou 45K€ (~300K F) brut annuel)... sisi, allez donc voir la fiche de paie paramétrable et rentrez-y "3750", appuyez sur "Set", puis "Calcul", descendez plus bas dans la page... vous y verrez ~1650 € (~10800 F), soit... 44%!!! ;
Cela donne : 97 K€ (~635 K F) de CA pour ~65 K€ (~425 KF) de salaire payé par l'employeur.

- une SSII de "taille moyenne" (200 personnes et plus) peut avoir 20% de charges, 25 à 30% pour des tailles plus importantes, 10% pour des sociétés non pas avec des effectifs plus faibles... mais avec une "pratique" plus proche des loueurs de viande (pouvant arriver à 50 voire 100 personnes, qui ont pour tout locaux un 20m² en rez-de-chaussée dans lequel ils rangent un directeur, un responsable commercial, et un bureau pour le technicien de passage, tout le reste étant à l'extérieur ou sous-traité. Elles sont - paraît-il ;) - nombreuses!). [Rq ! ces chiffres sont totalement approximatifs et ne sont pas donnés par un expert-comptable, cf. avertissement].
Prenons le chiffre moyen de 20% de charge de fonctionnement qui se rajoutent à ce que vous paye votre patron, soit 20% de 65K€ => 78 K€ de salaire.
On en est donc à : 97 K € (~635 K F) de CA pour ~78 K€ (510 KF) de salaire payé par l'employeur.

- Rajoutez 30% d'impôts sur le résultat net de 19 K€ (125 KF) et vous arrivez à 13,3 K€ (~87 KF) de bénéfices (à réinvestir ou à distribuer,... sinon il y a encore des impôts!)

    Résultat ? Vendu 450 € brut/jour, payé 45K€ brut par an, vous rapportez 13,3K€ par an, soit en gros 18% de votre salaire chargé (78 K€ = salaire brut + charges patronales + charges d'exploitation).. on est loin des 260% de départ. Les 13,3K€ font pâle figure face au 177K€ évoqués en début d'article.
En fait... c'est même carrément insuffisant! 20% de rentabilité est un mi-ni-mum, 30% est préférable. Le coefficient à appliquer est alors de 3, en supposant que les charges d'exploitation sont bien de 20%... ce qui n'est pas forcément le cas : fussent-elles de 30% (les charges d'exploitation), et votre coefficient de 3 permet une rentabilité tout juste supérieure à 22%...

Et en plus, il y a les "risques"
    Les 30% de rendement mentionnés ci-dessus se basent sur l'improbable espoir que vous :
- n'ayez pas d'inter-contrat ;
- ne tombiez pas malade ;
- ne partiez pas en congé paternité, pour vous messieurs! ou en congé maternité 
(avec les risques que cela fait peser, mesdames, sur votre salaire... ce qui me fait penser que cela joue certainement contre une plus grande féminisation des prestataires de service... notamment concernant la part irréductible de différence de salaire entre hommes et femmes, différence qui, d'ailleurs, se réduit avec l'âge... 
En effet, avec le coût du remplacement, et le jeu des compléments de salaire imposés par les CCN, consciemment ou inconsciemment, les employeurs ne vont pas donner autant à une jeune femme célibataire ou jeune mariée sans enfant qu'à son alter ego masculin. On peut prévoir au moins deux enfants et les coûts ne sont pas négligeables - en très gros : 9 mois de salaire par enfant : 3 mois directs, et 6 mois de coût de remplacement et formation, plus un peu pour le reclassement en cas de retour après un long congé parental -. 
Il est évident que cela influe sur la différence de salaires entre hommes et femmes, et c'est une explication logique. Pas forcément complètement morale, mais logique.)

    En bref, une SSII, à l'inverse d'une agence d'intérim, continue à vous payer les jours où vous ne lui rapportez rien! C'est bien pour cela que l'on parle d'un rendement par rapport à des jours où vous avez rapporté quelques chose à votre société, que ce soit via la facturation mensuelle faite en régie au client, où par la facturation finale du forfait. 
    Ces 30% de rendement sont donc susceptibles d'être bien supérieurs (si vous êtes vendu plus cher), non pour "gagner plus d'argent sur votre dos" (enfin un peu quand même!), mais aussi pour couvrir les impondérables issus de vos petits camarades moins productifs, pour une raison ou une autre...
    Dans l'exemple précédent, vous commencez à dégager un résultat net positif pour votre boite au bout du 174ème jour! (78000 € que vous coûtez en salaire + charge / 450€ par jour que vous rapportez)... C'est très risqué. Mieux vaudra vous vendre à ce prix-là que pour des missions longues (1 à 2 ans, durée sur laquelle, en moyenne, vous dépasserez les 174 jours facturés par an) 

Conclusion :
    Être vendu 450€ brut par jour, lorsque l'on est payé 45000€, c'est parfois un minimum! Apprendre que l'on est vendu bien plus cher ne doit pas vous inciter à vous ruer chez votre commercial préféré pour lui mander séance tenante réparation (et augmentation).
   Une petite analyse s'impose : 
- êtes-vous vendu plus cher sur une mission de courte (6 mois et mois) ou longue durée (plus de 6 mois) ?
- Y-a-t-il beaucoup de gens en inter-contrat chez vous ?
- Trouverez-vous facilement d'autres missions où vous pourrez être facturé au même prix ?
    Si les réponses sont "longue durée", "non" et "oui"... alors vous pouvez envisager avec de bons arguments de négocier une augmentation de salaire!
- Avez-vous pensé au rôle fondamentale de votre société ? Si non, cf. Nature et objet d'une organisation!

Bonus :
   Voici de quoi illustrer et faire varier les chiffres évoqués ci-dessus, en sachant qu'il vous faudra évaluer à la louche les charges d'exploitation de votre société(!) et que les charges patronales appliquées à votre salaire ont été estimées à 40%.
   Les 3 premiers champs dépendent les un des autres : l'un d'entre eux est donc en "sortie" (output, soit (S)), les deux autres en "entré" (input), prêts à recevoir vos chiffres.
   Si vous ne connaissez que votre salaire brut annuel, affichez "annuel" à côté du salaire brut : en appuyant sur "Calcul", ce champ repassera automatiquement en salaire mensuel.
   A tout moment, vous pouvez basculer en affichage en Francs, pour ceux à qui cela parle plus ;)

Commentaire amicale de Xavier ([XHugonet]) : « j'espère que les lecteurs retiendront la leçon principale : ne pas se ruer chez son commercial en hurlant quelque soient les résultats du petit simulateur que vous avez mis en place. »
Donc, ami lecteur, si vous vous ruez pour demander une augmentation, rappelez-vous : ne hurlez pas ! (J'suis pas sûr d'avoir tout compris, moi...).