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Management :
organisations (informatiques)
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(accrochez-vous, ça secoue...)

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   15 octobre 2002, je présentais ma vision des SSII aux troisièmes années de l'ESIAL... et je lisais la détresse dans les yeux de ceux qui découvraient le slide n° 27 : c'était la crise en 2001-2002, cela n'est pas super-enthousiasmant en 2002-2003...
   Je m'en sortis en insistant sur l'aspect cyclique de la-dite crise, mais sans vraiment pouvoir expliquer ce qui en est à la base (de ce fameux cycle).
   Janvier 2003, un consultant quitte sa boite de conseil et me confie : 
- « De toutes façon, à terme je m'oriente vers la strat' ». 
- « », lui répondis-je... « " strat' ", kezako ? »
    Et ne voilà-t-il pas que ce consultant me sort tout une théorie, basée à l'origine sur le département de stratégie (d'où "strat'"). On retrouve dans cette théorie toutes les organisations qui vous sont familières et qui sont liées à l'informatique (en tant que clientes ou utilisatrices de cette technologie). Cela inclut le client, bien sûr, mais aussi les sociétés d'audit, de
conseil et les SSII.
   Cette analyse ne se prétend pas être "l'explication ultime", mais elle a le mérite de bien illustrer les hauts et bas de ces 12 dernières années et de vous faire quitter l'espace d'un instant votre état de petit bouchon de liège ballotté sur l'océan.


 



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Introduction... crise et doute
   Comme rappelé dans l'histoire des prestataires, 1985-1996, 1991 a marqué le début d'une crise de 5 ans. 1997-2000 a vu le marché de l'informatique se reprendre avant de culminer, boosté par Internet, en 2000-2001... puis s'essouffler sérieusement en 2001-2002 et de connaître une période de doute en 2002.
   Ce qui suit replace tout cela dans un scénario dont les acteurs interviennent dans un ordre bien précis. Cela doit vous permettre, si vous êtes en SSII, de mieux situer l'action de votre boite dans le cadre d'une histoire cyclique sur plus de 10 ans!
Crise => Audit + Stratégie
   En période de crise, au début des années 1990, les entreprises veulent se recentrer sur leur métier (phénomène déjà illustré dans l'article Nature et objet d'une organisation), et "rationaliser leurs processus" (en clair, virer l'inutile et le superflu, et gagner du fric en diminuant les coûts).
    Pour cela, 2 solutions sont mises en place :
1/ de grands cabinets d'audit se forment ou montent en puissance et inspectent les process client pour en rationaliser le fonctionnement.
2/ des cabinets de stratégies scrutent à 360°, secteurs d'activité par secteur d'activité, 
Audit + Stratégie => vendent une solution au client
     Début 1990, les progrès des réseaux font que les entreprises se voient confrontées à un flux de données de plus en plus dur à gérer. Et en plus, ces mêmes entreprises en rachètent d'autres et doivent gérer des systèmes d'informations hétérogènes. Cela est illustré dans l'étape 5 de Pourquoi l'Architecture ?.
    La solution, détectée par la cellule stratégie, consiste à mettre en place des systèmes d'exploitations de données à des fin de planification / prévision /etc... 
    On y trouve des ERP (Enterprise Ressource Planning, gestion des ressources de l'entreprise), des SRM (Supplier Relationship Management, gestion de la relation fournisseur), des SCM (Supply Chain Management), ...
    La stratégie explique cela à ceux qui sont en contact direct avec le client : les auditeurs. Ces derniers font de ces solutions leur option "ROI" (et non "reine"). En effet, ce qu'ils vendent au client, c'est un retour sur investissement très important (Return Of Investment, d'où ROI).    
Solution au client => adaptation, implémentation et formation
    Après avoir vendu la solution (ici des logiciels permettant de mieux gérer les données du client), il s'agit d'accompagner ce client dans la mise en œuvre de cette solution.
    C'est à ce moment qu'entre en jeu les sociétés de conseil, et elles se déclinent en trois catégories :
conseil fonctionnel (et/ou organisationnel) : afin d'adapter les process clients au produit, de façon à ce que celui-ci puisse exploiter les données des-dits process de façon optimale;
conseil technique : afin d'implémenter la solution (et dans le cas des ERP, SRM et autres, c'est facile : en un à deux ans de formation, n'importe qui peut être performant : ce détail aura son importance plus tard au moment de la crise, cf. plus bas...);
conseil en changement : afin de former le client aux nouveaux produits censés lui assurer un ROI conséquent.
    On retrouve au passage l'importance de la base de connaissance intégrée concernant les  sociétés de Conseil.
Adaptation, implémentation et formation => solution mature
    Tout a poussé pour que cette solution (exploitation des données) devienne mature : les réseaux ont explosé (Internet en plus), les micro-ordinateurs ont vu leurs puissances décuplées, les sociétés de conseils, et en leur sein, les sociétés techniques - de service - ont rempli leur mission. Beaucoup de SSII sont issus de ces structures de conseils et de cette période.
    Du coup... ben la stratégie, on n'en entend plus vraiment parler! Pour survivre, les consultants de ces cabinets de stratégie s'intéressent à d'autres secteurs d'activités, ou recyclent d'autres technologies en exploitant leur carnet d'adresse.
    Cela a amené certains cabinets d'audit ou de conseil à se séparer de leur branche "stratégie", se privant d'une "veille client" (et veille technologique) précieuse qui est à la base même de ce cycle (et donc de sa relance lorsque le cycle actuel s'essouffle...) 
   D'où un déclin de la stratégie.
Adaptation, implémentation et formation => client avec ROI
    Tous les clients n'ont pas toujours eu le ROI souhaité. Ces produits sont en effet complexe à maîtriser et surtout à exploiter efficacement... mais la conjoncture s'en est mêlée, et le phénomène Internet a permis "de toutes façons" de faire du business!...
    Du coup, les cabinets d'audits n'ont plus trop la côte : on n'aime pas leur voir mettre leur nez dans les affaires d'un client qui veut à tout prix afficher une image de prospérité en accord avec l'épopée économique euphorique du moment... et cela a finit par déraper : on en arrivât à payer des cabinets d'audit pour publier de fausses analyses sur la santé des sociétés!
   Dans ce contexte, les cabinets de conseils s'émancipent des cabinets d'audits (dans certain cas, le conseil n'étaient parfois au début qu'une division des cabinets d'audits, division créée pour répondre aux besoins en "adaptation, implémentation et formation" générés par la vente de la solution au client).
    Quant à l'audit, quand tout va bien... tout le monde ne veut entendre que cela : 
« Tout va bien! ».
    D'où un déclin de l'audit.
Adaptation, implémentation et formation => technologie maîtrisée
    Certes, la technologie concernant les ERP, SRM, SCM, etc... ne s'est pas maîtrisée en un jour... mais au bout de 10 ans, les sociétés de conseil où les SSII qui ne misaient  que sur ce secteur commencent à voir des clients qui récupèrent de plus en plus la maîtrise de ces logiciels.
    Les SSII n'ont pas décliné bien au contraire, car cette gestion des données alliée à l'explosion des réseaux via Internet a engendré d'autres besoins techniques de connectivité. En clair, manipuler des données de provenances diverses génère une plomberie pas possible dont le bon fonctionnement se voit assuré par des EAI, J2EE et autres .Net (et j'en passe) !
   Et pourtant, ... en ce moment c'est la crise! Sociétés de conseil et SSII se font racheter par de grands constructeurs (style IBM) ou de grands éditeurs de logiciels ou de système d'exploitation...
   D'où déclin du conseil en général...
La crise : trop de technique
    Et l'on touche là du doigt le cœur de la crise : la technologie pure ne peut suffire à faire vivre les acteurs (audit, conseil, SSII, ...). Celui qui reste au centre du cycle présenté ci-dessus, c'est le client. Et le client, il se sent un peu paumé en ce moment...
   Le phénomène Internet en est une illustration flagrante : technologiquement, il est possible de connecter tout le monde avec tout le monde... et de fait, "tout le monde" s'est rué pour se faire pignon sur net.
Mais cette technologie-là n'a pas vraiment été détectée par la stratégie, et elle n'a pas été vendu par l'audit, dans le cadre des process du client.
    Et alors ?
    Ben... 2 petites questions ont été oubliées dans le feu de l'action, dans cette "ruée vers le net" :
- que va-t-on y bien y faire, sur le net ??? souvenez-vous, à l'époque, des start-up qui levaient des fonds énormes... sans une idée très claire de leur projet !?
- est-ce que cela rapporte ??? Et là, on voit bien que cette technologie n'a pas été vendu par un cabinet d'audit, soucieux de mettre en avant un ROI alléchant. Tout le monde a regardé la bourse, s'est dit que : "oui, ma foi ça rapporte un max'" et se réveille aujourd'hui avec une sérieuse gueule de bois...
     Il y a donc eu un mini-cycle artificiel, une "vague" qui est montée plus haut et plus vite que la vague de fond. Cette vague de fond, rappelons-le, est basée non sur Internet mais sur les ERP, SRM et SCM, et elle a duré entre 10 et 15 ans. Celle concernant Internet n'a duré que 4 ans (1998-2001). Elle va se poursuivre, mais à un rythme plus raisonnable et surtout après quelques sérieuses études de rentabilité...
     Une première raison se trouve dans la durée de formation d'un intervenant sur ces techniques : pour bien maîtriser tout ce qui touche à Internet et les architectures distribuées, en passant par les serveurs d'applications, les paradigmes objet et composants... il faut des années! Et non 2 ans dans le cadre de la mise en œuvre des ERP & C°, comme mentionné dans le paragraphe "solution au client".
     Mais une raison plus fondamentale est que les besoins du client n'ont pas été à l'origine de cet technologie.
La relance : replacer le client au centre du jeu
    Et c'est un évidence, lorsque l'on a compris à quoi sert une organisation (c.à.d. ici une entreprise). Le paragraphe ci-dessus ("crise") a bien montré que la techno a oublié le client. Beaucoup de SSII font de la technique pour la technique et ont du mal à la vendre au client.
   Ce n'est pas un hasard si la technique du moment (2002-2003) se nomme "Web services". "services" est bien entendu le mot-clé de cette expression : au delà du web ou de la connectivité, il s'agit avant de permettre au client d'accéder ou de fournir un service.
   Si le cycle décrit ci-dessus veut bien se remettre en route, si la stratégie veut bien identifier les bons services à fournir en priorité, si l'audit estime correctement les bons investissements à faire et les ROI attendus, le client n'aura aucun mal à réinvestir massivement dans l'adaptation, l'implémentation et la formation concernant les services vendus par l'audit. Le conseil, et avec lui toutes les SSII en tout genre auront de nouveau le vent en poupe.
   Pour l'instant, on attend de voir ce que sont vraiment les web services... et surtout ce qu'ils peuvent vraiment faire gagner au client.


Conclusion : Cycle universel ?
    Nous voilà arrivé au terme de ce "rollercoster" (montagne russe).
    Si l'on regarde vers l'avenir, on ne peut qu'espérer un redémarrage basé sur les vrais besoins des clients... 
Toutefois la donne a changé :
- autant les ERP, SCM et SRM ont été faits par des gens issus du client et basés sur les process et besoins de leur ancien employeur,
- autant Internet et les web services sont le fruit de potentiels techniques forts sans être guidés par les analyses de département stratégie ni être vendu par des cabinets d'audits...
    Aujourd'hui, les acteurs majeurs ne sont plus tant les clients que les grands constructeurs ou éditeurs...
    Le nouveau cycle devra donc composer avec une réalité différente : avant (1990), on se tournait vers le client pour définir des technologies ad-hoc (ERP & C°). Aujourd'hui, il faut réussir à faire en sorte que le client se tourne vers les technologies disponibles pour définir des besoins ad-hoc (comme des web services qui ont du sens et qui lui rapportent effectivement quelque chose de plus concret qu'un cours en bourse pour le moins aléatoire...).
   Si l'on regarde vers le passé, on se demande si un tel cycle (à savoir un cycle où le moteur n'est pas le client comme en 1990, mais la technologie comme aujourd'hui - 2003) n'a pas déjà eu lieu.
En effet, fin 1970, début 1980, la technologie qui a poussé les clients vers une évolution majeure était... les réseaux (déjà! et l'on ne parlait pas d'Internet). Ce sont ces réseaux d'entreprises et leurs protocoles propriétaires qui ont permis, par exemple, aux compagnies d'aviation aérienne de proposer des réservations centralisées de billet : plus besoin de téléphoner à plusieurs compagnie dans le cadre d'un vol avec plusieurs correspondances!
Comment cela s'était terminé ? 
1/ Par une unification, intégration et simplification des techniques, via le protocole IP... qui a finit par permettre l'essor d'Internet.
2/ Par une complexité accrue de la gestion des données qui arrivaient en masse... d'où l'origine des solutions ERP que l'on retrouve au début de notre cycle 1990-2002.
    Si l'on regarde bien... bref, si l'on tire les leçons de ces différentes périodes, on doit pouvoir mieux situer l'importance de son employeur (audit, conseil, SSII, ...) dans ces différents cycles par rapport au client (client de l'informatique). Cela doit permettre de mieux gérer les moments creux et de mieux se préparer à rebondir dans la bonne direction.



               
 
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